Chapitre 17

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Je me réveillais en sursaut, toute en sueur, haletante. Encore ce cauchemar. Je marchais dans une allée sans fin, puis des personnes blanches, sans visage, me pointaient du doigt en chantant de façon inquiétante « Tueuse! Voleuse ! Menteuse ! ». Tout à coup je me retrouvais attachée à des chaînes sans aucun échappatoire. J'avais beau me débattre tel un animal déchaîné et hurler que j'avais changé et mes remords, rien y faisait. Soudain un homme sortait de la foule, me pointant avec un revolver, un sourire machiavélique et malsain digne du Joker aux lèvres. « Sorry honey, mais tout le monde doit payer le prix de ses actes un jour où l'autre... ». Voilà ce que me disait Jim avant d'appuyer sur la gâchette ce qui me réveillai toujours en nage dans mes draps.

Mon cœur battait encore la chamade et ma respiration était assez saccadée même si elle tendait à se stabiliser. Je me passai la main sur le visage puis dans les cheveux. Mes démons n'arrêtaient pas de me hanter et parfois ma barrière craquait, les libérant et les laissant se déchaîner dans mon esprit. Je me levai, fis ma toilette matinale, mes exercices sportifs habituels et me douchais pour tonifier mes muscles, laissant pendant quelques instants l'eau courir sur ma peau.

En revenant dans ma chambre en séchant mes cheveux vêtue que d'une combishort grise, la petite malle au pied de mon lit attira mon attention. Elle refermait mon plus grand trésor, ma plus grande confidente et ma plus grande source de calme. Peut être la seule chose qui me ramène parfois à mon humanité (enfin si j'en avais une).

Je m'approchai de cette dernière en posant ma serviette sur mon lit et soulevai le couvercle. J'en sortis une boîte rectangulaire rouge bordeaux et la contemplai dans mes mains. Mon premier et mon unique cadeau de Noël. Tant de bons souvenirs. Je me dirigeai vers le salon et m'accroupis pour l'ouvrir sur la table basse. Les 3 éléments de mon instrument étaient toujours à leur place, dans leur emplacement douillet sur un duvet en velours noir. Je les assemblai avec minutie et délicatesse. Son éclat métallique reflétait une brillance digne des contes de fées. Je me levai et me mis en position, lèvres sur l'embout. Je vérifiai les accords. La dernière fois que je l'avais utilisée c'était après mon deuxième décès en service, celui d'une petite fille de 9 ans qui s'était fait renversée par un conducteur ivre.

Je fermais les yeux, pris une profonde inspiration et insufflai dans ma flûte traversière petit à petit la vie. De petites légères et douce, son âme s'éveillait délicatement, comme si elle se réveillait suite à un rêve sous les rayons chauds d'un matin d'été. Petit à petit son esprit gagnait en vivacité et en gaieté. Déjà je n'entendais plus les bruits alentours. Tout mon esprit était transporté dans un autre monde, dans un autre univers, où les notes explosaient tel un feu d'artifice plein de couleurs. Mon corps accompagnait le rythme entraînant, mes doigts dansant et sautillant d'une touche à une autre avec toute l'élégance et la grâce dont j'aime me raffiner. La mélodie m'enveloppait dans une voluptueuse danse qui ne faisait que s'accélérer. Tout mon moi s'exprimait à travers les notes.

Je n'étais déjà plus de ce monde quand mon téléphone sonna maintes fois. Je soufflai les dernières notes, laissant encore leur écho flotter dans la pièce. Queens me ramenèrent rapidement à la réalité avec leur chanson I Want To Break Free. Je reposais mon instrument sur le canapé et me dirigeai vers mon appareil cellulaire.

Ouch !10 appels manqués, 3 messages vocaux et 7 textos. Ça n'annonçait rien de bon. Je regardais l'heure : cela faisait 3 heures que je jouais ! Mince alors.

De Dr John Watson :

Artemis, il faut que je te parle, c'est urgent !!

Réponds s'il te plaît.

Rappelle moi le plus vite possible. Je pense que nous devons parler.

De Sherlock :

John est très remonté. Décidément sa petite visite auprès de sa sœur a tourné au vinaigre. -SH

Il est directement monté dans sa chambre et a claqué la porte. C'est TRÈS mauvais signe. -SH

Ps : s'il t'envoie des messages qui finissent avec des points d'exclamation ou des points c'est qu'il est au niveau 4 (self-control très élevé mais les mots peuvent souvent ne pas êtres contrôlés). -SH

De Molly :

Hey Artemis ^^ ! Ça te dit une petite sortie cet après-midi entre filles avec Mathilde ? Elle veut m'acheter quelques petites affaires et je me suis dit que c'était l'occasion de se retrouver autour de smoothies <3

C'était moi ou ils s'étaient fait passer le message entre eux pour me contacter dans le même délais ?! Et puis merde pour ces congés ! Je balançai mon téléphone sur la table et me jetais sur le canapé dans un soupir. Je restais ainsi immobile un moment. Par où commencer ? Pas besoin d'être analyste ou Sherlock pour comprendre que Harriet expliqua nos liens de parenté à John et que désormais la colère bouillait en lui du fait qu'il ne soit au courant de rien.

A vrai dire, à cet instant précis, je n'avais qu'un souhait et c'était de n'avoir jamais existé. Je n'avais rien demandé, et voilà que je me trouvais dans des tourmentes dont je n'en voyais pas le bout. Voilà où m'avait menée mon envie de faire partie d'une famille, d'une vraie, partager les mêmes chromosomes avec d'autres êtres humains. Je ne contrôlais plus rien. La panique commençait à grimper en moi.

Une idée soudaine me parvint et peut-être que ça arrangerait tout. Je devais tenter, essayer. Ça passait, ou ça cassait. Dans mon élan je me levais, enfilai un slim noir, un sweat gris avec le logo de MARVEL écrit en rouge, pris mon téléphone ainsi que mes clés et m'élançais à travers les rues de Londres.


[FR] Holmes a day, Holmes forever ... [OFFICIAL/!\]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant