ᶠfͦuͦˡll of emptiness ⇝

ℭ𝔥𝔞̂𝔱𝔢𝔞𝔲 𝔡𝔢 𝔠𝔞𝔯𝔱𝔢𝔰

HoUsE oF cArDs

Tu es agaçant,

La tentative de pas de danse qui foire complètement,

Le goût de colle qui persiste

Après le passage chez le dentiste,

La désagréable sensation de picotement du membre engourdi,

Le gargouillis embarrassant et impossible à retenir,

Le crissement des ongles sur le côté d'une feuille de papier,

La goutte d'eau qui perle sans jamais vouloir tomber.

J'vais t'boxer.

***

- Alisha, chez le directeur.

La professeure de sport avait parlé. Affublant Nicolas de la lourde tâche d'accompagner l'élève, la femme en jogging coula un dernier regard désapprobateur à la jeune fille avant d'envoyer quelqu'un chercher l'infirmière du lycée.

Les mains dans les poches de son survêtement, Alisha jeta un œil à l'attroupement qui s'était formé dans le coin de la cours. Théa sanglotait, assise par terre, les genoux recroquevillés contre sa poitrine décolletée. La châtaine pinça les lèvres, dégoûtée.

- Euh... Alisha ? Tu viens ? Demanda le délégué en remontant ses lunettes d'un mouvement expert.

Elle se détourna de la scène et suivit son camarade en traînant mollement des pieds.

- Ali ! Nicolas ! Attendez-moi !

"Qu'est-ce qu'il veut, encore, lui ?" se demanda-t-elle.

- Qu'est-ce qu'il y a, Oliver ? Dit Nicolas.

- Je viens avec vous~ chantonna-t-il d'une façon ridicule.

- Si tu veux.

Les trois adolescents se rendirent d'un pas lent jusqu'au bureau du directeur. Une fois devant la porte, Nicolas prit une inspiration, puis frappa trois légers coups.

- Entrez, tonna une voix grave derrière le bois de chêne.

- Bonjour Monsieur, je vous amène une élève. Elle a été virée du cours de sport par Madame Langlos.

Le silence de la pièce était presqu'aussi lourd qu'une baleine à bosse.

- Euh... Il parle à un fauteuil ? Chuchota Oliver à l'intention de sa camarade.

- Chut, lui répondit-elle blasée.

Le grand fauteuil en cuir se retourna dans un crissement désagréable. Au fond de l'assise rebondie se tenait un petit homme à la mâchoire carrée. Il était minuscule, rien à voir avec l'image qu'Oliver avait de lui deux minutes plus tôt.

- Virée de cours, hein ? Et pour quel motif ? Gronda le nain.

- Euh... De ce que j'ai compris, elle a blessé une fille de la classe.

Le directeur ajusta ses lunettes et débouchonna son porte-plume doré.

- Encore vous, mademoiselle Kaspov ? L'incident de l'an dernier ne vous a donc pas suffi ? Je vous avais pourtant prévenu que si vous reveniez dans ce bureau, je ne vous ferais pas de cadeau...

Soudainement , comme un chant d'alouette s'élevant brièvement dans un temple sacré d'Edo, la voix d'Oliver résonna dans la pièce.

- Monsieur le directeur ! Alisha n'a rien fait !

- Oliver, qu'est-ce que...? S'étonna la châtaine.

Le petit homme fronça les deux chenilles lui servant de sourcils.

- Qui êtes-vous, jeune homme ?

Oliver avala sa salive en voyant le regard peu rassuré de Nicolas. Mais il reprit ses moyens sitôt que ses yeux rencontrèrent les pupilles sombres de son amie.

- Je suis dans la même classe qu'Alisha. J'ai tout vu, elle n'a rien fait de mal.

Le directeur observa les trois enfants intensément pendant plusieurs longues secondes.

- Sortez tous les deux, conclut-il. Mais restez devant la porte, je vous appellerai dans un instant.

Hésitants, les garçons jetèrent un coup d'œil à leur collègue. Celle-ci se contenta d'opiner du chef pour les rassurer.

Alors que Nicolas refermait la porte du bureau derrière lui, il vit le directeur prendre son téléphone et composer un numéro. Il allait sûrement appeler la professeure de sport pour avoir sa version de l'histoire. En pensant à cela, le lycéen avait la désagréable impression d'abandonner une camarade à un sort qu'elle ne méritait pas...

***

Première fois qu'il y a du suspense dans ce bouquin, ça se fête ! Spéciale dédicace à Tatitatialu , ma p'tite patate que j'kiffe.