CEUX QUI MORDENT

🧟‍♂️ CHAPITRE 9 🧟‍♀️ (Elena)

ELENA

Lundi 14 mai 2018, 8h43.
10 jours après le commencement.

       La vaisselle s'entrechoque à de multiple reprise et me réveille, mais qu'est-ce qu'il fabrique ? Je tente de me rendormir sans grand succès. Je ne parviens pas à retourner dans mon rêve, ce rêve si apaisant où tout était redevenu normal, sans zombies. Où nous n'avions pas à tuer notre voisin, non, je ne l'ai pas oublié celui-là. C'est à ce moment que je comprends ce qu'il cherche.

— Jared, ils sont dans le deuxième tiroir du milieu, j'articule fortement depuis notre lit.

— Oh, tu es réveillé ? Merci, mais comment se fait-il que tu veuilles m'aider maintenant ? Je croyais que tu ne voulais pas tuer monsieur le zombie ?

       L'euphorie présent dans le son de sa voix m'agace.

— Arrêtes de l'appeler comme ça, ce n'est pas un jeu !

       Pas de réponse de sa part, mais un long silence.

— Je ne veux pas mourir, donc s'il faut que tu le tues pour qu'on reste en vie, je l'accepte, je confie plus calmement.

       Il sait très bien qu'au fond de moi je ne veux pas qu'il fasse cet effroyable acte, que ça ne m'enchante pas du tout. Malheureusement, si personne ne fait rien nous serons coincés ici jusqu'à notre mort. C'est donc une question de survie ou de mort. Nous n'avons pas le choix. Jared ferait tout pour que je sois en sécurité, il est très protecteur avec moi, il ferait n'importe quoi pour qu'il ne m'arrive rien. Il est temps que je lui demande comment il compte s'y prendre, l'heure est venue qu'il m'explique. Je suis désormais prête à l'entendre.

— Alors dis-moi comment tu vas t'y prendre ? je questionne en le rejoignant dans la cuisine, armé de deux grands couteaux de cuisine.

— Pour commencer, je vais me protéger les bras, car si tu souviens de ce que la journaliste a dit, le contact avec le sang nous contamine. Il bave énormément, je ne sais pas si c'est également contagieux alors dans le doute, je vais me méfier. En plus, il doit encore avoir une folle envie de me bouffer, je n'ai pas envie qu'il goutte à ma chair. Ensuite, lorsque tout sera prêt, j'irai me cacher dans l'appartement au fond du couloir, en face du nôtre, armé des deux couteaux que j'ai trouvés. Tu fermeras la porte à clef, puis ce sera à toi de jouer, il faudra que tu l'attires, tu feras donc un maximum de bruit. Une fois qu'il tambourinera à la porte, je pourrais enfin arriver par derrière et l'achever une bonne fois pour toute.

— C'est une bonne idée, je souffle. Tu penses que tu arriveras vraiment à le tuer ? Car en théorie il est déjà mort...

— Espérons que ce soit exactement comme dans mes séries et films de zombies. Qu'il suffît de détruire le cerveau pour que tout s'arrête.

— Pour l'instant, on pourrait croire que oui. Ils n'ont pas l'air de ressentir de douleur, comme dans tes séries de zombies.

— Oui, il le faut. Dans le cas contraire, je ne pourrais pas m'échapper, chuchote-t-il.

       J'ai l'impression qu'il remet un peu les pieds sur terre, son enthousiasme pour éliminer notre voisin s'est éteint. Il revient doucement à la réalité, si son plan ne marche pas, je vais me retrouver toute seule, perdre ma moitié et me retrouver coincé avec deux zombies ou plus. Pourvu que ce virus soit identique aux fictions qu'il regardait très régulièrement à la télévision. Il le faut.

       Le moment est venu, une boule me serre la gorge. Nous ne pouvons plus attendre, sans aucune nourriture, nos corps ne tiendront plus longtemps. Mon estomac me fait déjà comprendre qu'il n'apprécie pas ce manque. Nous devons avoir des forces si nous voulons nous échapper.