Chapitre 10

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Ce samedi fut magnifique. Magnifiquement bien chargé, empli de diverses cas d'urgences, des plus simples comme cette vieille dame venue pour une simple migraine, aux plus extrêmes comme une jeune adolescente de 15 ans brûlée au 3e degré à cause d'un incendie.

J'allais justement finir mon tour de garde de 24h, aux alentours de 9pm. A moi un bon film d'horreur. Ce fut à ce moment là qu'on reçut un appel d'urgences des sapeurs pompiers de Londres : un bus vient d'avoir un accident avec un chauffeur de camion. Les premières victimes arriveraient d'une minute à une autre, et le total est estimé à une bonne vingtaine.

« Watterson, Dubois, Smellton et MacGuitten !, nous interpella notre titulaire le Docteur Naboti (un homme à la quarantaine d'origine irlandaise très sportif et strict du à son passé militaire). Vous êtes encore maintenus ici pour la nuit au vu de l'importante charge que nous avons exceptionnellement ce soir. Nous aurons besoin de toute l'aide possible.

-Bien Mister ! Répondîmes-nous à l'unisson.

-Bon c'est parti pour un énième round, soupira l'interne américain Jeff MacGuitten avec un mime d'échauffement pendant que nous nous dirigions vers le parking des urgences.

-Manqué plus que ça !, râla le français Jean Dubois. Je suis épuisé et j'avais prévu un bon bain chaud accompagné d'un délicieux chocolat chaud.

-En face à face avec ton célibat ! », rit l'américain d'un ton moqueur.

Le français lui lança un regard noir.

« Tu le seras aussi avec ton infirmière blonde si elle savait ce que tu fais tes vendredis soirs », lâchai-je à MacGuitten.

Dubois étouffa un rire et me regarda avec gratitude tandis que Smellton montra de l'intérêt à mes propos.

« Oh la ferme Artemis ! Tu es toujours là pour ajouter ton grain de sel, comme un cheveu sur la soupe!, dit Jeff légèrement piqué à vif. Un jour je te les ferai manger tes remarques .

-Oh pas de violence dans l'équipe », intervint l'anglais Jack Smellton.

Ce fut à cet instant que nous vîmes les lumières bleues et entendîmes l'alarme caractéristique des premières ambulances. Ça y est, une course infernale qui durera toute la nuit et un bout de la matinée était lancée. Les patients allaient s'enchaîner dans une cadence infernale, et l'organisation et l'efficacité seront les maître-mots. Nous étions sur la première ligne avec 2 autres équipes de médecins. A nous déterminer la gravité des blessures et d'accorder le bon ordre de priorité d'intervention. Une erreur de diagnostic et cela pourrait entraîner la mort du patient, ce qui était inconcevable.

C'est ainsi que les premiers brancards déboulèrent sur le parking éclairé par les projecteurs. Ma première patiente arriva inconsciente, les cervicales et le tibia immobilisés. Je lui tâtais tout le corps, vérifiais les constantes. Bilan : tibia et côtes fracturés, poumon droit perforé et quelques muscles déchirés. Alors que j'inspectais ses yeux, je sentais quelque chose clochait. Aucun réflexe, absence de myosis et son corps mettait du temps à se réveiller malgré l'adrénaline injectée. J'ordonnai un scanner crânien ainsi qu'une IRM au vu d'un traumatisme cérébral car déjà le Dr Naboti m'appelait sur un autre cas. Si mes doutes se confirmaient, le rétablissement total de cette victime était plus qu'incertain.

Je donnais les instructions et les examens à entreprendre à la prochaine équipe et m'affairais aux nouveaux arrivants. Arrivée à mon 3e patient – un petit garçon de 9 ans à l'avant-bras fracturé et une ouverture au front que j'ai suturé – j'allai jeter un coup d'œil aux salles de scanner après avoir rassuré mon patient avec une petite dose de protoxyde d'azote et sa mère soulagée. La salle n°2 était disponible. Au moment de repartir pour aller chercher mon« super-héros » (un petit surnom que je lui ai donné pour son courage quand je lui ai remis le bras en place), des clichés attirèrent mon attention. Je les examinai et vis que c'étaient ceux de ma première patiente. Je les analysai quand je vis ce que je craignais : une hémorragie cérébrale.

Je bipais un chirurgien qui me dit qu'aucune femme correspondant à ma description n'est dans les blocs opératoires. Sans perdre de temps je courus à la recherche de l'équipe du Dr Johnson à qui j'avais confié cette femme. J'interceptai une infirmière qui aidait un vieil homme à marcher à l'aide de sa perfusion.

