SIXTEEN

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  Derrière le manoir de Harry Styles se trouvait un immense jardin à la française, une terrasse longeait la demeure, une fontaine se trouvait au milieu du jardin entourée de buissons taillés de différentes formes et un chemin formé de petites pierres blanches zigzaguait autour des plantes. Le propriétaire était assis  sur une chaise en fer face à la fontaine, lisant un livre, des lunettes de soleil sur son nez. Il semblait si paisible et il était majestueux. Ses boucles brunes venaient caresser son front avec la douce brise, il portait une chemise rouge ouverte à peine au-dessus du nombril. Il se pinçait les lèvres et fronçait les sourcils sous la concentration. Louis le trouvait resplendissant. Ce dernier se rapprocha de son amant et passa ses bras autour de son cou, déposant un baiser sur le haut de son crâne.

"Que lis-tu ? demanda Louis en sentant le doux parfum émanant de ses cheveux.

- Une pièce de théâtre dans laquelle tu as déjà sûrement joué, car tu as une grande carrière derrière toi.

- C'est ça, moque-toi. Je ne roule pas sur l'or depuis ma naissance, moi. Je n'ai jamais eu autant de privilèges que maintenant."

 Harry referma son livre et se tourna vers Louis, les sourcils encore plus froncés, ce qui paraissait impossible.

"Tu penses que j'ai réussi grâce à l'argent...?

- Ce n'est pas ce que j'ai dit, répondit Louis l'air gêné. C'est juste qu'on n'a pas grandi de la même façon.

- J'étais comme toi, Lou. À me présenter dans des théâtres minables depuis mon enfance. Par pur hasard, Campbell m'a trouvé. Ce n'était que le hasard, il s'était juste trompé de pièce, il voulait aller voir celle du lendemain. Ce n'était pas de la chance. Je vivais dans un quartier minable de Brooklyn.

- Harry... Je ne voulais pas te blesser, je ne savais pas.

- Tu ne m'as pas blessé ou quoi que ce soit, Lou. Je veux juste te dire, que je ne savais pas non plus pour toi. Je t'ai mal parlé depuis le début, alors que j'avais presque vécu la même chose. Sans les histoires de gang, bien sûr. Mais j'aimerais que tu comprennes qu'on n'ait pas si différents. Ce n'est pas parce que j'ai une immense maison rien que pour moi, que je ne comprends pas ce que tu ressens. Je vois bien les regards que tu me lances, ou tes silences quand on arrive chez moi.

- J'ai juste l'impression que je t'en demande trop, avoua Louis.

- Tu ne m'en demanderas jamais assez, Louis. Je ne veux que t'aider. Je sais ce que ça fait d'espérer."

  Leurs visages se rapprochèrent et ils s'embrassèrent délicatement, comme s'ils avaient peur de se toucher, qu'ils étaient trop fragiles, comme de la porcelaine. Louis s'assit sur les genoux de Harry qui posa sa tête sur son torse. Le soleil commençait à taper plus fort, il était bientôt quatre heures de l'après-midi, mais le vent rendait la température supportable.

"J'aurais aimé que le film ne s'arrête jamais. C'était si bien de jouer à tes côtés."

 Ils restèrent ainsi une bonne demi-heure, en silence, leurs bras s'entourant, tout en déposant des baisers sur leurs joues bronzées. Ils se souriaient, ils étaient dans une grande extase.

"J'aimerais savoir, demanda Louis, où sont tes parents ?"

 En entendant cette question, Harry sursauta faisant presque tomber Louis par terre.

"Je les ai oubliés ! avoua-t-il en se prenant le visage entre ses mains.

- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda Louis, inquiet.

- Ils arrivent après-demain pour la première. J'avais complètement oublié. Ils vont séjourner ici...

- C'est super ! Je vais les rencontrer !

-  Ouais... Mais ils ne sont pas comme ta mère. Oui, ta mère est venue me parler de toi et m'a demandé de faire attention à toi et de ne pas me blesser car quand tu es amoureux, tu as tendance à être trop passionné."

 Louis sembla s'étouffer, et il se promit à lui-même qu'il allait avoir une petite discussion avec sa mère.

"Ils sont très catholiques, continua Harry. Mais sinon, ils sont sympas et bienveillants. Il faudra faire attention à côté d'eux, tu vois.

- Ne t'inquiète pas. Il ne nous reste qu'un jour et deux soirs alors..."

 Harry eut un sourire en coin, son corps commença à chauffer et son cœur à battre un peu plus vite. Il voyait bien de quoi Louis voulait lui parler et il attendait cela depuis un bon moment. Il avait rêvé un nombre incalculable de fois du corps de Louis, il s'impatientait de pouvoir le voir nu dans son lit, à ses côtés, le souffle court. Il se racla la gorge pour ne pas se faire dominer par ses émotions. Il déposa un baiser dans le cou de son amant et lui susurra qu'ils allaient bien profiter de leurs deux soirées de libre.

  Ce soir-là, après avoir fait attention à ce que sa mère et ses sœurs soient bien endormies, Louis s'introduit discrètement dans la chambre de Harry. En fermant la porte, ce dernier lui avait littéralement sauté dessus et avait attaqué ses lèvres. En quelques minutes ils s'étaient retrouvés dans le lit de Harry, complétement nus. Ils étaient au bord de commettre le péché, celui qu'ils attendaient avec impatience. Ils voulaient connaître le corps de l'autre par cœur, ils voulaient ne faire qu'un, se retrouver, comme dans cette théorie platonicienne où l'homme avait été séparé de sa moitié et depuis il essayait de la retrouver. Peut-être que Louis était la moitié de Harry, que Harry était la moitié de Louis. Que les âmes-sœurs s'étaient enfin retrouvées et pouvaient enfin s'unir. Ne former un seul et grand amour. Et au fond ils le savaient, ils le sentaient qu'ils étaient faits l'un pour l'autre, qu'ils devaient rester ensembles et que ce n'était pas un péché. Ce n'était que l'amour. Simplement l'amour.






La vie en rose {histoire arrêtée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant