Chapitre 13

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Mathieu avait raison, ses amis sont fantastiques. Dès que Inès, sa colocataire, m'a vu, elle m'a sourit et le courant est instantanément bien passé. Sa couette haute et son sourire continu aide à se sentir à l'aise. Elle est simple et en même temps tellement intriguante. Quant à Nicolas, son deuxième colocataire, il a l'air gentil, bien qu'un peu timide. On a un peu discuté, mais rien d'exceptionnel. Pourtant, ça se voit que c'est un mec bien. Il a les cheveux mi-courts et des yeux marrons, mais il a un charme dont je n'arrive pas à percevoir la source.
Ses autres amis ont utilisés les codes de politesse habituels, mais je voyais bien que ma présence ne changeait pas leur manière d'être. Je pense que le fait de voir des gens être « eux-mêmes » me perturbent, je n'y suis pas habitué. Je suis reconnaissant envers Mathieu d'être resté avec moi et de ne pas m'avoir mis de côté.
Je regarde la troupe se baigner et s'éclabousser, pendant que je reste allongé sur ma serviette. Inès est à côté de moi et regarde aussi la scène avec le sourire.

-Tu peux me mettre de la crème sur le dos, s'il-te-plaît ? demande-t-elle soudainement. J'ai oublié...

Je déglutis, hésite.

-Ben quoi, t'es gay, non ?

Ce terme me dérange. Je ne comprends pas le fait de forcément devoir être dans une catégorie. Hétérosexuel, homosexuel, bisexuel, pan et autres, ne pouvons nous pas seulement être nous mêmes ? Vivre sans être rangé dans des cases ?

-D'où tu sors ça ? je demande finalement.

-Mathieu me dit tout. Allez, tiens.

Elle me jette la bouteille de crème solaire dessus et se met sur le ventre, alors je soupire et me mets à califourchon sur elle. Je mets de la crème dans ma main et lui l'étale sur le dos. Sa peau est douce et chaude, et je ne peux pas nier que lui caresser le dos comme ça ne me laisse pas indifférent.

-J'adore les gay, dit-elle joyeusement.

-Je ne comprends pas d'où vient cette passion chez certaine fille, je réponds en serrant les dents. Je trouve ça malsain.

-Je ne sais pas non plus. Peut-être le fait que deux hommes s'assument totalement. Il y a tellement de tendresse entre eux... Je trouve l'amour entre deux personnes du même sexe beaucoup plus intense. Après, c'est mon point de vue.

Je réfléchis, sans cesser de lui caresser le dos. C'est vrai que deux personnes du même sexe se comprennent mieux, puis elles font face aux mêmes problèmes. Je ne dis pas qu'elles ne se disputent jamais ou qu'elles ne sont jamais en désaccord, mais leur amour a l'air beaucoup plus passionnel. Peut-être est-ce parce que j'en fait parti que je pense ça.

-T'as pas fini d'étaler la crème ou ça te fait juste bander ?

Je sursaute et enlève rapidement mes mains. Elle rit, puis se remet sur le dos quand je m'enlève de sur elle.

-Je crois que Nico t'aime bien, dit-elle finalement en regardant au loin.

Je mets quelques secondes à me rappeler que « Nico » n'est autre que Nicolas, le troisième colocataire.
Je lève les sourcils de surprise.

-Pourquoi tu dis ça ?

-T'es vraiment aveugle ! Il n'arrête pas de te reluquer. Puis il n'est jamais aussi timide habituellement. Tu lui as tapé dans l'œil, dit-elle en me donnant un coup de coude.

Je garde un air sérieux mais suis profondément intrigué. Est-il possible que j'intéresse un autre homme ? Surtout aussi facilement ?

-Il est...

-Gay ? me coupe-t-elle. C'est à croire. Il ne parle jamais d'amour ou de ses relations, que ce soit avec des filles ou pas.

Elle tourne la tête vers moi, me dévisage soudain sérieusement.

-C'est un bon gars, tu sais. Il ne te brisera pas le cœur. C'est le meilleur moyen de passer à autre chose.

Je me mords la joue en soupirant. Je ne suis pas sûr de pouvoir passer à autre chose aussi facilement. Je viens à peine de découvrir mon attirance pour les hommes, et voilà que j'ai l'impression de pouvoir les collectionner. Cependant, Nicolas m'intrigue vraiment. Je ne suis pas amoureux, mais Inès n'a pas tort, peut-être que je pourrais envisager d'aller plus loin. Du moins, si lui aussi est d'accord.
En parlant du loup, Nicolas sort de l'eau en secouant la tête. De l'eau coule de la pointe de ses cheveux et sur son torse si musclé. Je me sens rougir, et entends Inès rire à côté. Elle se lève, alors je me mets à paniquer.

-Nico, commence-t-elle en lui attrapant l'épaule, on est d'accord que Liam a un super beau cul ? Il n'arrête pas de me contredire !

Nicolas rougit à son tour, et j'ai juste envie de m'enterrer sous le sable pour ne jamais en ressortir. Je regarde Inès et l'assassine du regard. Elle m'envoie un bisou volant et court vers l'eau en nous disant de bien nous amuser.
Nicolas s'assoit à ma gauche, se racle la gorge. Je suis extrêmement gêné, mais je décide de prendre mon courage à deux mains. On n'obtient rien en ne faisant rien.

-Alors, c'est vrai que j'ai un beau cul ? je lance en continuant de regarder Inès et les autres s'amuser.

Il pousse un bruit bizarre, fait un rire gêné, puis réponds finalement :

-Pas trop mal. Mais le mien est mieux.

Je le dévisage alors et remarque qu'il me regardait déjà. Je suis gêné, mais j'avoue que cet situation que je n'ai jamais vécu me plaît. Plonger dans l'inconnu est moins difficile et terrifiant que ce que je pensais. Et même si je viens de rencontrer Nicolas, rien ne m'empêche de continuer à le voir.
Je lui lance un sourire complice en haussant un sourcil :

-Ah ouais ?

Il hoche la tête.

-Dit, ça te dirai de se revoir après aujourd'hui ? demande-t-il comme s'il lisait dans mes pensées. Je veux dire, tous les deux.

Je vois sa mâchoire se crisper après avoir dit cette phrase. A l'évidence, il lui a fallu beaucoup d'efforts, et ce courage me surprend.

-Avec plaisir.

Sous son emprise Où les histoires vivent. Découvrez maintenant