« Allez prévenir qu'il me faut un bloc opératoire opérationnel de toute urgence ! Lui ordonnai-je.

-Mais ils doivent être tous occupés au vu ..., souligna-t-elle confuse.

-Est-ce que je vous ai demandé votre avis ?!, la coupai-je. Je ne crois pas. Alors vous allez vous démenez pour m'en libérer un MAINTENANT !! C'est une question de vie ou de mort !! » répliquai-je avant de me relancer dans ma recherche.

Commentai-je pu être aussi bête ?! J'aurai du les prévenir de cette possibilité fréquente après des accidents de ce genre !

Je vis enfin la touffe brune du Dr Johnson sortant de la chambre 312 en compagnie d'un interne. Je l'interpellais.

« Dr Johnson, qu'avez-vous fait de la patiente Miss Garzia ?!, dis-je les joues rosies par ma petite course.

-Nous avons procédé au scanner comme prévu puis placer dans un box en attendant de la passer au bloc pour ses fractures.

-Alors soit vous êtes aveugle et vous devez auquel cas sérieusement envisager d'entreprendre votre retraite, soit vous êtes ignorant et un incapable de former des médecins ce qui est désolant pour un médecin aussi âgé que vous, cinglai-je en lui soumettant les clichés sous son nez.

-Parlez moi sur un autre ton Miss Watterson, me menaça-t-il vainement. Et puis, où est-ce que vous voulez en venir ?, demanda-t-il en me prenant les pièces à conviction.

-Passons ses futilités : vous êtes passé à côté d'une hémorragie cérébrale ! »

Le Dr Johnson blêmit à mes paroles, prenant conscience de cette erreur professionnelle qui entachera sa carrière. Il rappela son équipe et conduisirent la patiente au bloc opératoire. Je surveillai l'opération de haut par la baie vitrée habituellement destinée aux externes et visiblement ça s'annonçait mal parti. Le sang s'était propagé au sein de la boîte crânienne.

Pourquoi n'y avais-je pas pensé plus tôt, pensai je en retournant à mon travail. Et puis quels abrutis les internes du Dr Johnson. Ce dernier avait beau être l'un des plus anciens au sein de l'hôpital, il était tant pour lui de prendre sa retraite. Si c'était pour former des incapables comme ses internes, il valait mieux pour tout le monde qu'il s'en aille. Et puis son équipe pouvait au moins être plus attentifs au lieu de bâcler leur travail ainsi. Je me demandais comment ont ils pu réussir qu'ils étaient des bras cassés aussi déplorables.

L'opération dura 3h15. A sa sortie, le Dr Johnson m'énonça toute la procédure et ses estimations pour la suite.

« Il y aura sûrement des pertes de mémoire, de locution et de motricité, m'annonça-t-il après m'avoir prise à part dans le couloir.

-Certes mais nous aurions pu amoindrir les conséquences si vous aviez réagi plus tôt » cinglai-je avec dédain.

Ce fut à ce moment-là qu'arriva mon chef de service le Dr Naboti et interrompis notre conversation.

« Dr Watterson, vous pouvez rentrer chez vous, me déclara-t-il avec un sourire. Les équipes de jour prennent le relais. »

Ouf ! Je hochais la tête et m'empressai de prendre congé de ces lieux. Je fis un petit tour chez Molly à la morgue pour lui dire que je partais puis pris la route en direction de mon logement. La lumière du soleil me frappa de plein fouet. Il devait être aux alentours de 11am au vu des fast-food qui commençaient tout juste à ouvrir leurs portes. J'entrai dans mon appartement complètement exténuée. C'était dingue ce que j'aimais mon travail, j'y étais mariée, j'en étais certaine. La nuit a été longue et épuisante. 27 victimes dont 5 décès. Je me jetais enfin sur mon lit quand on sonna à la porte.


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Petit point du 10e chapitre : alors ? Ça vous plait pour l'instant ? ^^ Alors oui mes chapitres ne sont pas du tout équilibrés, je les écris au feeling, comme je le sens et selon si la scène et le découpage m'inspire ou pas ^^". 

Bon je n'ai qu'une chose à vous dire : accrochez-vous bien, car ce qui va suivre va  plaire aux amateurs de scènes sorties de nul part XD

Sur ce je vous dis c u !! B)

[FR] Holmes a day, Holmes forever ... [OFFICIAL/!\]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant