ZeRo O'cLoCk
Comment diable essuyer ses pleurs
Quand les larmes coulent à l'intérieur ?
C'est dans le noir que la lumière est la plus vive
Qui m'aime me suive
Va dire ça à un stalker
Les aiguilles font lentement le tour du cadran
Midnight, "milieu de la nuit"
L'heure la plus mystérieuse de tous les temps
Le savais-tu ?
La vie, la vraie, ne débute qu'une fois minuit passé
***
Ce soir-là n'était pas un soir comme les autres. Alisha l'avait su au moment même où elle avait vu ces deux silhouettes qui l'attendaient au bout de la rue.Que faisait-elle si tard dans la nuit un jour de semaine ? Comment ces gens savaient-ils qu'elle passerait par cette ruelle à 20h14 ?
À vrai dire, elle ne le savait pas. Elle ne savait pas vraiment comment elle avait fait pour s'endormir dans la bibliothèque, et ces gens ne savaient pas non plus qu'elle passerait par là à ce moment de la soirée.
Ils ne l'attendaient même pas, en vérité. Ils attendaient quelqu'un, oui, mais pas nécessairement Alisha. Ça aurait pu être n'importe qui, et ce soir-là c'était elle.
Les deux silhouettes de dessinaient dans le halo jaunâtre d'un lampadaire solitaire. Un homme et une femme, l'un avec un club de golf, l'autre avec une batte de baseball. Qui étaient-ils ? Aucune idée. Tout ce qui est sûr, c'est qu'ils n'étaient pas normaux. Pas normaux du tout.
"Le monde est rempli de fous", disait souvent la grand mère d'Alisha.
Et elle avait raison. Mais en y pensant, tout le monde finissait un jour ou l'autre par devenir fou. Car comment rester sain d'esprit alors que la sphère céleste sur laquelle nous vivons tourne une soixantaine de fois plus vite que le sang dans nos artères ?
- Le mot "fou", ça s'écrit "f-o-o-l" en anglais, marmonna la lycéenne alors qu'elle marchait vers le bout de la rue. Est-ce que ça se prononce comme "full" ? Non j'suis bête, sinon on l'écrirait pareil et ça voudrait dire la même chose...
- Eh gamine, viens par là, dit l'homme.
Alisha obéit. Elle avait senti qu'ils n'étaient pas très nets. Plus elle se rapprochait d'eux, plus l'odeur acrimonieuse de la folie s'engouffrait dans ses narines. Si elle s'était mise à courir, qui sait s'ils ne l'auraient pas pourchassé jusqu'au bout de la nuit comme deux chasseurs-cueilleurs poursuivant un caribou sauvage ?
"Il faudra que je demande à Oliver pour la prononciation..." Pensa-t-elle afin de clôturer sa réflexion à thème linguistique.
Les deux personnes s'approchaient également d'elle, brandissant leurs armes comme des trophées de guerre. Ils riaient tel les dégénérés qu'ils étaient, ce qui dévoilait leur dents acérées aussi blanches que la nuit obscure.
Une agression.
Une agression ? Alisha n'en avait encore jamais subi. Elle n'en avait jamais vu que dans les films. Des coups, du sang, des pleurs, des os qui se brisent. C'était donc vraiment ça ? La limite entre l'effrayant et le fabuleux était fine. Les coups pleuvaient, les exclamations résonnaient, se répercutaient sur les murs des immeubles taciturnes. Personne ne sortait voir, cependant. Malgré les bruits inquiétants, pas un ne semblait être inquiet pour un sou dans le voisinage.
Le lendemain matin, le soleil se levait comme à son habitude. S'étirant les rayons un à un, il bâillait sur la timide rosée qui ornait les pelouses mal arrosées. Alisha était allongée. Les yeux clos, elle voyait passer avec lenteur et majesté de gros poissons chat qui glissaient sur ses paupières. Leurs audacieuses moustaches frétillaient au rythme des bulles aventureuses qui traçaient leur chemin vers la surface de ses songes.
Étouffant un grognement, elle roula sur le côté. Mauvaise idée, son abdomen lui faisait mal, à présent.
