Chapitre 3

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Une fois que j'ai pu prendre une douche pour me décrasser de tout ce sang d'humain, je descends l'escalier massif pour retrouver Ahriman, Menthaïs et Devil dans le salon. Quand je passe l'embrasure, elle se lève sans raison apparente et semble tout de suite gênée de ce qu'elle vient de faire. Je souris avant d'aller la prendre dans mes bras ; elle ne comprend pas pourquoi je fais ça sûrement car elle a un léger mouvement de recul.

- Merci de me l'avoir ramené.

Je peux la sentir sourire à son tour et me rendre mon étreinte. Je me recule et me tourne vers Ahriman qui a toujours le regard fixé sur la cheminée. Devil parle avec lui de tout et de rien, sûrement pour savoir ce qu'il a pu louper comme souvenir qui me concerne ou tout simplement pour rattraper le temps perdu. Je me dirige vers la cuisine pour prendre un verre d'eau et allume la télévision deux minutes le temps de voir les informations. Une fois l'écran ouvert, un animateur se met à parler à une vitesse hallucinante et j'ai du mal à assimiler le sujet du reportage.

- ... Dans l'après-midi, trois jeunes hommes ont été retrouvés éviscérés dans l'ouest de l'Arizona. Une enquête est mise en place par le procureur pour savoir qui peut être à l'origine de ces meurtres.

Je ferme le téléviseur d'un coup sec et regarde dans le salon pour savoir s'ils n'ont rien entendu de suspect, mais je n'entends que des éclats de voix, voire même des rires. Il ne faut pas que je traîne dans les parages le temps qu'ils étouffent cette affaire. Je me creuse la tête pour savoir quoi faire pour me sortir de là et repense à ce que j'ai pu entendre hier. Je pose mon verre que je n'ai même pas bu et vais m'appuyer sur l'embrasure des portes du salon.

- J'ai peut-être une piste pour retrouver mon père.

Les trois personnes de la maison se retourne vivement vers moi en me regardant comme si j'étais folle. J'ai longuement réfléchi durant ces six mois et je pense que je n'arriverai pas à vaincre Elios si je ne sais pas d'où je viens. On me raconte des histoires pas possible sur comment j'ai atterri sur Terre mais aucune ne ressemble à la vérité ; a part m'être retrouvée dans les bras d'Ahriman après la fuite de mon père, je n'ai rien qui me lie à mon passé. Je sors la carte de la ville de ma poche et la déplie devant tout le monde sur la table du salon.

- Depuis plusieurs semaines, je n'arrête pas de faire le tour de la ville pour savoir s'ils connaissaient un certain Kallias mais personne ne m'a donné des réponses satisfaisantes. Sauf une personne ; une vieille dame habitant près de chez mon ancien foyer qui m'a dit qu'elle l'avait connu il y a des années et qu'il habitait dans l'ouest de la ville.

- Clara, c'est trop dangereux... commence Devil.

- Si tu savais les choses dangereuses qu'elle fait depuis six mois, tu ferais une crise d'angoisse, réplique Ahriman avec un léger sourire sarcastique.

Je ris en le voyant faire une grimace. Je replace ma veste en jean que je ne quitte plus depuis des mois, c'est un peu devenu ma marque de fabrique (si on enlève mes cheveux rouges et mes yeux violets). Il est vrai que je deviens assez reconnaissable à présent.

- Si vraiment il y a une infime chance qu'il soit là-bas, je veux tenter le coup.

- Mais qui te dit que ton père voudra te voir ? Ou même peut-être qu'il te déteste ? demande Menthaïs.

- Il pourra pas me détester plus que ma mère. Et s'il l'a fui le jour de ma naissance, c'est qu'il ne l'aimait pas tant ça.

- Qui t'a dit qu'il s'était enfuit ? Questionne Ahriman, les sourcils froncés.

- Ma mère. Elle n'arrête pas de le traiter de lâche et de dire qu'il n'a pas assumé sa responsabilité de s'occuper de nous dès qu'il a su que Elios était enceinte.

