VLAD
Dimanche 13 mai 2018, 04h55.
9 jours après le commencement.Confortablement allongé dans mon lit, je ne dors plus beaucoup. Ce n'est pas que je fasse des cauchemars, loin de là, mais je ne sais pas pourquoi le moindre bruit me réveille, je suis continuellement sur le qui-vive. Lorsque papa m'a dit que nous devions protéger la famille je l'ai pris au sérieux, je redoute le jour où nous devrons partir. Je n'ai pas peur pour ma vie, ou bien pour celle de mon père, j'ai peur pour celle de ma mère, de mes frères et de ma sœur. J'angoisse à l'idée de ne pas réussir à les protéger et de les perdre, inconsciemment je pense déjà connaître l'inévitable triste vérité. Je me retourne une énième fois, de nombreuses pensées cogitent dans ma tête d'adolescent. Si tout ce bordel venait à suivre à la lettre l'histoire de mon jeu vidéo, nous seront vraiment dans la merde. Je culpabilise d'avoir abandonné rapidement mon pote. J'espère que mon meilleur ami va bien. Impossible de répondre aux nombreux messages qu'il m'avait envoyés, le réseau ne fonctionne plus. J'aurais tellement voulu le prévenir au sujet des zombies, que notre partie est devenue réelle. Plus rien ne fonctionne à part les voitures, ou tout autre appareil équipé d'une batterie déjà chargée. Quand j'y repense c'est fou, on était déçu de laisser notre partie de zombies il y a quelques jours. Aujourd'hui, c'est une immense qui se joue, et nous ne possédons qu'une seule et unique vie, nous n'avons pas le droit à l'erreur.
Il n'arrive pas à s'arrêter, des reniflements viennent briser le silence depuis un bon moment maintenant dans notre chambre. Celui avec qui je la partage, Eltan, ne parvient pas à se calmer. Une très faible lueur provenant de l'extérieur m'indique qu'il doit être encore très tôt, j'arrive à peine à le distinguer. Il me semble apercevoir son dos. Je ne sais pas vraiment quoi faire. Et merde, je suis son grand frère j'ai promis de tous les protéger. Je m'assieds sur mon lit, il tente alors d'arrêter ses reniflements saccadés, malgré ses efforts, c'est l'effet inverse qui se produit. Son état s'empire à chaque seconde, je m'empresse de le rejoindre sur son lit. Je pose ma main sur la couette et sur ce que je pense être son épaule.
— Eh petit frère, je lui murmure tout doucement en lui caressant l'épaule.
Ses petits mots le font s'effondrer, il pleure à chaudes larmes, renifle et peine à respirer.
— Tournes-toi, Eltan s'il te plaît, je rajoute.
Il s'exécute et m'agrippe fortement la taille, sa tête se colle rapidement sur mes côtes. Il essaie de parler mais n'y arrive pas, il pleure beaucoup trop. Je sens que mon haut de pyjama commence à coller à ma peau, il pleure tellement que dans cinq minutes je vais être trempé, avec un mélange de morves c'est sûr.
— Calme-toi. Respire doucement, ça va aller. C'est à cause de ce que tu as vu dehors hier que tu es dans cet état ?
Je sens qu'il hoche la tête de haut en bas. Je sais que c'est pour cette raison mais je veux en être certain.
— Tu sais que nous sommes en sécurité ici, n'est-ce pas ?
— Ou... Ou.. Oui. bégaye-t-il.
— Il n'y a donc aucune raison de pleurer, tout va bien d'accord ? Tu comprends mieux pourquoi on ne voulait pas te montrer tout de suite ?
Lentement, il essaie de se détendre, sa respiration reprend tant bien que mal un rythme presque normal.
— Oui je com... Comprends mieux.
— Tout va bien, papa et moi nous vous protégeons, tu n'as pas à t'en faire, j'affirme en continuant de lui caresser l'épaule puis la tête.
Une trentaine de minutes s'écoulent pendant que je continue de le réconforter, le bas de mon haut est désormais trempé et gluant. Il s'endort enfin sur moi.
06h01
Par chance, je réussis à me dégager d'Eltan sans qu'il ne se réveille. Sur la pointe des pieds, je sors tout doucement de la chambre afin de ne pas le réveiller, tout le monde à l'air de dormir. Arrivé dans le salon, je remarque papa à la fenêtre, finalement nous sommes deux à être debout.
— Tu es resté ici toute la nuit papa ?
— Une bonne partie de la nuit je dirais.
Je ne l'ai pas effrayé, il a dû m'entendre arriver. Je me rapproche, puis viens me positionner juste à côté de lui, pour regarder à travers la fenêtre. Mon pyjama frôle la main droite de mon père.
— Qu'est-ce que tu as fait à ton haut Vlad ? me demande-t-il, intrigué.
— C'est Eltan... Je l'ai surpris en pleurs dans son lit, je suis allé le réconforter, il m'a fait ce joli cadeau.
— Évidemment, il est tellement sensible mon Eltan, répond papa démuni.
Dans la rue rien à changer, cette énorme horde est toujours là, à faire constamment des allers-retours et à attendre. Je crains qu'elle ne parte jamais, ce qui complique le moment où nous devrons partir. Jusqu'à maintenant, nous avons mangé à notre faim, froid mais à notre faim. Seulement voilà, j'ai remarqué que depuis deux jours, maman nous donne des assiettes un peu moins copieuses. Jusqu'à maintenant je n'ai rien dit, mais je pense que le départ approche et que maman essaie de faire durer au maximum la nourriture. Nous sommes cinq, cela fait beaucoup de bouche à nourrir, heureusement que maman avait fait les courses le matin avant que tout parte de travers.
— À quoi penses-tu ? m'interroge mon père, ce qui me sort de ma torpeur.
— Nous n'avons bientôt plus rien à manger, pas vrai papa ?
— C'est vrai, articule-t-il.
— Il va donc falloir que nous partions bientôt alors ?
— Oui, tranche-t-il froidement. Mais tant que cette horde de zombies sera là, ce sera impossible...
— Tu penses qu'on arrivera à partir d'ici ?
— Nous ferons le nécessaire Vlad, répond-il après plusieurs secondes de silence.
Ses bras m'entourent fortement autour de moi, je me laisse emporter par cet élan d'amour. À ma grande surprise, deux autres bras supplémentaires viennent encercler nos corps. Les larmes de maman dévalisent ses joues et viennent atterrir sur ma peau. Papa l'embrasse tendrement sur le front. Je ne l'avais même pas entendue arrivée, elle devait être dans le fond de la pièce et papa devait le savoir. Je savoure ce câlin que j'aurais sûrement repoussé quelques semaines auparavant. Je le savoure pleinement en espérant plus fort que tout que ça ne sera pas le dernier.
VOUS LISEZ
CEUX QUI MORDENT
TerrorSuite à une fulgurante épidémie, Elena et Jared survivent cloitrés dans leur appartement. Il sont à l'abris des zombies, qui viennent de surgir dans leur petite ville. Rapidement, les vivres s'épuisent, ils n'ont plus le choix, ils doivent quitter...