D'un geste lent, elle dégagea son réveil de sous son corps. Il lui avait écrasé les côtes, le perfide. Alisha se retourna dans l'autre sens, prenant dans ses bras son traversin à motifs étoilés, comme une bouée de sauvetage face aux vagues déferlantes de la réalité. C'était un samedi matin comme les autres, mais elle gardait les événements de la veille bien ancrés dans sa mémoire.
- Heureusement que je ne les ai pas tué... Marmonna-t-elle.
Les pompiers étaient arrivés à temps pour s'occuper des deux individus. Ceux-ci étaient au sol, en sang, et complètement inconscients.
- C'est vous qui avez appelé ? Avait demandé le gardien du feu.
- Oui, répondit la lycéenne.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
- Je ne sais pas trop... Je les ai trouvé comme ça en passant par là.
Ça faisait du bien de mentir. Comme un sentiment de puissance, de savoir quelque chose que tous ignoraient. Et mentir pour éviter les problèmes, c'était la meilleure façon de mentir. Celle qui nous dédouanait de toute la malfaisance de nos actes. De toute façon c'était elle la victime, au départ. Elle n'avait rien à se reprocher.
- Veuillez nous laisser vos coordonnées s'il-vous-plaît. Il va peut-être falloir que vous alliez rapporter ce que vous avez vu au poste de police dans les prochains jours. On vous appellera pour ça.
- Bien sûr. Pas de problème.
Et elle leur laissa un nom et un numéro de téléphone. Théa Dacosta, 0*****9.
Le numéro était bien celui de sa camarade. Elle l'avait appris par cœur à l'époque. Et depuis, dans l'optique d'une situation comme celle-là, elle ne l'avait jamais oublié. La police allait encore débouler chez la fausse blonde sous les yeux ébahis et perdus de ses parents orgueilleux. Ça allait faire quoi...? La troisième fois ? Peut-être la quatrième, qu'elle lui faisait ce coup-là, mais ça n'avait pas vraiment d'importance.
Théa. Ce nom qui s'affichait si souvent sur son écran de téléphone lorsqu'elle était au collège. Quand elle était encore comme Théa. Quand elles étaient Alisha et Théa, le duo de pestes de la quatrième A.
Elle était rentrée tard, ce soir-là, mais sa mère n'avait dit mot. Tant qu'elle rentrait avant minuit et avec une bonne excuse, tout roulait pour elle.
- Comment est-ce qu'on prononce "fool" ? grogna-t-elle à son oreiller, encore à moitié somnolente.
Elle aurait pu aisément chercher sur internet, mais l'idée avait été si furtive qu'elle n'y repensa plus du weekend. C'était comme si cette interrogation lui avait traversé l'esprit, puis avait déployé ses ailes immaculées pour s'envoler au loin, chuchotant doucereusement une promesse de retour.
Elle y repenserait surement en revoyant Oliver en cours, le lundi matin...
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Ps : Le Systema (Cистема) est un art martial russe utilisé par certains groupes des forces spéciales russes. Le gouvernement soviétique en avait restreint l'apprentissage et l'utilisation à certaines divisions de ses forces d'élites, comme les Spetsnaz, terme désignant les Forces spéciales. Depuis la dissolution de l'URSS, la pratique du Systema est ouverte à tous.
Pps : La Terre tourne à plus de 1000 km/h au niveau de la France et de l'équateur. Le sang quant à lui va à une vitesse variable entre 360 m/h au niveau des grosses artères jusqu'à plus de 2500 m/h près du cœur. Je trouve que c'est intéressant. Si t'es pas d'accord avec moi eh ben ferme ta gueule. Sale kk.
Dédicace à @LyseKrollson la crêpe nature tavu.
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ᶠfͦuͦˡll of emptiness ⇝
Roman pour Adolescents- Je t'aime, Alisha. Tu veux sortir avec moi ? - Ferme ta gueule. Quand on peut se comprendre sans dire un son, quand on peut écouter le vide ensemble pendant des heures sans se lasser, quand la violence des mots aide à se rapprocher. Alors on l'a t...