Chapitre 4

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-La meuf qui est venue voir Mathieu était tellement bonne ! s'écrie Tom en me passant son joint.

-Vous étiez en boîte ? je demande.

Mon groupe d'amis hoche la tête.

-J'aurai tellement aimé que tu vois ça, enchaîne Mathieu, la façon dont elle se frottait à moi...

-T'as conclu ? demande Lola.

-Tu me prends pour qui ? Bien sûr que je l'ai sauté !

Ils rient, pendant que je tourne la tête en soupirant. Je déteste qu'il parle des femmes comme des objets, alors que je fais et dis exactement la même chose. Je suppose que le fait que ça vienne de moi ne me dérange pas.

-J'avoue que j'aimerai bien la revoir, dit Mathieu d'un air timide. Je sais pas, avec elle c'était... différent.

-Différent, répète Jordan en mimant une grosse poitrine.

Tous rient aux éclats, sauf Mathieu, qui affiche seulement un sourire gêné. Il croise mon regard, remarque que je ne rie pas. Il reste muet, et une autre discussion prend rapidement le pas sur la première.

-Vous avez parlé au nouveau ?

-Nan, répond Jordan en me prenant le joint des mains, il a l'air trop space.

-Moi, j'en ferai bien mon quatre heure, intervient Lola. Tu l'as déjà vu, toi ?

J'attends quelques secondes avant de prendre conscience qu'elle s'adresse à moi. Je la regarde et me souviens de ce visage si innocent dans mon lit l'été dernier...

-J'l'ai aperçu, mais jamais parlé.

Je ne développe pas, et ma réponse semble leur convenir. Pour je ne sais quelle raison, je ne veux pas que le fait que je connaisse Zack se sache. Et je ne veux pas que l'on devienne ami, alors être froid et distant avec lui me semble être la meilleure solution.
La nuit tombe, et chacun rentre chez lui pour faire telle ou telle chose. Je me dirige alors au bureau de tabac avant sa fermeture. J'entre et achète deux paquets de cigarettes, puis ressors. Ce genre de routine m'empêche de penser, de ressentir quoi que ce soit. Et c'est tout à fait ce que je veux.
Je tourne la tête et aperçois un homme que je reconnais vite adossé contre le mur, l'air pensif.

-Salut, je dis en m'approchant de lui.

Zack me dévisage, mi-surpris.

-Tiens, on se connaît, maintenant ? lance-t-il sans trop que je sache s'il s'adresse vraiment à moi.

-Excuse-moi, c'est juste que je pensais que ce serait mieux pour Julie qu'elle ne sache pas que l'on se connaissait.

C'est un mensonge, et il le sait. Ce qui me perturbe en revanche, c'est que je me suis persuadé toute la journée que je ne voulais pas avoir affaire à lui, et pourtant nous voilà en train de parler. Le pire, c'est que c'est moi qui l'ai accosté. Je me suis senti comme obligé.

-A quoi bon ? Et puis ce n'est pas parce que je t'ai payé à manger que l'on se «connaît ». Mais peu importe.

Il se passe la main dans les cheveux, soupire.

-Dis-moi, je dis en lui donnant un coup de coude, tu ne serais pas un peu rancunier ?

-Non, j'aime juste pas les connards.

Aïe.
Je m'adosse au mur à côté de lui et regarde la lune. Après un silence, je me surprends à m'excuser.

-Excuse-moi, je ne voulais pas te blesser. Pardonne-moi.

Il tourne la tête, plonge son regard dans le mien, ce qui me déstabilise.

-J'accepte tes excuses, mais je ne te pardonne pas.

Je lève les sourcils, surpris, puis fixe ses cheveux ébouriffés qui me stressent tant. La lune éclaire légèrement son visage, ce qui me montre qu'il a l'air sûr de lui, alors que je suis actuellement l'opposé.

-Ah, ben...

-Je fête mes dix-neuf ans samedi, me coupe-t-il, viens, tu essaieras de te faire pardonner.

-Quoi ? Mais je n'ai pas ton adresse, même pas ton numéro...

-Je suis sûr que tu arriveras à l'avoir, dit-il en se redressant.

Il rit devant mon air paniqué, puis part. Pourquoi nous quittons-nous toujours de la même façon ?
Je rentre chez moi en trombe et n'écoute pas les insultes de mon père. Je réfléchis au moyen de récupérer le numéro de Zack. Il est comique... Comme si c'était si facile !
Je réfléchis à un moyen en me tenant la tête, jusqu'à ce que je vois ma sœur passer devant la porte. Elle s'arrête, surprise.

-Pourquoi tu me regardes comme ça ? demande-t-elle. Je vais juste pisser.

Je hoche la tête, les yeux grand ouverts. Elle lève les yeux au ciel puis continue sa route. Je me lève d'un bond et pars dans la chambre de Julie. J'aperçois son téléphone posé sur le lit et l'attrape. Quand je l'allume, des chiffres s'affichent, me demandant son code. Je râle. Qu'est-ce qu'elle a bien pu mettre... Sa date de naissance ? Trop facile. Sa rencontre avec sa meilleure amie ? Ça m'étonnerait, puis de toutes façons, je ne la connais pas. Le jour où elle a vu son idole, placardé sur tous les murs de sa chambre ?
Je grogne, puis mes yeux se posent sur un cadre photo. Mon père, ma sœur, ma mère et moi. C'est la dernière fois que j'ai vu mon père sourire.
Je tape sur le clavier de chiffre du téléphone, qui se déverrouille. La date de naissance de maman, bien sûr...
Je cherche dans ses contacts jusqu'à trouver ce que je cherche. Zack.
Je sors mon portable de ma poche et ajoute le numéro. Je souris, quand Julie demande :

-Tu fous quoi, là ?

Je la regarde, imaginant mon air niais. Je crois que je ne me suis jamais senti aussi con.

-Ben quoi ? J'en ai marre de retrouver des photos de toi faisant le double menton sur mon téléphone, je riposte, mais apparemment t'arrêtes pas, alors je voulais tenter la chose sur le tien.

-Casse-toi ! crie-t-elle. J'aime pas qu'on touche à mes affaires.

-Excusez-moi, votre Altesse, plus jamais je ne me permettrai de toucher quoique ce soit qui vous appartienne, je dis en sortant.

-Va, vilain gueux, ou tu sortiras de mon royaume d'une façon que tu ne veux point découvrir.

Je ris, puis retourne dans ma chambre. Le sourire aux lèvres, fier de ma victoire, je m'empare de mon téléphone.

Liam :

Alors, elle est où cette soirée ?

Sous son emprise Où les histoires vivent. Découvrez maintenant