(35) Le lac Avernes

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J'ai suivi mes semblables jusqu'au lac, où la foule commence à devenir plus clairsemée, les têtes plus disparates. Chacun est horrifié devant le spectacle macabre qui se dévoile à notre regard. Qui eût cru possible de mourir une seconde fois en ces lieux?
Et pourtant, le lac a pris une teinte rouge des plus évocatrices...
Les batailles navales ont l'air d'être monnaie courante ces derniers temps.

Je ne saurais dire si l'endroit est fidèle aux descriptions que m'en a fait ma mère : on distingue effectivement deux "camps" sur chaque berge, bien que l'étendue d'eau soit si vaste que les contours du lac sont indéterminés, le regard peine à se projeter aussi loin.
Je suis perchée dans les hauteurs et je n'ai pas envie d'en descendre pour me rapprocher du quai. Manifestement, je suis loin d'être la seule à avoir ces réticences...
On ne peut plus parler d'une foule clairsemée, c'est à peine s'il y a quelques valeureux qui marchent sur les flancs de la colline pour se rapprocher de l'embarcadère.
Et pourtant lorsque je regarde au loin le précipice qui marque l'entrée des enfers et la promesse d'un repos malgré le côté sordide de l'endroit, je ne peux m'empêcher de penser qu'il est injuste que ce repos ne soit pas accordé aux populares !

Les optimates ne sont pas à blâmer : ils défendent simplement leur vision du monde, du moins le monde qu'ils veulent pour leur progéniture ou parents demeurés sur Terre.
Mais si chacun se restreint à son point de vue, la situation risque de stagner...et de s'embourber.

Chose surprenante, malgré la possibilité qu'ils ont de trouver le repos, étant du bon côté, rares sont ceux qui font le choix de laisser leurs frères d'idéologie se débrouiller.
La conviction pure et simple que leur cause mérite d'être défendue, qu'elle est la meilleure.

C'est bien beau tout cela, mais je n'ai pas fait tout ce chemin pour rester ici, se dit Julia.

Trouver ma mère.
Tel était dorénavant son mantra.

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Un très court chapitre ce coup-ci, mais un pavé est à venir 😉
N'hésitez pas à venir me donner votre avis sur ma nouvelle histoire « La rue des marginaux », ça me ferait grandement plaisir !

Julia Caesaris Où les histoires vivent. Découvrez maintenant