ᶠfͦuͦˡll of emptiness ⇝

𝕃𝕖 𝕤𝕚𝕝𝕖𝕟𝕔𝕖 𝕔̧𝕒 𝕔𝕒𝕤𝕤𝕖 𝕝𝕖𝕤 𝕠𝕣𝕖𝕚𝕝𝕝𝕖𝕤

LoUdEr ThAn BoMbS

Tic

Tac

Les minutes passent

Les aiguilles font lentement le tour du cadran

Et elles aussi, elles tournent en rond

Mais la différence entre elles et toi

C'est qu'une aiguille, peu importe le nombre de tours qu'elle fera

Ne deviendra pas folle, au final

Même avec la routine la plus infernale

***

Alisha avait réussi. Elle avait fait un panier dans la poubelle à quinze mètres de distance. Son record du mois était jusque là de onze mètres, et il venait d'être battu avec brio. 

La sphère de papier avait survolé les tables et les chaises de la salle d'étude, comme une petite mésange voletant entre des pétales de cerisiers. Puis elle avait gracieusement atterri dans la corbeille solitaire trônant au pied du tableau blanc.

Un sifflement harmonieux retentit derrière elle.

- Joli~

La jeune fille se retourna, surprise. Ce n'était pas la voix d'Oliver, ça.

- Tu t'amuses toute seule ? Demanda le nouveau venu.

Elle le reconnaissait. C'était le grand garçon qui était avec Théa dans le couloir. Celui dont la curiosité malveillante l'avait frappé tout autant que les pupilles bleues emplies de mesquinerie.

Alisha se retourna dos à lui, pas intéressée le moins du monde par le fait d'adresser la parole à cet enfant du mal. Elle ne le connaissait pas, certes, mais elle sentait que malgré son apparence d'ange de la lune il n'était pas ce genre de personne bénéfique à son entourage.

"Comme si toi tu l'étais", ironisa sa conscience.

Voyant que sa question allait rester en apesanteur dans la pièce, le garçon quitta l'encadrement de la porte et s'installa devant Alisha, à sa diagonale.

- T'es pas très bavarde comme fille, j'me trompe ?

- Hmm.

La châtain sortit des cahiers de son sac, histoire de pouvoir éviter de lui parler en faisant semblant de travailler. Le jeune homme se mit à l'observer du coin de l'œil.

"Elle est vraiment jolie... Pensa-t-il. Tout à fait mon style."

Alisha était jolie, c'était vrai, mais elle ne le savait pas. À vrai dire, peu de personnes dans ce monde avaient la chance de savoir à quel point elles étaient belles. Car même quand on est beau pour les autres, il est difficile de ne pas voir nos propres défauts. Alors les petits détails, les petites imperfections qui pourraient apparaître comme des charmes pour notre entourage, ils nous apparaissent à nous comme des choses laides. Et il n'est pas aisé d'ôter toute cette soit-disant laideur de nos yeux lorsqu'on se regarde dans un miroir, comme si on se voyait au travers d'un filtre grossissant nos complexes.

Alors si ce garçon, ou n'importe qui d'autre, avait dit à Alisha "tu es belle", elle ne l'aurait pas crû. Au contraire elle se serait sentie insultée, et il n'y a rien de pire qu'une Alisha qui se sent insultée. Un coup est vite parti dans ce genre de situation.

Alors heureusement ou malheureusement, ce matin-là, le brun garda ses pensées dans son cerveau.

- T'es toujours ici, le mercredi à 8h... remarqua-t-il. Pourtant ta classe ne commence les cours qu'à 10h, n'est-ce pas ?

- Mmh.

- Alors... pourquoi est-ce que tu viens aussi tôt ?

La jeune fille leva la tête.

- C'est comme ça.

Puis elle reporta mollement son regard sur son interro de maths.

Alors que jusque là le désintérêt dont la lycéenne avait fait preuve l'amusait plus qu'autre chose, le garçon commençait à éprouver de la vexation face à tout ce manque de politesse. Cependant il ne se laissa pas abattre.

- C'est une copie de maths ? Demanda-t-il. Si tu veux de l'aide, je suis assez fort en maths.

Alisha, d'un air blasé, retourna sa copie de sorte à ce qu'il puisse voir sa note. 17 sur 20 était entouré en rouge sur le haut de la page.

- Wouah ! C'est le bac blanc ? Il était hyper dur, la moyenne de ma classe est de 8 !

- Hmm.

Le lycéen se renfrogna un peu.

"Cette fille est agaçante. Se dit-il. Mais elle est jolie, donc je suppose que ça peut l'excuser."

Réprimant un sourire dans un souffle discret, il sortit alors lui aussi ses affaires, ouvrit son trieur aux bords abîmés puis choisit avec soin une copie : celle de philosophie. Il avait eu 20/20 à la dernière dissertation.

"Pourquoi est-ce qu'il travaille sur une copie où il a eu 20 ? Se dit Alisha. Il veut se la péter ?"

Levant les yeux au ciel, elle termina de noter la correction de l'exercice où elle avait perdu trois malheureux points et rangea ses feuilles. 

"Pourquoi est-ce que je fais semblant de bosser juste parce qu'il est là ?" se rendit-elle compte.

Alors elle sortit son casque et le brancha à son portable.

- C'est quoi les musiques que tu aimes ?

Alisha se stoppa dans ses gestes. La question était sortie de nulle part et résonnait étrangement.

- Pourquoi tu demandes ? Tu me veux quelque chose ?

- Quoi ? Non, c'était juste pour essayer d'engager la conversation...

- Pourquoi on engagerait une conversation tous les deux ? On est amis ? J'connais même pas ton prénom.

Le garçon se redressa sur sa chaise en étirant un sourire charmeur. Ses fossettes ressortaient joyeusement sur ses pommettes.

"Pourquoi est-ce qu'un mec aussi pourri a le droit d'avoir une gueule d'ange pareille ? Quel gâchis, franchement." s'agaça Alisha.

- Tiens c'est vrai ça, je ne t'ai pas dit mon prénom. Alors ça restera un mystère, appelle moi juste "le beau garçon de la TS4".

- Je ne vois pas pourquoi je t'appellerai. 

Et disant cela, elle enfonça son casque sur ses oreilles.

Bouffon, va.

L'heure se termina ainsi : dans un silence dépité mais amoureux pour "le beau garçon de la TS4", et dans l'écoute du vide pour la fougueuse Alisha. Cette dernière avait rabattu sa capuche sur sa tête et enfoui son visage dans ses avant-bras. Il n'y avait qu'ainsi elle pouvait vraiment se sentir protégée du monde...

***

Je dédicace ce chapitre à plumesurlafeuille ! Merci pour tes messages et tes votes trop mignons ❤

Et LyseKrollson j'ai pas oublié ton challenge, tu verras ça dans la suite de l'histoire petite Purpanaise (BOUH PURPAN) 😉