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Amaya, elle faisait de la danse.

Elle n'était pas très douée, mais elle n'était pas mauvaise pour autant.

Elle était dans la moyenne.

D'ailleurs, c'était sans doute le mot qui l'aurait le mieux décrit.
Moyenne.

Comme la plupart des petites filles, ses parents l'y avaient inscrite sans trop chercher à savoir si ça la convenait ou non.

Depuis, Amaya n'avait jamais osé dire qu'elle voulait arrêter.

Alors elle continuait, chaque mercredi après-midi, de s'y rendre, d'enfiler sa tenue rose bonbon et de suivre la chorégraphie.

Elle faisait des efforts pour paraître gracieuse et rendre chacun de ses gestes aériens.

Mais il n'y avait aucune passion dans ses mouvements.

On aurait dit un automate à qui il manquait un souffle de vie pour rendre le tout harmonieux.

Elle se contentait de répéter les pas, inlassablement, jusqu'à ce que la professeure lui dise d'arrêter avec une étincelle de pitié dans les yeux.

Amaya ne voulait pas de sa compassion.

Pourtant, c'était bien la seule personne qui cernait un peu la jeune fille.

Elle avait décelé le désespoir qui assombrissait le rictus de ses lèvres.

Elle avait remarqué sa solitude dans les vestiaires, lorsque le reste de ses élèves babillaient et qu'elle se contentait de se changer, les épaules basses d'avoir encore échoué.

Mais, surtout, elle avait observé que ses parents n'étaient jamais là aux spectacles de fin d'année.

Amaya, elle dansait pour les autres. Mais il n'y avait aucun autre. Alors Amaya ne dansait pas : elle se contentait de lever les bras, de bouger les jambes, de plier les genoux et de détendre ses coudes.

Amaya, elle était comme cette petite poupée dans les coffrets à bijoux. Lorsqu'on ouvrait la boîte, elle se mettait à tourner et c'était magnifique.

Mais le reste du temps, elle était pliée en quatre dans l'obscurité.

AmayaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant