Julia Caesaris

(57) Caius

La jeune fille qui ouvrit était d'une beauté candide. Elle rayonnait par sa fraicheur et sa jeunesse.
Tonio se demanda si elle était le substitut de Fabia...
La surprise se peignit sur les traits de celle qui l'avait accueillit, signe que les visites étaient rares.
« Que voulez-vous ?
-Discuter avec Caius. »
Tonio avait fait dans le succin, espérant que la requête serait acceptée sans plus de questions.
La fille reparut peu de temps après.
« Il veut savoir pourquoi. »
Une fois encore, il privilégia la simplicité.
« Fabia »
Froncement de sourcils. De toute évidence, elle ne la connaissait pas.
Mais l'argument fit mouche puisque la tête de Caius fit son apparition dans l'entrebaillement .
Il congédia la fille et resta planté là, sans inviter Tonio à entrer.
Ce dernier se sentait de plus en plus mal à l'aise et décida de briser le silence épais qui les entourait.
« Pourriez-vous me dire ce que vous savez de la mort de Fabia ? »
Voile de douleur dans le regard. Le sujet était sensible.
« Je sais simplement qu'elle a disparu et c'est navrant... »

Finalement, il l'invita à pénétrer dans l'atrium.
Tonio ne savait à quoi attribuer cette grâce. Sa compassion ?
Il ne savait comment aborder son interrogatoire : il cherchait à obtenir des informations mais ne pouvait pas dire que l'objectif était d'innocenter un ami, puisque Caius ignorait qu'il y avait une affaire de meurtre. Alors, il s'efforça de se montrer plus subtil.

« Je suis un ami de Fabia et je cherche à comprendre cette disparition. Pourriez-vous m'en dire plus sur vos échanges réguliers avec elle ? »

Caius s'effectua de mauvaise grâce, et fit de la rétention d'information, à en juger par son regard suspicieux.
« Elle venait me raconter les histoires qui circulaient dans Rome, elle me parlait d'elle aussi, de sa vie, de ses avis, et nous débattions souvent politique. »

Tonio eut une montée d'hilarité en imaginant un vieillard dans la fleur de l'âge et une toute jeune fille débattre sur de tels sujets.

« Vous êtes parent avec elle ?
-Pas le moins du monde non.
-Comment avez-vous fait sa connaissance dans ce cas ?
-Simplement en sortant un peu de mon antre pour me rendre au forum, elle m'a aidé à me relever et c'est ainsi qu'est née une belle entente... »
Le ton s'était paré de nostalgie.

«Vous dites qu'elle vous parlait de sa vie...pourriez-vous être plus précis ?
-Dites donc, vous êtes bien curieux jeune homme ! Je sais que sa principale fréquentation était Cornelia, elles étaient de très bonnes amies. Mais pour l'avoir vu accompagner ma Fabia une fois, j'ai trouvé qu'il y avait un aspect vicieux chez elle. Je ne saurais pas vraiment le décrire...elle suintait la jalousie. Dès qu'un regard s'attardait plus longtemps sur Fabia que sur elle, elle paraissait capable de commettre un meurtre. »

La fin de la phrase fut prononcée sur un ton sarcastique, mais ce fait suscita l'attention de Tonio.
Il regarda autour de lui. Le crépuscule paraît les murs d'une belle teinte rosée, Pompée devrait bientôt arriver.