𝙻𝚊𝚒𝚜𝚜𝚎-𝚖𝚘𝚒 𝚖𝚘𝚞𝚛𝚒𝚛 𝚍𝚊𝚗𝚜 𝚝𝚎𝚜 𝚋𝚛𝚊𝚜

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HoLd Me TiGhT

Tu es mon phare dans cette mer agitée

Mon repère, le seul à qui je peux m'accrocher

Je le vois dans tes yeux, tes intentions sont pures

Aujourd'hui j'en suis sûre 

Il n'y a que dans tes bras que je suis vraiment moi

***

Après quelques minutes de course, les deux adolescents étaient enfin hors de danger.
Ils marchèrent un peu puis s'essayèrent côte à côte sur un banc du parc. 

Les oiseaux pépiaient autour d'eux, emplissant l'air du doux parfum de printemps que les gazouillis portaient dans leurs notes harmonieuses. Alisha lâcha la main de son petit ami et entreprit de lui nettoyer l'avant-bras droit avec un mouchoir sorti de sa poche comme par magie. La chute sur le goudron lui avait laissé quelques coupures et le sang perlait, incertain de s'il devait rester ou partir de la peau lésée. Tandis qu'elle le soignait, Oliver serrait les dents de frustration et faisait trembler sa jambe énervée de haut en bas, comme un métronome déjanté.

- T'as raison Alisha, j'suis vraiment éclaté au sol comme mec...

Elle continuait de lui tamponner le bras sans lui lancer un regard et lui répondit :

- C'est pas un drame tu sais...

Oliver porta sa main libre à son front, ramenant en arrière une mèche de ses cheveux.

- Je suis si nul. Un incapable qui n'a pas su te protéger, un raté... qui pleure comme un bébé au moindre truc... Vraiment, je te mérite pas...

La confiance. La confiance en soi. Même si Oliver semblait extérieurement ne pas en manquer, en réalité il ne s'agissait que d'apparences. Au fond de lui, il était un garçon plein de doutes et de complexes, et c'était seulement maintenant qu'elle le voyait vraiment.

- Je sais vraiment pas pourquoi tu restes ici avec moi... Continua-t-il à mi-voix. Je suis vachement moins beau qu'Alexeï ou Liam, moins fort aussi, moins intelligent et plus fragile... Tu pourrais facilement trouver quelqu'un de mieux... de beaucoup mieux...

Alisha fronça les sourcils et le considéra un instant. Il était embourbé dans le faux jusqu'à la calvaria, et il fallait absolument qu'elle le recadre. Drastiquement. Il n'y avait plus aucune fierté dans l'équation.

- Bon. Écoute-moi, imbécile. 

Le vent passa entre les amoureux, faisant virevolter leurs cheveux au gré de l'émotion.

- Est-ce que tu crois que je ne savais pas que tu étais tout pété comme gars, avant de sortir avec toi ? Que tu savais pas te battre, que t'avais un humour de merde et que t'étais psychologiquement un gros faiblard ?

Les larmes avaient recommencé à couler sur les joues du garçon, leur trajectoire déviant légèrement sur la droite sous la volonté de l'air fondant sur son visage. La lycéenne continua en lui séchant les pleurs de ses pouces. Sa voix se fit plus douce.

- Et est-ce que tu me trouves assez débile pour tomber amoureuse d'un ramassis de défauts ? Est-ce que tu crois que je serais tombée amoureuse d'un mec qui a seulement des défauts, franchement ?

Le voir comme cela lui brisait le cœur. Il ne se rendait pas compte de la grande valeur qu'il avait à ses yeux.

-  Bien sûr que tu as des qualités ! S'écria-t-elle. T'es gentil, adorable, beau, et quand je suis avec toi c'est comme si j'étais dans un monde à part. Et grâce à toutes ces qualités, je me suis aussi mise à aimer tous tes défauts, tu sais ? Qu'est-ce que j'en ai à foutre que telle ou telle personne soit plus belle ou plus forte, ou même plus drôle que toi ? Est-ce que ces personnes sont toi ? Non. Liam n'est pas toi, et l'autre gogole de la TS4 ne sera jamais toi non plus. Rien que pour cela, ils ne m'intéressent pas.

Tirant sur les mains du garçon, elle l'attira à elle pour l'enlacer. Puis elle lui caressa l'arrière de la tête, comme on le ferait à un enfant, et souffla près de son oreille :

- Et je pourrais te dire la même chose de moi, tu ne penses pas ? Pourquoi est-ce que tu restes avec une fille chiante, taciturne et méchante ? Est-ce que moi je te mérite, Oliver ? Alors arrête de pleurer, je t'en supplie... J'aime vraiment pas te voir dans cet état...

Oliver renifla et apprécia le câlin. Câlin qui dura un long moment. Alisha le serrait de toutes ses forces, et c'était exactement ce dont il avait besoin sur l'instant. Et même pour toute la vie, pensa-t-il.

- Je t'aime, lui souffla-t-il, ému.

Alisha se recula un peu, le considéra un moment avant de poser doucement son front contre le sien. Leurs regards s'ancrèrent l'un à l'autre, l'un étant le bateau, l'autre l'amarre du quai.

- Moi aussi je t'aime, bouffon.

D'un commun accord, leurs lèvres franchissaient lentement la distance qui les séparait. Leurs paupières se baissaient, leurs souffles se mêlaient avant de se confondre dans un doux baiser.

Oliver avait trouvé sa moitié vide.
Alisha avait trouvé sa moitié pleine.
Ensemble ils se complétaient, l'ombre et la lumière, le feu et l'eau.

Oliver continuait de pleurer, mais cette fois-ci il s'agissait de larmes sucrées, aussi sucrées que la bouche mielleuse de son amante. Alisha avait enfin posé des mots sur son cœur, et ça faisait tant de bien. Il se sentait bien. 

Voyant que son petit ami pleurait encore, la jeune fille mit fin au long baiser et se mit à lui faire tout plein de petits bisous sur les lèvres, ce qui amusa le garçon en larmes. Un faible sourire se dessinait sous les embrassades de sa belle, qui de son côté effaçait diligemment toute trace coulante de tristesse avec la manche de son habit.

Il lui saisit les mains et les serra entre les siennes.

Si c'était ensemble, ils voulaient bien sauter dans le vide. Ils voulaient bien être le vide. Passer tout le reste de leur existence dans le vide.

Aucun des deux ne savait ce qu'il se passerait dans le futur, aucun des deux ne savait s'ils réussiraient leurs vies, si Oliver allait prendre confiance en lui, si Alisha allait se remettre à la musique, si tous les deux allaient pouvoir affronter les autres à eux tous seuls.

Mais ils s'en foutaient. Les autres n'existaient pas. Tant qu'il l'avait elle, il avait tout. Tant qu'elle l'avait lui, il ne lui manquait rien. Ils étaient devenus deux fous aux yeux du monde, mais l'un était le fou de l'autre, et ça, ça leur suffisait.

 Full of emptiness, 

fool of emptiness...


𝓕𝓲𝓝

ᶠfͦuͦˡll of emptiness ⇝Où les histoires vivent. Découvrez maintenant