(26) Ravages de la guerre

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La villa qui les accueillait avait tout d'une demeure citadine hormis le cadre. En effet, elle était perdue au milieu de nulle part, sans âme qui vive à moins de plusieurs heures de marche. Julia avait clairement compris l'objectif de cette mise en autarcie volontaire : s'isoler.
Mais pourquoi?

Cette question l'avait taraudé durant tout le trajet, tant et si bien qu'elle n'était pas parvenue à assimiler une seule ligne de l'ouvrage sur la guerre gracieusement donné par Crassus. Elle l'avait parcouru distraitement, quelques morceaux de phrases épars avaient retenu son attention comme "propension naturelle à la violence" ou "moralement justifiable" mais rien qui ne se soit pleinement intégré à sa réflexion. Le silence avait pourtant régné en maitre durant tout le reste du trajet. Il n'y avait que ses pensées pour être aussi bruyantes.

Un événement l'avait tiré de sa torpeur : le passage dans un village dévasté.
Celui-ci n'avait pas manqué de lui évoquer le lieu principal de son enfance.
Les corps démembrés avaient tout des restes d'un passage récent d'une troupe de guerre et entraient totalement dans le registre de ses préoccupations actuelles...la guerre s'immisçait partout, dans le moindre interstice visuel, dans la moindre faille mentale.

Une puanteur de corps en putréfaction s'élevait des lieux et l'odeur des cendres venaient s'ajouter par-dessus, pour le plus écoeurant des mélanges olfactifs.
Julia aurait pu détourner le regard. Mais c'est avec une avidité un peu malsaine qu'elle avait contemplé le spectacle de la mort à son apogée. Rien ne lui donnerait plus envie d'y mettre un terme que ce qu'elle avait devant les yeux.

Les tensions d'autrefois avec son époux semblaient bien lointaines. Même lorsqu'ils ne parlaient pas, un accord de douceur tacite régnait entre eux, le silence n'était pas pesant mais réconfortant. Et si l'amour contraint pouvait se muer en amour véritable?

Julia se refusait d'y songer. Pour rien au monde elle ne voudrait devenir une de ces sentimentalistes en quête de romance à tout prix. Elle en connaissait bon nombre et, sans les mépriser, ressentait beaucoup de pitié à leur égard.

Lorsqu'ils arrivèrent à destination le soleil entourait de ses bras ardents le paysage, dans une étreinte d'une infinie beauté, propice à la nostalgie et à l'introspection.
La main de Pompée se logea dans celle de Julia pour n'en plus bouger.
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J'ai pas pu résister à l'idée de vous poster un 2e chapitre aujourd'hui (à ce rythme là j'ai intérêt à écrire !), ils sont pas mignons?
Je veux pas de protagonistes fades donc la situation ne peut pas stagner à l'état de bonheur perpétuel...😁 (projets machiavéliques en vue)

Julia Caesaris Où les histoires vivent. Découvrez maintenant