Chapitre 9

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Au petit matin, je sens une secousse sur mon épaule. J'ouvre les yeux doucement et une fois que ceux-ci se sont habitués à la lumière, je vois le sergent Michael juste en face de moi. J'ai un mouvement de recul et je remonte le drap bien sur ma poitrine avant de m'asseoir sur le lit : ils ont un petit problème avec le terme d'intimité ici, j'ai l'impression.

- Je suis désolée de vous déranger, Clara. Je peux vous parler un moment ?

Je hoche la tête rapidement en lui disant que j'arrive dans une dizaine de minutes. Il ne répond rien et sort de la pièce sans un bruit, comme il est rentré. Je tourne le regard vers Devil qui a l'air de dormir comme un bébé sur la place à côté de moi. Mais quand je fais un mouvement pour sortir du lit, je le sens m'attraper par la taille pour m'attirer contre lui. Il se niche dans mon cou, la respiration encore endormie avant de me parler de sa voix rauque du matin.

- Il est quelle heure ?

- C'est l'aube, je vais sortir un peu prendre l'air vu que je n'ai plus sommeil. Rendors-toi.

Il essaye de lutter contre la fatigue et de me garder contre lui mais je n'ai qu'à attendre deux minutes et il me lâche doucement, me signifiant qu'il s'est rendormi. Je sors doucement du lit et m'habille pour rejoindre Michael à l'extérieur. Je replace mon débardeur noir et ma veste en jean avant de sortir au grand air. Malgré la rosée matinale, le temps est vachement doux et un brise tiède vient secouer doucement mes cheveux. Je regarde autour de moi et vois le sergent assis sur un banc à quelques mètres de moi. Je m'approche de lui et me place à côté de lui ; il ne réagit pas quand je m'assois mais il se met à parler.

- Je suis désolé que vous ayez eu à voir Kallias dans cet état. J'ai tout fait pour empêcher Loïd de lui faire subir tout ça mais il était aveuglé par cette fichue prophétie ; s'il avait pu, il serait venu vous chercher pour vous tuer lui-même mais Ahriman vous a très bien caché.

- Mais pourquoi est-ce qu'il tient tant à ce que la paix ne soit pas déclarée entre nos deux mondes ? Je questionne, confuse.

- Parce qu'il veut être au pouvoir, il répond avec un sourire triste. S'il libère Kallias, celui-ci reprendra sa place au trône. Et s'il le tue, ce sera vous la seule héritière. Donc dans les deux cas de figure, il est perdant dans cette histoire ; c'est pour ça qu'il garde votre père enfermé en le faisant passer pour quelqu'un de dangereux pour les anges, alors que c'est absolument pas le cas.

Il se tourne vers moi et sourit en me regardant. Son sourire paternel me fait sourire à mon tour.

- Avec les cheveux blancs, vous seriez le portrait craché de Kallias. Et une grande bonté dégage de vous.

- J'avais les cheveux blancs avant de choisir ma puissance primaire.

Je me tourne vers lui, et le vois nerveux. Il regarde plusieurs fois autour de lui pour vérifier s'il n'est pas surveillé quand il me tend une clé et me la pose de force dans la main. Il se rapproche de moi pour chuchoter à mon oreille.

- Je sais ce que vous cherchez, je sais que vous voulez le grimoire et il vous revient de droit normalement. Le vénérable l'a récupéré pour lui mais il refuse de s'ouvrir si ce n'est pas le véritable héritier qui l'a en sa possession. Vous seule pouvez lire ce qui se trouve à l'intérieur.

Il regarde encore une fois autour de lui avant de continuer, de plus en plus nerveux : il prend vraiment des risques pour moi, je le vois. Et vu la dictature présente ici, j'ai peur qu'il lui arrive quelque chose. Il me donne aussi un livre qu'il place à l'intérieur de ma poche en jean avant de me tenir par les épaules.

- Le grimoire se trouve dans son bureau, je vous ai donné la clé pour ouvrir la porte : il n'est pas présent pour le moment donc vous ne devriez pas avoir de problème. Et le petit livre est une réplique du grimoire pour qu'il ne remarque pas son absence.

Je hoche la tête et il se lève pour reprendre son poste. Je me lève et fais mine de me balader avant d'arriver devant la prison : de ce que j'ai retenu, son bureau se trouve au-dessus de la prison. J'arrive devant les gardes et un m'arrête en m'attrapant par le bras : sans réfléchir, je change mon regard et ancre mes yeux dans les siens avant de lui chuchoter.

- Tu vas gentiment me laisser passer et dire à tes petits camarades de faire pareil.

Il hoche la tête, machinalement avant de crier aux gardes de la prison de me laisser passer et que j'ai une autorisation. Il me lâche le bras et je peux donc continuer ma route sans problème ; Ahriman avait raison, l'hypnose est assez satisfaisant à faire et je vois pas pourquoi je me priverais de mes pouvoirs. Je monte les escaliers et arrive devant la porte ; je rentre la clé de Michael en regardant autour de moi s'il n'y a pas quelqu'un et entre dans la pièce en refermant derrière moi. Instinctivement, je me dirige vers le bureau et fouille partout sans rien trouver quand je remarque un double fond dans l'un des tiroirs ; je le soulève et trouve un petit livre, identique à celui que Michael m'a donné. Je le prends dans mes mains et une fois le cuir en contact avec mes mains, le petit cadenas présent sur le coté se déverrouille. Je l'ouvre et lis la première page : Traité de paix des deux mondes signé en 1999. Passation de pouvoir. Je tombe des nues en lisant ça.

- Ce n'est pas un simple grimoire, c'est le traité angélique qui garde la paix constante depuis des années.

Si Le Vénérable avait encore besoin de Kallias, c'est parce que seul du sang royal peut ouvrir ce grimoire et avec ça il peut prendre le pouvoir sur le Jardin d'Eden si mon père fait serment de lui léguer le trône ; et vu dans quel état il est, il serait tout à fait capable de lui donner plein pouvoir sur le Jardin. Je sursaute en entendant la porte s'ouvrir, par reflex j'échange le grimoire de Michael présent dans ma poche avec le véritable.

- Vous êtes donc aussi têtue que votre père, ce n'est pas une légende. 

Angélique (en réecriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant