Liam

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5 ans plus tard

-Chéri, tu veux un café ? me demande Vincent depuis la cuisine.

-Je veux bien, je réponds, légèrement distrait par les infos à la télévision.

Vincent me rejoins quelques minutes plus tard sur le canapé et passe son bras derrière moi. Je souris et lui donne un rapide baiser.
Contrairement à ce que je pensais, ma relation avec Vincent a vite évolué vers quelque chose de plus profond. Bien sûr, nous avons appris à nous connaître, et nous n'avons pas tout fait trop rapidement. J'ai redécouvert comment on tombait amoureux, comment on flirtait. Je faisais souvent un saut sur l'étape d'apprentissage dans mes relations, et c'est sûrement ce qui m'a empêché d'en avoir de sérieuse jusqu'à maintenant.
Trois ans après notre arrivée dans cette ville, à Julie et moi, j'ai déménagé avec Vincent dans un endroit plus spacieux. Julie vit toujours là-bas, même si elle envisage de s'installer avec son nouveau copain.
Ma nouvelle vie me plaît. Je vis au jour le jour, sans oublier que ma vie aurait pu prendre une tournure bien plus horrible, et que j'ai de la chance d'être là où je suis. Je profite de chaque seconde.

-Tu te souviens que mes parents viennent manger à la maison demain ? me demande Vincent, ce qui me sort de mes pensées.

-Oui, bien sûr.

J'apprécie beaucoup ses parents, et c'est réciproque. Seulement, je me sens toujours mal à l'aise quand ils sont là, peut-être est-ce dû à leur âge, à l'humour très spécial de son père, ou seulement parce que ce sont ses parents.
Vincent se lève pour, je suppose, aller aux toilettes. Il m'interpelle peu de temps après :

-Tom, ça te dit qu'on aille à la fête foraine du coin ce soir ?

Un frisson me traverse le corps. J'aimerai tellement lui dire que je m'appelle Liam, le crier sur tous les toits, à toutes mes nouvelles connaissances. Mais je ne peux pas.

-Oui, bien sûr. Ça nous sortira un peu.

Il se place derrière le canapé et pose sa tête sur le dossier, à côté de la mienne.

-On peut faire pleins de choses cochonnes dans une grande roue, me susurre-t-il dans l'oreille.

J'avale ma salive, réponds « oui » en bégayant. Il fait ressurgir des choses dont je ne veux pas me rappeler. Ça fait cinq ans que je les refoule au plus profond de moi. C'est ce qui me permet de vivre agréablement.
Je me remémore alors la première fois que j'ai couché avec Vincent, pour de vrai. C'était tellement différent, douloureux, intense. A ce moment-là, j'ai compris que malgré mon attirance pour les femmes, c'est ça que je voulais. Je me suis redécouvert. Et Vincent était là. Tout le long. Il ne m'a jamais abandonné, à chaque doute, à chaque critique que l'on recevait sur notre orientation sexuelle.
Le soir tombe un peu trop vite à mon goût, et nous nous rendons à pied vers la fête foraine, main dans la main. Les rues paraissent de plus en plus éclairées tandis qu'on s'approche, et je ressens une sorte d'excitation, de nostalgie.
Nous commençons par un stand où il faut faire tomber des boîtes de conserves pour obtenir quelque chose. Bien sûr, tout dépend du prix que l'on y met, et non de notre performance. Cependant, Vincent les fait toutes tomber rapidement, et il gagne un énorme lapin en peluche, qu'il me tend.

-Cadeau ! dit-il avec son grand sourire craquant.

Je l'embrasse avec amour et m'empare de la peluche.
Nous faisons ensuite quelques attractions, pour finir par la grande roue. Vincent remarque mon air dubitatif.

Sous son emprise Où les histoires vivent. Découvrez maintenant