Angélique (en réecriture)

Chapitre 26

[Clara]

Le lendemain matin, je suis sur Terre après avoir passé une nuit quasiment blanche ; qui aurait cru que j'aurais encore eu la possibilité de m'endormir dans un lit suite aux événements de la veille.

Quelques minutes après la mort d'Elios, son corps a été brûlé et son âme est sûrement descendue plus bas que Terre. Mon père a refermé la salle du purgatoire dans laquelle ma mère nous avait enfermé et on a rejoint l'Eden. Loïd, quant à lui, a dû avouer ses péchés devant le peuple angélique et il passera l'éternité enfermé, si ce n'est plus. Mon père pourra donc retourner sur le trône et le cours de nos vies reviendront à la normale.

Sortant de mes pensées, je regarde la rue dans laquelle je me trouve et remarque que je suis à deux pas de mon ancienne maison ; je m'approche en voyant un panneau à vendre à moitié déchiré. Plus je m'avance et plus la maison me paraît abandonnée. Prise d'un élan de curiosité, je tourne la poignée de la porte d'entrée et rentre lentement dans la maison. Les meubles sont encore là, une couche de poussières bien présente un peu partout m'indique que le lieu n'est plus habité depuis des années.

Revenir ici me fait ni chaud ni froid, et pourtant je ne peux pas m'empêcher d'avoir une boule au ventre quand je me souviens de l'enfance que j'ai pu avoir dans cet endroit. Je ne me considérais pas comme malheureuse : j'avais un toit au-dessus de ma tête, à manger tous les jours. Ce que j'ai vécu, ce que je suis devenue aujourd'hui me semble irréel : si je raconte cette histoire à quelqu'un, il me dira sans doute que j'ai énormément d'imagination. La Clara de dix-sept ans aurait totalement pu inventer cet univers dans le but de s'évader de son petit quotidien morbide mais tout ceci est bien réel.

Je suis dans mon ancienne chambre, des cartons sont empilés un peu partout (dont certains ont sûrement dû être pillés par des squatteurs) Je m'avance près de la fenêtre quand je sens un souffle frais dans mon dos. Je souris et me retourne pour lui faire face.

- Je savais que tu viendrais me dire au revoir.

Nick sourit à son tour. Il a les traits de son visage beaucoup moins crispés par l'anxiété, le visage plus souriant et les yeux tellement plus bleus. Les années m'ont fait réfléchir sur ses actions et ce qu'il a pu faire pour me pourrir la vie pendant des années : on a tous une importance dans ce qu'on décide de faire subir aux autres, et il sait que je lui en voudrais toujours pour la souffrance qu'il m'a donné. Mais d'un côté, est-ce que je n'aurais pas réagi de la même façon si ma vie était menacée par ma propre mère ? Il secoue ses cheveux de sa main en signe de gêne avant de se tourner vers moi comme s'il attendait quelque chose de ma part. Je soupire un grand coup avant de lui dire droit dans les yeux.

- Je te pardonne.

Il relève la tête, à la fois surpris et heureux de ce qu'il vient d'entendre. Pourquoi se faire la guerre et l'empêcher de rester en paix quand on peut simplement pardonner ce qu'il s'est passé ? Je pense prendre ma retraite au niveau des malheurs et de commencer à avancer sans se préoccuper de ce qu'il y a derrière moi. Il lève les yeux au ciel avant de me dire qu'il doit y retourner et que son passage sur Terre était juste pour venir me voir. Il se retourne et un portail apparaît mais juste avant d'entrer il tourne la tête vers moi.

- Commence à vivre pour toi, Clara. Tu ne peux pas sauver le monde en te mettant constamment en danger.

Je souris légèrement avant qu'il ne passe le portail. Je sors mon téléphone en le sentant vibrer dans la poche de mon jean et vois le nom de Devil inscrit sur l'écran. Je décroche en me disant qu'il ne peut vraiment pas passer une heure sans moi.

- Ou tu es ? Tout le monde t'attend au jardin, il me demande alors que j'entends des bruits de foule derrière lui, ce qui parasite notre conversation.