La vie en rose {histoire arrêtée]

FOURTEEN

  Harry Styles les attendait sur son perron, les mains dans les poches, fumant une cigarette. De la pluie tombait doucement sur la baie de Los Angeles. Ses yeux bleus observaient sa voiture venir dans l'allée. Au moment où elle s'arrêta, deux jeunes filles, une femme et un jeune homme en sortirent. Harry sourit en voyant Louis, les cheveux en batailles et une chemise mal repassée sur le dos. Ils portaient des valises en cuir remplies qui menaçaient d'exploser. C'était la première fois que Harry agissait comme cela. Louis lui faisait faire des choses qu'il n'avait jamais pensé faire auparavant. Arrivés à sa hauteur, la femme qui commençait à prendre de l'âge, lui esquissa un sourire et lui confia, essoufflée par la fatigue et les gouttes de pluie ruisselant dans ses cheveux :

« Merci Monsieur Styles, c'est tellement généreux de votre part. Je ne pourrais jamais vous remercier autant. Mes filles vous sont énormément reconnaissantes. »

  Les deux jeunes filles se mirent à sourire bêtement et à rougir quand Harry leur accorda un sourire et une révérence. Louis leva les yeux au ciel face à ce spectacle.

« Appelez-moi Harry, Madame. C'est un plaisir. Rentrez donc, vous allez attraper froid. Suivez mon majordome, il vous emmènera vers votre chambre.
- Merci, merci beaucoup. »

  Louis et Harry se fixèrent, un sourire sur les lèvres, hypnotisés l'un par l'autre. Ce dernier ne put résister et se précipita vers le jeune acteur pour déposer ses lèvres sur les siennes. Il lui caressa le front pour dégager ses cheveux trempés, et huma son parfum. Louis le tenait fermement, pressant leurs ventres. 

« Il faut que tu m'expliques Louis, susurra Harry. Ce soir, tu viendras dans ma chambre et tu me raconteras tout, ok ?!
- Pas de soucis. » 

 Il le prit par la main et l'emmena à l'intérieur. Les petites sœurs de Louis couraient partout, en criant et en rigolant, tout en salissant de boue les tapis ornementées de Harry qui semblait s'en ficher complètement. Une petite cloche sonna le début du dîner que la cuisinière venait de préparer. Les petites sœurs se mirent à courir vers la cuisine, le majordome les suivant tout en les suppliant d'enlever leurs chaussures. La mère de Louis s'approcha de son fils et lui demanda doucement : 

« Dis-moi, quelle est votre relation entre toi et ce jeune homme ? 

- On est amis, maman, on travaille ensemble et on s'entend très bien. 

- D'accord. Tu sais, il y a bien des choses qui me gênent, mais tant que tu es heureux, je suis heureuse pour toi. Je suis ta mère, Louis. 

- Merci, maman. »

 Louis déglutit. Il ne s'était pas attendu à une telle discussion avec sa mère. Il croisa le regard de Harry qui lui lança un sourire de compassion. 

Le dîner s'était bien passé, les petites avaient adoré le repas préparé. La mère de Louis n'avait pas arrêté de poser des questions sur le tournage du film et comment est son fils sur le plateau. Harry répondait allégrement, c'était une des premières fois que Louis voyait son amant aussi joyeux, à part quand ils étaient seuls. 

La nuit s'était mise à tomber, les petites étaient allées dormir, elles partageaient une chambre avec leur mère et Louis avait une chambre pour lui tout seul. La maison de Harry était immense, il avait une multitude de pièces vides qu'il n'utilisait jamais. Vers onze heures du soir, quelqu'un frappa à sa porte, il était à peine sorti de sa douche, ses cheveux étaient trempés et il n'était vêtu que d'un short noir de pyjama. Il ouvrit la porte pour découvrir Harry qui le dévora des yeux et alla s'installer sur son lit sans demander la permission. Il s'éclaircit la gorge et commença à parler tout en essayant de ne pas fixer le torse nu de Louis. 

« Raconte-moi tout. Tu as pris du temps à venir me voir, alors je suis venu, désolé de t'avoir dérangé. 

- Pas de soucis, je venais à peine de sortir de la douche, répondit Louis en s'asseyant à côté de Harry toujours torse nue. Ta douche est superbe, je me vois limite dans le carrelage et c'est grand comparé à notre appartement. Tu veux que je commence par quoi ? 

- Le début, dis-moi comment t'as connu ce gars qui vous veut du mal. 

- Alors, réfléchit Louis en baissant la tête. Depuis le décès de notre père à la guerre, on n'a pas roulé sur l'or. Tu vois, j'étais au lycée je sortais à peine du collège et il y avait ce type qui traînait en face du lycée pour récupérer sa sœur avec qui j'étais ami. Il s'appelle Nils. Elle me l'a présenté, et un jour il m'a pris à part pour me dire qu'il pouvait m'aider si j'intégrais son gang. C'est ce qu'on a fait, avec Liam, on s'est fait tatouer l'emblème du gang et on a effectué le rite de passage. Au début on ne faisait que voler deux-trois trucs, on vendait de la drogue, des clopes ce genre de choses. Mais Nils m'aimait bien, alors il m'a entraîné dans ces jeux d'argent et j'y ai pris plaisir. Comme j'avais confiance en lui, que tout allait mieux et que je pouvais ramener à manger le soir, je faisais tout ce qu'il me demandait. Il l'a remarqué et m'a fait faire des tâches humiliantes. Je devais aller frapper des gens, mettre en feu des voitures et il me donnait de l'argent en retour. Je faisais ça sans réfléchir. Jusqu'au jour où... il avait un client qui voulait autre chose et Nils lui a dit que j'étais parfait pour ça. Il m'a obligé à vendre mon corps contre de l'argent et il m'a menacé de me tuer si je ne le faisais pas. Je l'ai fait bien sûr. Mais, le lendemain avec Liam, mon ami qui a rejoint le gang en même temps que moi, on est allés le dénoncer à la police. Ils l'ont coffré ainsi que tous ses acolytes. On a échappé de la prison et on était surveillé par la police 24 heures sur 24 au cas où Nils enverrait ses chiens pour nous finir. On a repris une vie normale, on était tranquille jusqu'à que Liam apprenne que Nils va sortir de prison. Je ne comprends pas comment on peut le laisser sortir. S'il sort, on est morts, même mes petites sœurs, Nils il s'en fout, femme, enfants, personnes âgées, tout le monde y passe. Quand j'ai lu le script de film, j'y ai pas cru au début. Le film qu'on tourne c'est un peu ma vie. Quand tu m'as dit que les protagonistes sont secrètement amoureux, je n'étais pas bien, parce qu'on sait comment ça finit. 

- Ne t'inquiète pas, je vous protègerai, je te le promets... attend, t'étais amoureux de Nils ? 

- Ouais. Ce film, c'est ma vie, je t'ai dit. »