VLAD
Samedi 12 mai 2018, 16h23.
8 jours après le commencement.Toutes mes journées se ressemblent, j'observe les infectés à travers nos foutues fenêtres, imitant mon père. Ces derniers jours, nous avons vu beaucoup de scènes irréalistes. Surtout des choses que les enfants ne devraient jamais voir. Pour être sûr que mes petits frères de onze et sept ans et ma petite sœur de quatre ans ne voient rien, nous avons pour l'instant interdit l'accès aux fenêtres. Maman nous aide énormément, elle les occupe constamment dans leurs chambres, pendant que papa et moi nous restons dans le salon. Aucun des zombies ne s'est encore approché de trop près de nous. Nous n'ouvrons que très peu le rideau afin qu'ils ne nous aperçoivent pas et nous ne bougeons pas, nous restons immobiles comme des statues. Ils ne sont ni rapides ni lents. Je trouve qu'ils marchent normalement, il traîne juste un peu les pieds. Ils passent sans arrêt devant chez nous, ils font continuellement des allers-retours dans un sens, puis dans l'autre. Au moindre bruit, leurs trajectoires changent. Ils ont l'air d'avoir l'ouïe très développée, le moindre petit son les attire. En revanche, ils n'ont pas l'air très malin, ils ne cherchent pas à ouvrir les portes ou à regarder à travers les fenêtres. On dirait de vrais abrutis. Malheureusement, aucune personne vivante n'est passée devant, de ce fait, je n'ai toujours pas pu voir leur réaction auprès de nous. Je sais qu'ils souhaitent nous dévorer mais je ne sais pas s'ils arrivent à courir. Nous allons devoir être encore patients pour apprendre à bien les connaître. Mon père se tient à quelques centimètres de moi, depuis plusieurs minutes, je sens qu'il s'apprête à m'annoncer quelque chose d'important. Je le vois à son comportement, il a envie de me parler depuis tout à l'heure. De temps en temps, il ouvre la bouche mais aucun mot ne sort. Nous avons très peu parlé aujourd'hui, j'ai l'impression qu'il hésite, mais plus pour longtemps.
— Nous devons informer Eltan de la situation, il est devenu beaucoup trop curieux, lance enfin mon père. Tu sais à quel point il est sensible, il est préférable qu'on lui montre nous-même la vérité plutôt qu'il ne le découvre lui-même.
Je suis d'accord avec lui, il a déjà failli réussir à regarder par les fenêtres six fois. Papa doit même garder les clefs de la porte d'entrée toujours sur lui, sinon, il les prendrait pendant notre sommeil et irait dehors ce qui serait dramatique. Ça devient trop dangereux de lui cacher la vérité. De toute manière, le jour où nous devrons sortir il le découvrira alors autant le faire maintenant après tout ce n'est plus un bébé.
— Je vais le chercher maintenant ? je réponds.
— Oui, vas-y.
Les zombies sont un peu éloignés de notre immeuble, papa veut sûrement profiter qu'il ne les voit pas encore de trop près... Je me dirige vers les chambres où je le découvre avec maman, Gjorg et Drita. Les yeux de maman me scrutent avec angoisse lorsque je pose les miens sur mon frère. Son silence me prouve qu'elle sait, elle est en train de se poser mille et une questions. Pourvu qu'elle ne refuse pas que Eltan m'accompagne. À ma grande surprise, elle accepte sans contester.
— Il est temps Vlad, articule-t-elle sans montrer la moindre émotion.
— Oui maman. Eltan, nous voulons te montrer quelque chose.
— Je vais enfin savoir ! dit-il fou de joie.
— Oui, mais ne sois pas si pressé. Calme-toi s'il te plait.
— Écoute ton frère Eltan, ajoute maman. Suis-le en silence.
Lorsque Gjorg et Drita comprennent que Eltan à la droit de me suivre, c'est la fin du monde. Deux colères s'ensuivent, pauvre maman, elle va avoir du mal à les calmer. Elle leur rappelle donc que les monstres sont dans les rues et que s'ils continuent de hurler ils viendront les manger. Ce n'est pas très gentil, mais je dois avouer que sa méthode fonctionne plutôt bien.
— Depuis le temps que j'attends ça ! dit mon petit frère à mes côtés. Je suis persuadé qu'il n'y a pas de monstres ce n'est qu'une histoire pour effrayer Gjorg et Drita pas vrai ? dit-il, persuadé de connaître la vérité.
Nous rejoignons papa qui a refermé le rideau en nous voyant arriver, Eltan va avoir une sacrée surprise... Je ne sais pas ce qu'il s'imagine, mais il y a bien des monstres dehors. Certes, ils ne sont pas gigantesques et recouverts de poils. Ils ne possèdent pas de grandes dents pointues qui débordent de leur bouche, mais ils sont tout autant dangereux.
— Eltan, tu deviens insupportable à cause de ta curiosité. C'est uniquement pour cette raison que nous allons te montrer pourquoi nous ne voulons pas que vous regardiez à travers les fenêtres et pourquoi pour le moment nous ne sortons pas.
— Ma curiosité a fini par payer alors ! rétorque Eltan en bombant le torse.
Subitement, il se précipite vers la fenêtre pour ouvrir le rideau mais papa le stoppe net dans son élan.
— Avant toute chose, écoute ce que j'ai à te dire, ensuite tu regarderas.
Il bougonne mais écoute attentivement. Il ne raterait ça pour rien au monde.
— Je ne sais pas ce que tu t'imagines depuis que nous sommes plongés dans le noir et que plus rien ne fonctionne, mais tu as très certainement tout faux. Je n'ai pas voulu que tu saches la vérité avant, car je sais que tu es très sensible et trop jeune.
Eltan fronce les sourcils, il n'aime pas qu'on lui rappelle à quel point il l'est.
— Comme tu as déjà failli le découvrir par toi-même plusieurs fois, je préfère que tu regardes tout ça avec nous, maintenant. Tu dois savoir que pour ne pas les attirer, il ne faut pas faire le moindre bruit et surtout, aucun mouvement brusque. Il faut être le plus invisible possible. Tu as compris ?
Eltan nous scrute avec un regard interrogateur, sans vraiment comprendre pourquoi papa lui dit tout ça. Serait-il enfin en train de réellement assimiler que tout cela est vrai ?
— Il y a réellement des monstres alors ? Mais d'où viennent-ils ? Et qui sont-ils ? nous interroge-t-il apeuré.
— Nous, dit papa en marquant une courte pause. C'est nous qui devenons des monstres, confie-t-il avec un soupir.
Une fois cette dernière phrase prononcée, mon frère agrippe tout doucement le rideau et l'écarte lentement, très lentement. Il stoppe son geste au bout de quelques centimètres. Plus les secondes passent, plus son teint blanchi et ses yeux s'écarquillent.
— Que sont-ils devenus ?
C'est plus fort que moi, je suis obligé de répondre à sa question.
— Des zombies. Ce sont des zombies Eltan.
— Comme dans ton jeu ? me demande-t-il horrifié.
— C'est exactement comme dans mon jeu, je murmure.
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CEUX QUI MORDENT
TerrorSuite à une fulgurante épidémie, Elena et Jared survivent cloitrés dans leur appartement. Il sont à l'abris des zombies, qui viennent de surgir dans leur petite ville. Rapidement, les vivres s'épuisent, ils n'ont plus le choix, ils doivent quitter...