Ahriman regarde ailleurs, l'esprit dérangé par quelque chose comme s'il se retenait de dire une bêtise. Au bout de quelques instants, il va s'asseoir dans le grand fauteuil de cuir et me fixe tout en continuant sa réflexion.

- Quand tu es née, il y a de ça une vingtaine d'années, il y a eu une guerre entre les anges et les démons. Avant, nous vivions dans une harmonie très stricte pour que nous puissions nous fondre avec les humains et un ange a enfreint la loi, puis deux. Donc les démons ont commencé à faire pareil alors nous étions en danger car notre couverture était en train de disparaitre. Nous avions beau nous mélanger avec le commun des mortels, nous agissions comme tel. Mon pouvoir était minime à l'époque car c'était ma femme qui dirigeait les choses et elle n'a jamais rien fait pour changer la donne. Il y avait de plus en plus de morts suspectes répertoriées chez les humains et notre vie commençait à être menacée. J'ai participé à cette guerre, et la seule chose dont je me rappelle après la fin de cette bataille sanglante, c'est d'un soldat angélique à moitié mort qui sonna à ma porte avec un bébé endormi dans les bras. Ce bébé, c'était toi. Il m'a dit qu'on devait te protéger, que tu étais le salut de la paix entre anges et démons. Je n'ai pas pu en savoir plus car il est mort au moment où tu as quitté ses bras.

Je tombe sous cette information, je me retrouve assise sur le tapis du salon en essayant de remettre les données que Ahriman vient de me fournir dans l'ordre : le salut de la paix entre les anges et les démons ? Je n'étais qu'une enfant et en plus retrouvée dans les bras d'un ange. Pourquoi avoir voulu me donner au camps ennemi si j'étais dans les mains d'un soldat angélique, et par conséquent en sécurité ?

- Comment savoir qu'elle était vraiment importante ? Demande Menthaïs. Elle aurait pu être une enfant humaine.

- Quand je l'ai récupérée, je le pensais aussi. Je me voyais déjà te donner à un orphelinat humain car le soldat c'était sûrement trompé, parmi tous les enfants qui ont participé à la guerre malgré eux beaucoup sont morts : il a sûrement voulu protéger son enfant avant de mourir. Tu as dormi à point fermé pendant quelques heures juste après t'avoir trouvé sur le pas de ma porte, quand tu as ouvert les yeux pour la première fois devant moi.

Il marque un temps et je m'attends au pire. Ou enfin à quelque chose qui me dira d'où je viens, qui me fera avancer sur ma recherche de mon passé. Je bois les paroles d'Ahriman et le presse presque à me dire la suite.

- Tu avais les yeux violets, Clara.

- Quoi ?

- Tu avais les yeux de couleur violette comme ceux que je peux voir en ce moment même. C'est à ce moment-là que j'ai appelé Théo et Devil ; quand ils sont arrivés je leur ai donc demandé de te protéger.

- J'ai été le premier à te prendre dans mes bras, explique Devil. Et quand on s'est retrouvés les yeux l'un en face de l'autre, tu m'as souri et tu as posé tes petites mains sur mes joues. C'est là que le lien a été créé, Théo me le reprochait pendant des années et a longtemps été jaloux du lien que j'ai pu avoir avec toi sans le vouloir, dont vient sa possessivité envers toi. Et quand tes yeux ont fixé les miens, ils ont changé de couleur, ils sont devenus bleu ciel comme ceux que tu avais avant l'épisode d'Athénaïs.

Voilà pourquoi Elios me recherche autant, elle a dû écouter la prophétie qu'il y a eu sur moi et veut sûrement m'utiliser pour arriver à ses fins. Je me relève rapidement, attrape la carte et la range dans la poche intérieure de ma veste en jean.

- Allons voir mon père, je dis en fixant Devil.

Il me sourit avant de se lever à son tour du canapé où il était assis et vient me prendre la main.

- Je t'accompagne, princesse. 

Angélique (en réecriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant