Nos trois fiers protagonistes passaient inaperçus dans le flot humain qui envahissait les berges du lac. Ils n'avaient jamais été aussi proche de sa surface : de près, l'eau sombre paraissait prête à vous engloutir à tout instant...
Mais ils n'allaient pas se laisser décourager par un peu de flotte.
Ils attendirent patiemment que les assauts se calment sur le quai d'embarquement.
En effet, ils finirent par s'espacer, jusqu'à s'arrêter complètement.
Le silence retrouvé était déconcertant. Leurs tympans n'étaient plus accoutumés à tant de calme, depuis des heures qu'ils évoluaient dans le bruit.Leur patience porta ses fruits : nul populare ne paraissait se soucier de leur présence et la barque optimate se dirigeait vers eux.
Un homme aux multiples ridules se leva pour leur faire signe de sauter à l'eau pour les rejoindre.
Il fallait se mouiller pour les rejoindre, dans tous les sens du terme.
La barque ne semblait décidément pas disposée à accoster au plus près pour les aider à embarquer, ils durent donc sauter à l'eau.
Une fois aux abords de l'embarcation, ils espéraient une main tendue, mais non.
Il fallait avoir répondu aux questions pour espérer monter à bord.
Ce qui impliquait être en mesure de réfléchir tout en se tenant dans une eau glacée.
Julia ignorait totalement si elle allait en être capable, tant son cerveau était ankylosé par la froideur de son corps.
Mais il faudrait se plier aux règles pour espérer sauver les enfants.Le vieil homme qui les avait invité à se rapprocher prit une voix rauque pour déclamer son questionnaire, qu'il connaissait manifestement par coeur pour l'avoir souvent utilisé.
"Première question pour le jeune homme aux cheveux bouclés."
Mince. Julia n'avait pas envisagé la possibilité que ces amis soit sollicité pour répondre.
Elle avait pensé parler à leur place. Maintenant elle espérait simplement que Tutius avait des connaissances en matière de politique."Si vous deviez choisir entre tout faire pour changer les lois à votre avantage ou bien les respecter quitte à être désavantagé, que choisiriez-vous?"
Facile.
Julia croisait malgré tout ses doigts gelés pour qu'il ne se trompe pas."Je dirais... la seconde réponse."
Le vieil homme ne dit rien, signe que la réponse était acceptée.
Il tourna sa face parcheminée vers Appius.Décidément, c'est à croire qu'il est persuadé que je suis née avec une tare en connaissance de la politique à cause de mon genre.
"Aimez-vous la société actuelle jeune homme?"
Un peu plus difficile. Selon moi, il faut avoir ce raisonnement : si l'on aime pas la société, c'est donc que l'on veut s'abroger des méthodes anciennes au profit de la nouveauté et de l'avant gardisme. Si Appius répond que la hiérarchie actuelle ne lui convient pas, le vieux en déduira qu'il est un populare. Faites qu'il ne tombe pas dans le panneau... il commence vraiment à faire froid ici.
« Après mûre réflexion... »
Julia retint son souffle.
« Je crois que oui, elle me convient »Ça c'est mon Appius ! Il n'est pas dupe !
Le vieil homme n'était manifestement pas aussi misogyne que Julia l'avait pensé puisque c'est vers elle qu'il dirigea son attention désormais.
Peut-être même qu'il l'avait en haute estime si le niveau des questions montait crescendo..."Etes-vous une populare?"
Ah bah manifestement il ne me croit pas capable de répondre à une question plus complexe...
Quoi que? Peut-être est-ce un test, une sorte de détecteur de mensonge?Julia était dorénavant assaillie par le doute dès que quelque chose semblait trop facile.
Elle choisit la carte de la simplicité : un mensonge en bonne et due forme."Certainement pas ! Il n'y a pas moins populare que moi, je peux vous l'assurer !"
Il faut reconnaître que ce mensonge était sans doute un peu trop appuyé pour être crédible, et elle avait pourtant été à bonne école avec ses parents...
Le vieux n'avait manifestement pas envie de s'attarder plus longtemps.
Il les jaugea du regard une ultime fois et leur lança."Restez pas là ! Montez vite !"
Le tour était joué.
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Julia Caesaris
Fiction HistoriqueComment vivre dans un monde où les morts peuvent revenir troubler les vivants? Ou notre père peut nous marier à tout instant, sans consentement? Ou la vérité n'est pas celle que l'on croit? *** A travers romance, alliances politiques, décès commandi...