é̷c̷l̷a̷t̷é̷ a̷u̷ s̷o̷l̷

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BlAcK sWaN

Pourquoi ta voix sonnait si vraie ?

Crap, I hoped u were sincere.

J'arriverai jamais à t'cerner. Ça me va très bien. Les meilleures histoires sont celles dont on ignore la vraie fin.

Toi, là. Toi que personne respecte. Toi qui a jamais d'bol. Miss ou mister imperfect. Toi qui es éclaté au sol.

T'inquiète pas, c'est pas grave. C'est pas la fin du monde. Que tu sois là ou pas, la terre restera toujours ronde.

***

Les feuilles tombaient des arbres tels des girafons. Des girafons tombant du vagin de leur mère à la naissance. À la différence près que les bébés girafes n'avaient pas le temps de tourbilloner comme des ballerines durant la chute, eux. On pouvait observer la danse endiablée de ces folioles depuis les grandes fenêtres qui éclairaient le couloir blanc du lycée.

- Alisha ? Ouais c'est une fille de ma classe.

En entendant son prénom au détour d'un couloir, la jeune russe tendit l'oreille.

- Elle est assez bizarre, un peu dérangée je dirais.

Elle tourna la tête. C'était Théa qui parlait avec les garçons d'une autre classe. Théa Dacosta, aka la grande diva de la classe de Terminale 7. Elle mastiquait un chewing-gum tout en parlant, dévoilant ses blanches canines aiguisées par l'hypocrisie. Après une microseconde d'hésitation, la jeune fille s'approcha l'air de rien du groupe et interpella sa camarade.

- Qui est dérangée, tu dis ?

- Oh euh... Personne, hoqueta celle-ci en sursautant.

Théa était visiblement embarrassée par la situation. Quant à ses interlocuteurs, ils mirent quelques secondes avant de comprendre ce qu'il se passait.

- Tu es Alisha ? S'enquit le plus grand de taille.

La jeune fille le dévisagea. Il était plutôt mignon, cependant ses yeux reflétaient une telle fourberie que même Scapin aurait chié dans son froc en croisant son regard.

- Pourquoi ? Répondit-elle.

Pas du tout désorienté par cette réponse à l'interrogative, le garçon continua :

- On parlait justement de toi. C'est vrai que l'an dernier t'as tabassé deux mecs à la sortie du lycée ?

- Hmm.

Un silence plana. Alisha se rendit compte que tout le monde attendait qu'elle ajoute quelque chose. C'est un autre garçon venu de nulle part qui compléta la conversation.

- Si j'me souviens bien, il y avait une fille en plus des deux mecs, précisa-t-il.

Le fourbe semblait être le plus intéressé par l'affaire.

- C'était qui ? Qu'est-ce qu'ils t'avaient fait ?

Alisha leur coula à tous un regard aussi noir qu'une éclipse totale.

- C'est pas vos affaires. Parlez pas dans mon dos, bande de bouseux.

Sur ces mots aimables, elle tourna les talons et repartit. Elle réglerait son compte à Théa plus tard. Cette bouffonne parlait dans son dos depuis bien trop longtemps.

- Hey, Ali~ !

Il n'y avait qu'une seule personne dans tous le lycée qui était capable de la héler de cette manière.

- J'ai pas l'temps. Dit-elle en continuant à marcher.

Elle le dépassa mais bien sûr, comme on aurait pu s'en douter, il la suivit.

- Arrête de mentir, on a trois heures de trou. Tu fais quoi ?

Décidément, il n'allait pas la lâcher de sitôt.

- Je vais aller fumer une clope.

- Hein ? Depuis quand tu fumes, toi ?

- Depuis jamais. Je te dis d'la merde, imbécile.

Oliver s'arrêta deux secondes avant de sourire et de trottiner pour la rattraper.

- Et tu vas rester toute seule ?

- Je suis avec ma conscience. Ça me suffit.

- Je vois. Et elle s'appelle comment, ta conscience ?

- Elle a pas de nom.

- Tiens c'est dommage, ça. Moi la mienne elle s'appelle Rudy. Je pourrais rencontrer la tienne, un jour ?

- Pas possible, elle parle pas avec les merdeux.

- Oh... bon bah au pire elle pourra toujours parler avec Rudy.

Alisha s'arrêta une fois arrivée devant la sortie du lycée. Oliver l'avait suivi comme un clébard abandonné depuis le bâtiment B jusqu'au portail vert. Elle se tourna vers lui et sa voix se fit rude.

- Bon, qu'est-ce que tu veux ? 

- Tu peux me prêter de l'argent ? Jappa Oliver du tac au tac.

La jeune fille haussa les sourcils.

- Tu rêves.

- Allez, s'il-te-plaît ! J'ai super, méga, hyper faim, et rien pour m'acheter un cookie à la boulangerie...

- C'est pas mon problème.

Elle commença à partir, mais s'arrêta vingt mètres plus loin. Il ne semblait plus la suivre.

Alors elle se retourna, à moitié agacée.

- Bon allez, viens. Je connais une boulangerie qui fait des cookies de l'enfer. T'as intérêt de me rembourser, plus tard.

Et c'est un Oliver enchanté qui la rejoignit à petites foulées. Un rayon de soleil se frayait à ce moment-là un passage à travers les bâtiments du lycée, tandis qu'un léger vent agitait les branches des arbres dans une mélodie muette. Nos deux jeunes gens se mirent alors tous deux en route dieu sait où, chacun essayant sans grand succès de réprimer son petit sourire en coin.

ᶠfͦuͦˡll of emptiness ⇝Où les histoires vivent. Découvrez maintenant