(31) La mort avec option retour

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Julia

La situation se complique de jour en jour, je ne vois pas une seule lueur de solution se profiler au bout du tunnel... Enfin si, il y en a bien une. Elle est absurde et difficilement réalisable, mais au point où on en est je crois que toutes les options sont à envisager.
Je m'enferme régulièrement dans la bibliothèque avec Tonio pour en discuter et Pompée voit cela du plus mauvais des oeils...j'espère qu'il ne va pas s'imaginer que nous faisons autre chose que discuter ! Enfin, il peut bien penser ce qu'il veut, je ne lui retirerai aucun de ses droits, moi. En effet, il m'a formellement proscrit de sortir dehors, je crois qu'il a senti le vent tourner et réalisé que son joug n'avait plus autant d'amplitude et d'effet sur moi...

Cette interdiction ne risque pas de venir contrecarrer nos projets.
Je n'ai pas besoin de sortir pour me rendre ailleurs.
Surtout lorsqu'il s'agit de visiter le royaume des morts.
Je ne vais pas noyer le poisson pendant trop longtemps, pour s'y rendre chacun sait qu'il faut décéder au préalable. Cet état est une condition sine qua non.
Mais comment se jouer de la mort et revenir de son voyage en Outre-Tombe?

Ce n'est pas faute d'avoir essayé, l'on ne compte plus les héros mythologiques qui s'y sont frotté : Orphée, Enée et Ulysse pour ne citer qu'eux...
Mais malgré la teinte fantasque dont se pare cette histoire, je ne vis pas dans un de ces récits mythologiques dans lesquels il est possible de se rendre matériellement dans l'au-delà en empruntant un quelconque passage !
L'au-delà, le royaume des défunts, les Enfers, le Paradis...ce lieu mystique qui a agité tous les esprits humains une fois au moins au cours de leur existence, qui emprunte le visage d'oracles ou de prêtresses, dont les représentations picturales sont plus hétéroclites les unes que les autres...

J'ai une seule certitude : pour m'y rendre tout en ayant une possibilité de retour, il va me falloir ingurgiter une dose de poison accompagnée d'un peu d'ambroisie.
L'ambroisie, la nourriture des dieux, celle qui rend immortel quiconque la goûte.
Le seul inconvénient est le manque de certitude en ce qui concerne la nature exacte de cette plante. Tonio pense que c'en est une et je partage son avis, cependant si nous utilisons la mauvaise plante, pas de retour en arrière envisageable...
C'est un réel casse-tête !

Tonio

Je suis inquiet pour Julia. Nous avons écumé tous les guides botaniques de la bibliothèque, certains mentionnent cette plante, mais comment savoir si nous cueillerons la bonne, simplement à partir de la description? Pire encore, comment avoir l'assurance que cette plante possède bien les vertus qu'on lui attribue?
C'est impossible... je refuse de la laisser prendre de tels risques, même si mon coeur se fendille un peu plus chaque jour que je passe loin de Lucia. Je dois faire face à un dilemme de taille mais je ne me sens pas en mesure de trancher en ce moment alors je plonge dans une douce torpeur et m'entraîne à l'inanité mentale.
Mine de rien, il est difficile de ne pas penser.

Il y a une question que je me pose qui ne semble pas avoir effleuré l'esprit de Julia.
N'y a-t-il pas de grandes chances pour que les coeurs des enfants ne battent plus là où ils sont? En partant du principe que l'âme martiale chargée de leur enlèvement se soit matérialisée en empruntant l'enveloppe corporelle d'un autre, comme le conducteur de la charrette pour un instant par exemple, qui nous assure qu'elle ne s'est pas contentée d'assassiner sauvagement les petits corps sans défense avant d'entreposer les corps là où nul ne les trouvera jamais?
Tout cela sans que la conscience du conducteur n'ait pas été affectée un seul instant : sa porte mnésique est demeurée hermétiquement close durant toute la durée de l'opération avant de se rouvrir dès lors que la sale besogne avait été accomplie.

C'est mon hypothèse et bien qu'elle soit farfelue, pour une fois je crains de n'avoir raison et cela me fait frissonner rien que d'y penser. Y aura-t-il donc toujours des personnes capables de telles monstruosités?

Julia Caesaris Où les histoires vivent. Découvrez maintenant