Chapitre 8

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- Qu'est-ce que vous lui avez fait ?! je hurle.

- Il a eu ce qu'il méritait, il rétorque calmement.

J'allais avancer vers lui mais Devil me retient par la taille. J'essaye de calmer ma colère pour éviter de l'étriper vivant ; j'ai besoin de lui pour récupérer ce qu'il reste de mon père. Le vénérable soupire de frustration avant de se tourner vers Michael.

- Sergent, veuillez amener notre invité dans un des appartements principaux du jardin. Je sens que Clara ne repartira pas sans quelques explications.

Je serre les dents mais ne dis rien en le voyant aller dans mon sens : au moins, il a compris mes intentions. Devil, qui me tenait encore par la taille, enlace ses bras encore plus autour de celle-ci et m'embrasse légèrement dans le cou. Je le sens s'éloigner de moi mais ne quitte pas le Vénérable des yeux. Je ne me fais pas de soucis pour Devil, il est assez grand pour se défendre et j'ai confiance en Michael : je sais qu'il ne lui fera pas de mal. Je suis Loïd sans discuter et nous arrivons bientôt sans ce que je suppose être son bureau. Il va s'asseoir derrière celui-ci et m'invite à me placer devant lui ; je m'approche de son bureau mais reste debout. Il joint ses mains sur la table et me fixe avec gravité.

- Nous ne sommes pas ennemis, Clara

- Nous ne sommes pas amis non plus, Vénérable, je rétorque en croisant mes bras sur ma poitrine.

- Vous ne pouvez pas sauver votre père. Et même si je le voulais, je ne pourrais pas le libérer.

Je fronce les sourcils et tourne les yeux vers les cadres qui ornent cette pièce. Je m'approche d'un tableau et vois une peinture avec un ange et un démon tenant un bébé dans leur bras ; ses ailes sont grises et ses yeux d'un violet perçant. J'effleure le tableau de mon index et une phrase dorée en latin apparaît en dessous : quand l'enfant sera née, union d'un roi et d'une reine, la paix sera déclarée.

Je me retourne vers le Vénérable qui a l'air lassé que je mette mon nez un peu partout. Alors mon père n'était vraiment pas n'importe qui.

- Vous avez enfermé mon père alors qu'il était votre supérieur ?

Il soupire et se lève pour se mettre face à la fenêtre, plaçant ses mains dans son dos.

- Vous savez, mademoiselle Smith. Ma fonction engage des responsabilités et j'ai fait ce qui me semblait le mieux pour votre père. Il était instable quand on l'a récupéré après la guerre.

- Vous mentez, Kallias allait très bien avant que vous l'enfermiez. C'est le fait que j'existe qui vous a poussé à lui faire subir tout ça, à cause d'une simple prophétie vous avez foutu sa vie en l'air. Et il est hors de question que je vous laisse le torturer plus longtemps.

Je me retourne pour aller vers la porte et une fois que ma main se trouve sur la poignée, Loïd m'interpelle.

- Vous savez que chaque personne présente sur le Jardin d'Eden m'écoute et m'obéisse au doigt et à l'œil. Et je doute que vous vouliez que je leur ordonne d'attaquer les démons à cause de vous.

Je me retourne lentement, ébahie de ce que je viens d'entendre.

- Vous tuerez des personnes innocentes pour rester au pouvoir ?

- Je suis capable de tout pour que Kallias reste enfermé, je vous accepte au Jardin à la seule condition que vous obéissiez à mes lois. Et je suis certain que vous ne voulez pas voir votre petit-ami battu à mort sur la place publique.

Mon cœur rate un battement. Alors le monde angélique n'est pas aussi doux que je le pensais, c'est même une véritable dictature. J'acquiesce sans grande conviction et sors de son bureau la boule au ventre : il faut que je trouve Devil au plus vite. Je trouve un gardien et lui demande où sont les appartements principaux ; une fois m'avoir toisé de haut en bas, il m'indique la direction de son bras. C'est dingue, le jardin est rempli de militaire armé et pourtant je ne me sens absolument pas en sécurité. Je vois que le soleil se couche lentement et passe derrière les arbres en fleurs.

Je rentre par la seule porte où il y a de la lumière et trouve Devil allongé dans le lit, les mains derrière la tête. Quand il m'entend rentrer il se redresse sur ses coudes et affiche un grand sourire

- Ma petite hybride est enfin là.

- Fais gaffe, tu commences à perdre ton tempérament démoniaque et à montrer tes émotions, je réplique en rigolant et en allant m'asseoir à côté de lui.

- Comme les anges n'ont jamais été aussi sage comme des images comme on le prétend depuis des années.

- Et je viens d'en avoir la preuve, je lâche en soupirant et en m'allongeant.

Il se penche au-dessus de moi et replace une mèche derrière mon oreille. Je commence à sourire à son toucher quand je me rappelle des paroles de Loïd ce qui me fait froncer les sourcils. Devil le remarque et me demande ce qui me tracasse. J'attends quelques secondes avant de lui murmurer.

- Fais attention à toi, s'il te plait.

Il place une main sur ma taille pour m'attirer un peu plus près de lui, ce qui me fait rire nerveusement. Son front vient se poser sur le mien, sa main droite parcourant mon avant-bras. Est-ce vraiment raisonnable de m'abandonner à lui maintenant ? Je lui dis que j'ai peur pour lui, que j'ai peur de le perdre mais il me coupe en posant ses lèvres sur les miennes. Instinctivement, ma main vient se poser sur sa joue et la pression de sa main sur ma taille augmente. Il se recule légèrement et me fixe droit dans les yeux

- On t'a déjà dit que tu parlais trop ?

Je me mets à rire mais il me coupe encore une fois en m'embrassant de nouveau. Je ne peux plus le nier, sa présence m'a beaucoup trop manqué et j'ai besoin de lui près de moi pour réussir cette mission. 

Angélique (en réecriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant