Chapitre 13

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« Qu'est-ce que c'est que toute cette mascarade Miss Watterson ?, s'indigna Mycroft.

-Avant toute chose Mister Holmes, je souhaiterai que vous éteignez momentanément toutes les caméras et tous les micros présents dans cette pièce, y compris ceux compris dans votre parapluie, ainsi qu'insonorisez la pièce. »

Mycroft blêmit légèrement et fit les gros yeux.

« Comment le saviez-vous ?

-Je sais observer, mentis-je à moitié. Baissez par ailleurs les stores, j'essayerai d'être rapide.

-Et en quel honneur devrais-je vous faire confiance et vous écouter ?

-Ce que je vais vous dire va sûrement bouleverser votre vie et je ne tiens pas à mettre et celle de vos proches en danger, déclarai-je gravement (ce qui m'étonna moi-même). C'est pourquoi il faut que cette information ne s'échappe pas de ces quatre murs ».

Mycroft me fixait du regard, ne montrant du désarroi et de l'incompréhension que je lui suscitais. Il finit par s'exécuter en quelques touches. Les stores se baissèrent, plongeant la pièce dans une légère obscurité. J'allumai les lumières et revins vers Mycroft.

Ça y est, j'étais enfin face à mon père biologique. Mon cœur et mes tympans battaient à un rythme infernal. Un coup de chaud m'envahit intérieurement tel un grand souffle, ma gorge prise en étau. Mes mains tremblaient légèrement. J'appliquai à mes doigts une petite gymnastique et lâchai un soupir presque inaudible pour me ressaisir.

Je plongeai ma main dans mon sac et sortis mon dossier avec toutes mes informations récoltées au cours de ces années. Je le regardai un moment puis annonçai :

« Mister Alexander Mycroft Chad Holmes, je suis votre fille biologique »dis-je avec le plus grand self-control mais aussi avec un étrange soulagement.

Je venais de lâcher une bombe dans ce bureau au cœur de Londres en ce dimanche du mois de juin à l'explosion silencieuse. J'étais à l'affût de la réaction du Gouvernement Britannique, le corps tendu. J'hésitai à partir, j'avais accompli la mission que je m'étais imposée. Pourtant mes pieds restaient ancrés dans le sol.

Il était resté l'espace d'un instant figé, impassible, comme s'il assimilait tout juste ce qu'il se passait. Il me fixa, le regard traduisant un grand tumulte en lui. Tout à coup ses jambes ne purent le supporter et s'écroula dans son fauteuil. Je ne pus m'empêcher d'esquisser un pas vers lui d'inquiétude. Il passa une main dans ses cheveux, épuisé. Le silence pesait de plus en plus lourd dans la pièce, nos regards l'un dans l'autre.

Je me mordis la lèvre inférieure intérieurement. Mes mots avaient plus de poids que je ne le pensait. Cependant je gardais la tête haute et le regard droit. Il enfouit son visage entre ses mains. Je brisai le silence.

« Il n'y a que toi, Sherlock et Mathilde qui le savent. Je suis venue jusqu'ici aujourd'hui car je me sentais assez prête pour te voir en face. Je ne tiens en aucun cas rattraper le temps passé ou retisser un quelconque lien entre nous. Restons donc des inconnus. »finis-je froidement.

Alors que j'allais sortir il dit ce qu'il n'aurai du jamais prononcer.

« Je suis sincèrement désolé... », murmura-t-il.

Je ne sais pas pourquoi mais cette phrase ne fit que m'énerver.

« Tu as beau être désolé, tu ne modifieras jamais ce que tu as fait »

Il leva les yeux ses yeux vers moi sans que je ne puisse déchiffrer ce qui se cachait dans ses pupilles.

« Je me doute bien que la vie ne t'a pas fait de cadeau mais c'est ainsi, me déclara-t-il droit dans les yeux.

-Mais c'est ainsi ?! C'est une blague ?! , m'irritai-je. Ce n'est pas une attitude à avoir ! Tu m'as abandonnée dans ma plus tendre enfance dans ce monde infâme !

-Je n'avais pas le choix !, haussa Mycroft le ton en se levant pour prendre le dessus.

-Ta propre chair tu l'as jetée et tu ne l'as pas assumée !,continuai-je sans me dégonfler. Pourquoi n'ai-je pas eu le droit à une vie aux côtés de la tienne ?! »

Ça y est, tous mes horribles souvenirs de mon enfance à l'orphelinat, mes moments de solitude et de crainte, seule, les regards qui me dévisageaient où que j'allais, mes missions au sein de l'Organisation. Tout ceci refit surface et je sentais ma gorge se serrer ainsi que mes oreilles bourdonner de colère.

« Au vu de mon poste et de ma carrière je ne pouvais me permettre de te mettre en danger Artemis, me répondit-il. Un homme aussi puissant que moi se doit n'avoir aucun point de pression, qui plus est sa propre fille. Sous pression, les sentiments ne sont qu'un handicap. De plus tu es hors-norme, avec un QI bien supérieur à n'importe quel enfant. Ta mère n'arrivait pas à te gérer et ses problèmes personnels en même temps.

-Sherlock avait raison. Tu veux toujours être un super-héros. Ce n'est pas une raison valable pour me faire vivre ce que j'ai vécu, m'emportai-je. Quel père humain fait ça à sa progéniture ?!Je trouve ça vraiment immoral. »

Je brûlai de l'intérieur. Je lui en voulais. Oui, à 22 ans, je lui en voulais. Je lui en voulais qu'il m'est abandonnée aussi facilement et qu'il ne se soit pas battu et usé de toutes les possibilités imaginable pour m'éduquer. De toute façon je n'avais plus besoin de lui désormais. Il n'était pas là quand il le fallait, et maintenant c'était trop tard.

« Sache qu'on a toujours le choix Mycroft Holmes. Quand on veut on peut. »,concluais-je après que je me sois un peu calmée puis me retournais pour sortir.

« C'est moi qui t'ai donné le nom d'Artemis », lâcha l'Homme de glace.

Je m'arrêtai mais restai de dos.

« Artemis, déesse de la chasse, sœur jumelle d'Apollon, associée à la Lune, à la nature sauvage, continua-t-il avec une teinte de nostalgie dans la voix. Elle était connue pour sa force de caractère, sa vaillance et sa beauté. C'est pour cela que je t'ai donné ce prénom. »

Une silence suivit cette confession. Elle me fit vraiment chaud au cœur. Original, élégant et très beau. A son image... et à la mienne.

Je repris mon chemin vers la sortie et fermai la porte derrière moi. Sherlock était appuyé contre le mur et se redressa à mon arrivée.

« Tuas bien fait », me rassura-t-il.

Nous sortîmes rapidement de la demeure et prîmes un taxi. Dans le véhicule je ne cessais de penser à l'état de Mycroft et je ne prononçai pas un mot durant tout le trajet. Une fois seule chez moi, je craquai et sanglotai doucement un bon moment. Voilà trop d'années que je refoulais et enfouissais tous mes ressentis au plus profond de moi.

[FR] Holmes a day, Holmes forever ... [OFFICIAL/!\]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant