Chapitre 5

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Ça fait maintenant dix minutes que je tourne autour de la table de salon en réfléchissant. Devil commence à râler mais je ne relève pas. Il s'énerve une nouvelle fois ce qui me fait me stopper dans mon mouvement.

- Bon tu veux bien rester en place, tu commences à m'angoisser aussi pour rien.

- J'angoisse pas, je réfléchis, je lâche en revenant m'asseoir à côté de lui.

Gabriel est au téléphone avec une de ses connaissances et de la langue que j'entends, ça a l'air d'être du français : c'était donc ça son petit accent. Je ne me suis jamais sentie aussi proche de retrouver mon père depuis six mois et je sens comme une bouffée d'air frais m'envahir. Il raccroche et reviens vers nous, le sourire au lèvres. Il a l'air d'être aussi enthousiaste que moi, comme si ses talents de stratèges de guerre revenaient à la surface d'un coup.

- Aucune manière que ça ne marche pas. Le passage a été ouvert il y a des années et il est libre de circulation.

- Donc on a juste se rendre en France ? je demande, de plus en plus impatiente de pouvoir bouger de ce pays.

- Mais pas que, continue Gabriel en dépliant une carte de la France devant nous. La logique voudrait que le passage vers le Jardin d'Eden se trouve sur le plus haut sommet du monde, sur les chaines de l'Himalaya mais les anges ont réussi à récupérer leur droit de possession sur le passage et il se trouve au Mont Blanc. Le seul souci qui se pose devant vous, et c'est mon ami au téléphone qui me l'a confirmé c'est que les frontières de téléportation, elles, sont fermées.

- Ca veut dire quoi concrètement ? demande Devil.

- Ça veut dire qu'on va devoir prendre l'avion, je rétorque en lui souriant.

Je le vois faire une mine effarée ce qui nous donne un fou rire à tous les deux. On se lève pour pouvoir partir et faire les préparatifs pour notre virée en France. On remercie Gabriel de l'aide qu'il a pu nous apporter et une fois à deux pas du palier, je sens sa main prendre mon bras pour m'obliger à me retourner vers lui. Il semble gêné car il se gratte la nuque et me parle à voix basse comme s'il voulait que je sois la seule à entendre ce qu'il dit.

- Dès que tu seras revenue sur Terre, tu viendras me donner des nouvelles de lui ?

- Je ferai mieux que ça, je te le ramènerai.

Il me sourit, ce que je lui rends avant d'être entrainée de force à l'extérieur par Devil. Que le voyage commence.

***

Nous voilà enfin arrivé à l'aéroport, accompagnés d'Ahriman et de Menthaïs qui ont absolument souhaité venir avec nous. Ahriman nous a dit qu'il avait un chalet à la montage en France et qui était, comme par hasard, situé à quelques kilomètres du Mont Blanc ; des fois les coïncidences sont incroyables. Ils ont dit qu'ils resteraient tous les deux sur Terre et interviendront au cas où les choses tourneraient mal et ça me rassure quand même d'avoir un point d'appuis si les événements dégénèrent. Nous arrivons devant un guichet et Ahriman se précipite pour parler à la secrétaire. Je regarde Menthaïs qui s'empêche de rire aussi ; il agit comme un enfant qui attend de sortir dehors profiter du soleil.

- Bonjour mademoiselle, je suis en voyage avec mes enfants et on aimerait avoir quatre places pour Paris s'il vous plait.

La jeune femme nous toise tous les quatre avec dédain avant de vérifier sur son ordinateur, pour lancer avec arrogance.

- Je suis désolée mais tous les vols pour Paris sont complets avant demain.

- Vous êtes sûre qu'il ne reste pas quatre petites places ?

Je sais exactement ce qu'il est en train de faire car il l'a fait plusieurs fois devant moi et je souris déjà d'avance de ce qui va se dérouler. La secrétaire se fige, perd toutes émotions sur son visage, ses yeux deviennent vides ; elle devient un véritable automate. Elle tourne le regard, tape sur son clavier et sort quatre billets qu'elle tend sur le comptoir. Ahriman les prend, et quand il brise le contact visuel, la jeune fille reprend ses esprits. Je me tourne vers lui, amusée alors que nous nous dirigeons vers l'embarquement.

- Tu n'avais pas interdit à tes enfants d'hypnotiser les gens pour arriver à tes fins ?

- Ce n'est pas comme si mes enfants écoutaient toujours ce que je leur disais, il rétorque avec un sourire satisfait.

Nous nous plaçons dans la file d'attente et plus on avance, plus je vois Devil pâlir. Je suis son regard et vois que le personnel vérifie l'identité de chaque personne qui passe le portique. Je tourne son visage vers moi et lui dis que tout va bien se passer.

- Clara, tu es déjà assez reconnaissable comme ça, alors si on surveille ton identité tu es morte.

- Tu connais vraiment très peu des pouvoirs d'Ahriman à ce que je vois, je lui dis doucement.

- Vos papiers, mademoiselle ?

J'empêche Devil de rétorquer en lui attrapant la main et de l'autre je sors mes papiers. Le garde me regarde, puis inspecte ma carte d'identité avant de froncer les sourcils.

- Elizabeth Grimmer ?

J'affiche mon plus beau sourire en acquiesçant ; jouer les greluches n'a jamais été mon fort mais quand il le faut. Le gardien me rend mon sourire et me souhaite un bon voyage avant de nous laisser passer. Une fois qu'on se trouve dans le hall, à l'abri des regards, Ahriman se met à rire et passe son bras autour de mon épaule. Devil est totalement perdu, ce qui me fait un peu de peine.

- Tu vois, je t'avais dit que ça allait marcher le coup de la petite américaine modèle, réplique Ahriman.

- Elizabeth Grimmer ? Répète Devil, tandis que Menthaïs rigole en arrivant derrière nous.

- Je l'ai ensorcelé pour qu'au yeux de tout le pays américain, elle apparaisse en une blondinette au yeux bleus absolument adorable et au casier judiciaire totalement vierge, explique le dieu des enfers. Tu crois vraiment que je la laisserais faire ses petites affaires aux yeux de tout le monde depuis six mois alors qu'elle est recherchée dans tout le pays pour son importance ?

Devil soupire et semble totalement dépité. Il pointe le doigt vers Ahriman d'un geste qui se veut menaçant je suppose.

- Plus aucune cachotterie tous les deux, il menace sous nos rires. Et pourquoi tu m'en as pas parlé plus tôt de ce changement d'identité ? Il sort en se tournant vers moi.

- Parce que j'adore te voir paniquer pour moi, trésor, je réplique avant de passer mon bras sous le sien.

Angélique (en réecriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant