🧟‍♂️ CHAPITRE 4 🧟‍♀️ (Vlad)

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VLAD

Samedi 5 mai 2018, 3h23
1 jour après le commencement.

       Hier soir, papa nous a tout expliqué pendant que la journaliste à la télévision nous donnait sa version. Un ami de mon père lui a confié que la gravité de notre situation est bien au-dessus de ce que tout le monde aurait pu imaginer. On ne décède pas seulement de cette saloperie, une fois que notre cœur s'arrête de battre, nous nous relevons et devenons des monstres... La journaliste a apparemment oublié de mentionner que désormais, des zombies sont parmi nous. Lorsque papa nous a annoncé ce gros détail, j'ai bien cru que maman allait tomber par terre. Elle a interrogé plusieurs fois mon père afin d'être sûre d'avoir bien compris. Personnellement, un gros frisson m'a parcouru tout le corps, je sais très bien ce que tout cela engendre. En passant mon temps à jouer à des jeux de zombies ainsi qu'à regarder des séries, je sais. Je sais à quel point notre vie va être dure et très compliquée désormais.

       Personne n'a encore réussi à comprendre comment ce phénomène est possible, les scientifiques sont dans le flou, car c'est normalement impossible ou du moins pas sur nous. Effectivement, un champignon permet aux insectes de devenir des « morts vivants » mais cela n'a jamais pu se produire sur des humains. Ils en déduisent que tout se passe dans le cerveau, comme le cœur cesse de battre, c'est la seule supposition qu'ils aient trouvé pour l'instant. Le copain de papa lui a aussi raconté que le gouvernement patauge et n'arrivera pas à bout de ce virus car il se propage beaucoup trop vite. Il nous a donné d'autres informations très importantes que la journaliste a apparemment aussi oubliées de nous faire part. Premièrement, le virus doit déjà s'être propagé dans une cinquantaine de pays sans que l'on ne puisse rien faire. Ce n'est pas seulement chez nous, c'est sûrement un touriste qui l'a ramené en France. Deuxièmement, lorsqu'ils sont infectés, qu'ils finissent par mourir et qu'ensuite ils se relèvent pour nous dévorer, il faut les tuer en visant la tête. C'est la seule solution pour qu'ils arrêtent de bouger, leur tirer sur le reste du corps ne fait que les ralentir, à priori, ils ne ressentent aucune douleur. Ce qui nous laisse penser que les scientifiques ont raison et que le virus doit agir dans le cerveau. Troisièmement, ne jamais se faire mordre, c'est en observant les militaires se faire dévorer qu'il a appris tout ça. Toute personne mordue est systématiquement infectée, et comme aucun remède n'existe pour le moment, il faut à tout prix être très prudent. La journaliste a donné une seule information supplémentaire, leur sang ne doit pas non plus rentrer en contact avec une de nos plaies, sinon c'est la contamination assurée ce qui est plutôt logique.

       Depuis hier soir, maman n'a pas décroché un mot. Après avoir compris qu'une invasion de zombies était imminente, elle doit être en état de choc. Papa m'a fait comprendre que nous devons protéger notre famille, en tant qu'hommes de la famille, nous sommes les seuls à pouvoir le faire et lui seul, il n'y arrivera pas. Il n'a pas voulu m'avouer que même à deux, ce sera très compliqué. Je suis peut-être encore jeune et peut-être con, mais je ne suis pas ignorant. Même à deux, veiller sur eux sera très complexe. Se protéger de zombies sera déjà très éprouvant et dangereux pour notre propre vie, alors devoir aussi le faire pour une femme et trois enfants, dont deux petits de sept et quatre ans je n'ose même pas y penser... Cependant, imaginer que notre famille pourrait perdre un être cher est également impensable.


3h53

       Voilà maintenant plusieurs heures que le monde a commencé à changer et je ne parviens pas à dormir. Qui aurait pu croire que ces jeux vidéo de zombies deviendraient un jour notre réalité ?


4h09

       Papa est scotché à la fenêtre, depuis que l'électricité s'est coupée. Il observe le chaos qui règne à l'extérieur. Tout a démarré par de puissants bruits vers vingt et une heures quinze quand tout s'est éteint, on a commencé à découvrir les voisins paniquer. Ils ont alors fait n'importe quoi et n'ont pas respecté les consignes de la journaliste mais plutôt le contraire, à savoir, fuir. Je ne sais pas où ils comptent aller, mais ils ne vont pas aller loin car ce virus est partout... On a entendu tout le monde hurler d'effroi, courir, prendre les voitures et rouler vite, très vite. Les seules lumières qui éclairaient la rue étaient les phares des voitures. La panique s'est emparée des rues quelques heures avant qu'un affreux silence ne la remplace.

       C'est ce matin très tôt, vers deux heures que nous les avons enfin vus et entendus pour la première fois. Lorsque nous avons aperçu les premiers zombies passer devant chez nous, papa et moi étions intrigués mais surtout horrifiés. Quelle chance que nous soyons toujours chez nous et que papa nous dise quoi faire car je ne sais pas comment nous pourrons tous ensemble survivre face à ses morts.

       Mon père est toujours à la fenêtre, caché derrière le rideau. Nos seules paroles se font désormais en chuchotant, nous ne devons pas les attirer.

— Regarde, ils sont de plus en plus nombreux.

— Oui, ils doivent être une cinquantaine. Nous n'avons aucune chance si nous sortons, je déclare.

— C'est pour cette raison que nous ne sortirons pas pour l'instant Vlad, nous avons à boire et à manger. Nous allons rester ici tant que nous aurons des vivres. Nous verrons ensuite comment la situation évolue au fil des jours.

— Papa ?

— Oui ?

— Je pense que personne ne viendra nous aider, j'articule tristement.

— Tu es intelligent malgré ton jeune âge, Vlad, j'en suis également certain. Mais nous allons nous en sortir ne t'inquiète pas, cette horde finira par s'en aller dans l'autre direction dans les jours à venir. Lorsque ce sera le bon moment, nous en profiterons pour nous en aller tous ensemble.

       Mon père détache son regard de la rue et me regarde droit dans les yeux.

— Le plus dur ne sera pas de nous enfuir, tu le sais n'est-ce pas ? confie-t-il après un court moment de silence.

— Oui je le sais, le plus dur sera de veiller sur maman et les petits.

       Mon père acquiesce.

— Nous sommes une famille, je vous aime plus que tout mais ils seront un poids pour nous, il nous faudra être constamment forts et prêts à tout pour les protéger. Je suis très fier de toi Vlad, tu as toujours très vite compris les choses, continue de me rendre fier.

       Ça confirme ce que je pensais, il sait au fond de lui que nous n'arriverons peut-être pas à protéger tout le monde et que ce sera très dur. Il sait également que je reste sceptique concernant les jours à venir. En effet, il est possible que notre famille ne soit peut-être plus aussi nombreuse.

— Merci papa, je continuerai, je souffle attendris par la confiance qu'il me tient.

        Ensemble nous allons nous battre afin de protéger chacun des membres de notre famille. Je veux profiter de chaque moment à leur côté et encore plus du moment que nous sommes en sécurité. Je ne me suis jamais rendu compte avant cette catastrophe, qu'avoir une grande famille qui nous aime est une richesse inestimable. Je ne veux avoir aucun regret, je n'en veux aucun si les jours à venir deviennent sombres.

       En entendant que nos proches se réveillent, je continue d'observer la rue aux côtés de mon paternel. J'essaie de comprendre comment réagissent les zombies dans la vraie vie et non dans mes jeux ou dans les séries. Nous devons les analyser, nous devons anticiper leurs moindres faits et gestes. Ça nous aidera lorsque nous pourrons sortir et possiblement les affronter. Je sens le regard de mon père qui se pose à nouveau sur moi et je découvre la fierté dans ses yeux. Il sait exactement ce que je suis en train de faire.

— C'est bien mon fils, observe-les, comprends-les.

— Oui papa.

CEUX QUI MORDENTOù les histoires vivent. Découvrez maintenant