Sous son emprise

Chapitre 12

Je n'ai aucune nouvelle de Zack. Je ne suis même pas certain d'en vouloir.
Après ce cauchemar, je ne suis pas retourné au lycée. Quelques filles excitées par le fait que je sois gay m'ont écrient sur les réseaux sociaux, ce que je trouve assez étrange. Mais sinon, aucune nouvelle de mes amis. Enfin, ceux que je pouvais considérer comme des amis. Même Lola m'a lâché, ce qui me déçoit énormément. Tout le monde dit qu'il faut s'assumer, que c'est facile, qu'il faut se foutre de ce que les gens pensent, mais c'est impossible ! Il y aura toujours une part de moi qui prendra compte de leurs avis, qui sera blessé. Je ne peux pas faire autrement. Mais que dois-je faire ? Refaire comme avant, coucher avec des filles ? Je ne me sens plus de coucher avec elles. Elles sont et resteront attirantes pour moi, mais maintenant que j'ai goûté au vrai bonheur, je ne peux plus m'en passer. Mais à l'évidence, mon bonheur, lui, s'est passé de moi.
Je traîne dans les rues du centre-ville sans but précis. J'ai l'impression que rien ne constitue ma vie. Quand une personne importante y entre, c'est les plus beaux moments de ma vie, mais dès qu'elle s'en va, tout redevient vide. Et toutes les personnes importantes pour moi finissent par s'en aller.

-Liam !

Je tourne brusquement la tête. Je croise le regard de Zack, gêné. Quelles étaient les probabilités pour que je tombe sur lui ? Je ne crois pas au destin, alors Zack doit me suivre depuis un moment.

-On... On doit parler.

Il me montre la grande roue du doigt.

-On y va ?

Au quotidien, je l'admire de loin, savoure les rires et le bonheur des gens. Mais je n'y suis jamais entré. A vrai dire, je ne suis jamais allé dans un parc d'attraction. Je n'ai jamais fait de vraies sorties qui forgent le caractère joyeux de l'enfant.

-Ok...

Je mets ma haine de côté, curieux de savoir ce qu'il veut me dire.
Nous montons dans le siège après avoir payé une somme beaucoup trop importante à mon goût. Il fait nuit, toutes les lumières de la ville sont allumées, ça risque d'être magnifique.
La roue commence à tourner, et je panique de plus en plus en voyant le sol si loin de moi. Zack le remarque et rigole.

-Ça va aller, dit-il en posant sa main sur ma cuisse. De toutes façons, tu ne peux pas partir.

-C'est assez cruel comme façon de me kidnapper et séquestrer, je dis entre deux souffles.

Nos regards se croisent, et il enlève sa main. Il baisse la tête, alors que je lève la mienne pour admirer la vue. Malgré la terreur d'être si haut, ce que je vois est magnifique. Les rues illuminées, les phares des voitures qui forment une suite de couleurs si bien organisée, la cathédrale au loin. Je sens mes yeux briller.

-Je ne suis pas gay.

Pas très sûr de ce que je viens d'entendre, je ne réagis pas, attends qu'il continu.

-Je suis désolé. Je me cherchais, comme tout adolescent paumé, et je t'ai vu. Tu m'avais l'air drôle, intelligent, tu étais si beau... J'avais envie de tenter quelque chose avec toi. Mais ça ne fonctionnera pas, je ne suis pas fait pour ça.

-Dis pas n'importe quoi, je crache. Tu cherches à faire quoi, me quitter ? Ce n'est pas vrai, tu me mens. Pourquoi aurais-tu fait tant d'efforts pour m'avoir, sinon ?

-On n'a jamais été officiellement ensemble. Et ça m'amusait. Ça ajoutait du piment à ma vie morne, mais je veux arrêter. Ça te fait souffrir, et ce n'est pas mon but.

-Arrête, je dis en serrant les poings.

Ma voix tremble, à moins que ça ne soit tout mon corps. Mon cœur est en train de se fissurer, et je l'empêche de finir en mille morceaux. J'ai du mal à respirer, à trouver mes mots.