Chapitre 4

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Je regarde la porte mais ma main refuse de frapper, de peur de ce que je peux trouver derrière. Je sens une main replacer une mèche de mes cheveux encore légèrement humide derrière mon oreille

- Il ne va rien t'arriver, tu sais. Tu vas juste le rencontrer.

- Et s'il ne veut pas de moi ?

- Au moins on sera fixé. Tu n'es pas toute seule dans tous les cas, je suis là.

Je souffle un coup pour me donner du courage et réguler mon rythme cardiaque. Je frappe avant que le stress ne m'envahisse de trop et j'entends des pas derrière la porte. Une clé tourne dans la serrure et un visage plutôt jeune apparait devant nous. Un jeune homme, assez musclé dans un t-shirt blanc cassé, des cheveux blanc argenté en bataille, nous toise tout d'abord tous les deux. Avant de nous demander d'une voix assez douce pourquoi nous sommes là et ce que nous voulons. Je me racle la gorge plusieurs fois avant de pouvoir sortir un son correct de ma bouche. C'est dingue comme j'ai perdu toute assurance et confiance en moi en quelques minutes.

- Nous cherchons un dénommé Kallias, vous ne saurez pas où on pourrait le trouver ?

L'inconnu semble étonné de ma question et fronce les sourcils deux secondes avant de me sourire d'une manière un peu sensuel. Devil ne semble pas trop d'accord avec ce type d'approche car je sens sa main se resserrer dans la mienne, ce qui me fait légèrement sourire intérieurement.

- Mon frère n'habite plus sur Terre depuis des années.

- Votre frère ?

Alors ce serait mon oncle ? Il me semble vachement jeune, si on prend en compte l'espérance de vie des anges et démons qui ne fonctionnent pas comme celle des humains. Son sourire a disparu et je le vois regarder mes cheveux en détail, puis mes yeux et me parler d'une voix légèrement moins douce que tout à l'heure.

- Tu es Clarabelle, n'est-ce-pas ?

- Kallias est mon père, j'ai besoin de le retrouver.

Je le vois soupirer comme s'il n'avait pas besoin de notre visite aujourd'hui, et son visage se fronce sous une certaine méfiance. Il sort du palier pour regarder dans le couloir si personne ne nous a vu je suppose et il nous invite à rentrer chez lui. J'ai a peine passé un pied dans son appartement que je suis agressée par la lumière qu'il peut produire : aucune couleur sombre, tout est blanc ou alors de couleur pastel. Je sais pas si je suis au paradis ou dans un hôpital ; ce qui est sûr c'est qu'il serait malheureux en enfer s'il ne supporte pas le noir. Notre hôte se dirige vers la cuisine à notre droite en nous demandant si on veut boire quelque chose.

- Les démons boivent de la bière ou pas ? Il demande en regardant Devil d'un œil malicieux.

Je vois le concerné se détendre et accepter la boisson que le jeune homme lui propose, ce qui le fait me lâcher la main pour aller vers le comptoir : il aura fallu qu'on lui donne de l'alcool pour qu'il s'éloigne de moi, si je l'avais su avant de vendre mon âme au diable. Je rigole en le voyant limite heureux avec sa boisson et me dirige vers la baie vitrée du salon et regarde à l'extérieur. J'entends les deux garçons s'asseoir sur le canapé crème derrière moi et ils ont l'air de bien s'entendre j'ai l'impression.

- Comment tu t'appelles ? Je lui demande en tournant la tête vers lui.

- Gabriel.

Je souris et vais m'asseoir à côté de Devil. J'ai tellement de questions à lui poser, tellement de choses à savoir mais je ne sais pas par où commencer. J'allais réfléchir à quelque chose à lui demander quand il me prend de court en me posant d'abord une question.

- C'est toi la cause de toutes ces morts suspectes, en ce moment ?

Je le regarde quelques secondes avant de tourner le regard, comme un enfant qui vient d'être pris en pleine connerie. Il se met à rire en voyant ma réaction avant de reboire une gorgée de sa bière.

- Ne te fais pas de bile parce que je t'ai demandé ça, les anges ont fait bien pire que toi pendant la guerre.

Il a l'air d'être une personne qui a vécu des choses atroces mais qui les cachent, qui les dissimulent avec l'humour ou le sarcasme. Ça me rappelle beaucoup la mentalité de Devil, toujours à tout montrer en dérision et ne pas cacher qu'il va mal. C'est peut-être pour ça qu'ils s'entendent bien, ils se comprennent. Je prends la bière de Devil de ses mains et lui arrache une gorgée ; il me regarde avec des gros yeux ce qui me fait rire. Je me tourne vers Gabriel et essaye de faire un plan précis des questions que je veux lui poser.

- Tu as parlé de la guerre, tu sais ce qui est arrivé à mon père quand ça s'est terminé ?

- On a été séparé juste avant la fin de cette guerre de merde, il me raconte en plaçant ses coudes sur ses genoux. J'étais commandant à cette époque, donc assez haut gradé pour être obligé de rester sur le front quoi qu'il arrive. Mon frère, c'était un peu plus compliqué.

Je fronce les sourcils et lui demande plus d'explications. Je vois dans ses yeux que reparler de tout ça, est douloureux et qu'il évite d'en dire de trop pour avoir à se justifier mais je n'ai pas d'autre choix d'en savoir plus si je veux m'en sortir et libérer tout le monde du danger que représente Elios.

- Tu ne viens pas d'une famille de roturiers, Clara. Autant du côté de ta mère que de ton père.

Je savais déjà que ma mère avait du sang noble, vu qu'elle était considéré comme une déesse. Et si j'ai sur moi une prophétie qui me dit que je suis le salut de la paix, c'est que mes deux parents ne sont pas n'importe qui, en effet.

- Tout ce dont je me souviens, continue Gabriel. C'est d'avoir vu Kallias se faire ramener de force dans le jardin d'Eden par des soldats angéliques en criant deux prénoms : Nickolaï et Clarabelle. Et je ne suis plus jamais retourné là-bas de peur de croiser son regard ou alors d'être radié du monde angélique.

Les forces angéliques auraient donc réussi à m'arracher des griffes de ma mère mais pas Nick. D'où son endoctrinement et le fait qu'il soit devenu aussi maléfique qu'il ne l'est. Gabriel se retourne vers moi et je peux voir à quel point il est désolé.

- J'étais jeune à l'époque, le sens des responsabilités au niveau familial n'était pas ma priorité, je ne pensais qu'à ma carrière mais je regrette tellement d'avoir laissé les enfants de mon frère sans avoir agi. Je n'ai même pas pensé une seconde à voler à votre secours. J'ai été gracié après la guerre, j'aurais pu vous élever si j'avais pas agi comme un petit con.

Je le vois serrer la mâchoire. Alors il a gardé ça pour lui pendant vingt ans ? Je souris tristement.

- Comme tu as dit, tu étais jeune, je le rassure. Et on est en vie mon frère et moi, on a survécu. Même si sa puissance primaire est les ténèbres, ça n'empêche pas qu'il reste quelqu'un de bon au fond de lui et que je peux le sortir des ailes de ma mère.

- Tu es sûre de toi, là ? Après tout ce qu'il t'a fait subir ? Me demande vivement Devil, les sourcils arqués.

- Je suis liée à lui. Même si je voulais qu'il meure, je ne pourrais pas le tuer. Et c'est pareil de son côté ; le nombre de fois où il pouvait m'éliminer mais il ne l'a pas fait.

Je me tourne vers Gabriel et me prépare à organiser un plan adéquat pour éviter de mettre tout le monde en danger.

- Bien, explique moi comment accéder au Jardin d'Eden maintenant. 

Angélique (en réecriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant