Chapitre 10

191 7 11
                                    

Zack ne répond pas à mes messages. Je me demande bien ce qu'il fait, moi qui était venu au lycée juste pour le voir. Bien sûr, je ne l'aurai pas embrassé en public, mais juste le voir de loin m'aurait apaisé.
Un surveillant ouvre la porte et bégaye mon prénom, pendant que mon professeur grommelle qu'il en a marre que l'on perturbe son cours. Le surveillant me demande de le suivre, alors je me lève et m'exécute. Même quand je choisis d'assister aux cours, il y a toujours quelqu'un pour m'en sortir, ce doit être le destin.
L'homme plus petit que moi me tend un papier, me dit que je dois y aller maintenant, et s'empresse de partir. Je regarde le papier où se trouve une convocation chez la CPE. Je n'ai pas souvenir d'avoir été un « élève perturbateur » récemment, mais on ne sait jamais.
Je monte alors deux étages dans le bâtiment des sciences et traverse un long couloir qui m'amène tout droit au bureau de la CPE. La porte est entrouverte, alors je me permets d'y glisser la tête.

-Entre ! dit la femme d'un ton amical.

J'entre donc et m'assoit sur une chaise face à son bureau, légèrement gêné.

-Comment ça va, Liam ?

J'hausse les sourcils, surpris.

-Je n'ai pas eu le temps de prendre un truc à manger ce matin, mais sinon ça va, et vous ?

Elle rit légèrement, puis me regarde d'un air sérieux.

-Je veux dire : Comment tu vas ? Ça se passe bien à la maison ?

Je crispe la mâchoire.

-Oui.

Elle fait un sourire compatissant, je me demande bien ce qu'elle pense.

-Tes heures d'absences sont au-dessus de la moyenne cette année. Ce n'est pas normal, Liam, il y a un truc qui ne va pas ?

J'ai déjà eu des rendez-vous avec elle, plusieurs. Elle est gentille, et je crois vraiment qu'elle essaie de m'aider, alors je fais tout mon possible pour ne pas l'envoyer valser.

-Pour la troisième fois, ça va, je grogne.

Elle soupire, ne se laisse pas démonter.

-Tes notes sont en chute libre, si l'on peut appeler ça une chute... Tu n'assistes à presque aucun cours. C'est presque si tu daignes te déplacer pour les examens.

-Me forcer à assister à des cours qui ne m'intéressent pas, je n'en vois pas l'interêt.

-C'est pour pouvoir assister à des cours qui t'intéresseront plus tard, dans une école supérieure qui sera à ton goût.

Je souris à pleine dents. Je sens son inquiétude.

-Une école supérieure ? Putain, vous me voyez vraiment continuer mes études ?

-Surveille ton langage, dit-elle soudain d'un ton sombre. Puis rien n'est perdu, n'as-tu pas des passions, des projets que tu souhaites développer ? Tu aimes le sport, le cinéma, la musique, les sciences ?

Je me passe la main dans les cheveux et soupire.

-Vous vous êtes prise pour une conseillère d'orientation ? je demande d'un ton dur.

-Je veux seulement t'aider...

-Merci, je dis en me levant, d'essayer à tout prix de me mettre sur le droit chemin. Mais je n'ai pas besoin d'aide. Je sais ce qui me convient ou pas, et vos beaux discours sur le fait qu'aucun avenir n'est envisageable sans études supérieures, vous pouvez vous les carrer où je pense.

J'ouvre la porte et sors du bureau, plutôt satisfait d'avoir balancé mes quatre vérités. Une école supérieure, et puis quoi encore... Cette manie de nous faire peur est ridicule. Ils nous forcent à dépenser de l'argent pour poursuivre dans des domaines qui ne nous intéressent même pas, en nous faisant croire que l'on a plus de chances de réussir dans la vie. Le pire, c'est que tout ces adolescents paumés y croient. Les pauvres. Mais je suis au-dessus de ça.
Cependant, une de ses phrases reste dans ma mémoire : « N'as-tu pas des passions ? ». Ai-je des passions ? Y a-t-il une chose en particulier que j'aime faire ?

Sous son emprise Où les histoires vivent. Découvrez maintenant