Braqueurs (sope/YoonSeok)

-7-

Hoseok regarde le noiraud d'un air surpris, effrayé et dans l'incompréhension. Il veut qu'il braque cette épicerie avec lui ? Mais pourquoi ? Il n'est pas comme ça ! Enfin il ne croit pas. S'il ne le fait pas, il le garde enfermé et s'il le fait, il le laissera rentrer chez lui. Il ne peut pas faire ça et en même temps il veut retourner à sa vie. Dilemme... Bordel, il a la trouille ! Braquer ce pauvre caissier et lui foutre la trouille de sa vie, comme celle qu'il a eu ce soir-là et les jours suivants. Comment peut-il lui infliger cela ? Mais comment peut-il continuer comme cela ? Plus d'une semaine qu'il le garde prisonnier. Le caissier peut bien supporter quelques minutes de peur pour qu'il puisse retrouver sa sérénité non ? C'est peut-être égoïste de sa part mais parfois, il faut faire des sacrifices et il en a pas mal fait ces jours. Qu'est-ce que c'est que quelques minutes dans une vie ?

H: D'accord...

Y: Tu entres en premier, tu fais un achat quelconque et tu regardes le nombres de clients et leur position afin d'éviter les mauvaises surprises. Je rentre et m'occupe du caissier, toi, tu surveilles ? C'est compris ?

H: Oui.

Y: Bien. Casquette, masque et tu y vas. Ne touches à rien, tu n'as pas de gants.

H: Et je fais comment pour ouvrir la porte et faire un achat si je ne peux rien toucher ?

Y: Tu suis, c'est bien. Regarde dans la boite à gants.

H: Tu voulais m'envoyer sans gants ? Sérieux ? Tu parles d'un pro...

Y: Tu as fini ? Hoseok enfile la paire de gants trouvée.

H: Oui. Yoongi lève les yeux au ciel.

Y: Alors vas-y.

Hoseok prend une grande inspiration puis sort de la voiture. Il se dirige vers l'épicerie. Il pose la main sur la porte et la pousse. Il est nerveux et tremble légèrement. Il ne sait pas trop si cela est dû à la peur ou à l'excitation. Il se dirige directement vers le fond, regardant dans les rayons le nombre de clients. Coup de chance, il y en à qu'un. Il se mordille la lèvre sous son masque et tente d'être le plus discret possible tout en observant les déplacements du client. Sa nervosité monte encore d'un cran, il commence à douter, à se demander s'il n'est pas en train de faire une grosse connerie. Que se passera-t-il si cela foire et qu'ils se font arrêter ? Il va passer de victime à complice et pourrait finir en taule. Après il peut toujours dire que le noiraud l'a obligé à le faire, ce qui n'est pas vraiment faux. Mais est-ce qu'on le croira ?

Il n'a pas le temps de se torturer l'esprit davantage que Yoongi entre à son tour et pointe directement son arme sur le caissier. A cet instant, Hoseok se demande si l'arme est chargée et si son ravisseur s'en servirait ou pas. S'il était du genre à tirer sans sourciller ou dans la panique. Si son assurance est juste un air qu'il se donne alors qu'en fait il est mort de trouille, qu'il est nerveux et a peur qu'une merde lui tombe dessus. Non... Ce n'est pas son genre. Il est toujours calme et sûr de lui. Toujours dans le contrôle et la retenue. Mis on ne peut pas toujours tout contrôler, il y a toujours quelque chose qui nous échappe à un moment ou à un autre.

Le client sort son téléphone pour appeler la police. Hoseok arrive derrière lui et lui colle un doigt contre le dos, imitant le canon d'une arme puis lui prend son téléphone de sa main libre. Il l'oblige à avancer jusqu'à la caisse en le menaçant toujours de sa fausse arme improvisée puis l'oblige à s'allonger au sol. Pendant ce temps, Yoongi récupère l'argent que le caissier lui tend puis fait un signe de tête à Hoseok, lui indiquant de sortir en premier. Sans se faire prier, le brun sort de l'épicerie suivit dans la minute par Yoongi. Ils montent aussitôt en voiture et démarre pour fuir la scène de crime. 

Hoseok lâche un soupir de soulagement, laissant sortir toute la pression et le stress accumulés juste avant. Sans parler de l'adrénaline et de l'euphorie qui l'accompagne, ainsi que la peur d'être pris ou de l'échec.

Yoongi le regarde du coin de l'œil avant de fixer à nouveau la route. A mi-chemin, il s'arrête et lui bande les yeux. Hoseok se laisse faire sans rechigner. Moins il en sait, mieux c'est. Une fois devant l'immeuble de Namjoon, Yoongi l'aide à sortir de la voiture et le dirige jusqu'à l'appartement. Hoseok pose son attirail sous le regard attentif du noiraud.

Y: Je ne pensais pas que tu le ferais. Tu t'en es bien sorti. Yoongi sert deux verres puis en apporte un à Hoseok.

H: Euh merci ? Le brun le boit sans se poser de questions sous le regard attentif de l'autre homme.

Y: Tu devrais aller dormir maintenant. 

Hoseok esquisse un sourire et se rend dans la chambre. Il se déshabille en partie, n'ayant rien d'autre à mettre pour dormir puis se glisse sous les draps. Il laisse son esprit vagabondé un instant, se surprenant lui-même d'avoir pu le faire avec autant de facilités. Il était nerveux et stressé oui mais il n'a pas paniqué. Il est resté malgré tout, calme, maitre de ses gestes et de son esprit. Il ne l'a pas laissé partir dans tout un tas de théories fumantes ou de paranoïa qui auraient pu le pousser à la faute, à commettre une erreur qui aurait pu leur couter cher. Ne serait-il pas si différent de l'autre homme en fin de compte ? 

Il soupire doucement et ferme les yeux quand la porte de la chambre s'ouvre doucement. Quelqu'un entre et s'approche lentement du lit, cela ne peut être que le noiraud. Celui-ci se penche, vérifiant si Hoseok dort, ce qu'il ne fait pas puisqu'il fait semblant. Yoongi se glisse sous les draps, s'allonge sur le dos puis croise les mains sous sa tête, fixant le plafond. Hoseok, qui n'ose pas bouger, se demande ce qu'il fait là et pourquoi il est venu dormir à côté de lui. Pas que sa présence le dérange, pas du tout même, bien au contraire, rester seul devient de plus en plus difficile pour lui. C'est juste qu'il ne comprend pas. A aucun moment le noiraud ne lui  à montrer d'intérêt autre que le minimum vital en fait. Il ne l'a jamais vraiment mal traité mais il n'a jamais montrer avoir un attachement quelconque non plus. Il est toujours resté neutre dans son attitude et sa façon d'être.

Yoongi soupire doucement, retire ses mains de sous sa tête et se tourne vers Hoseok qui dort dos à lui. Enfin, il dort... Il entend très bien à sa respiration que ce n'est pas le cas, elle est trop irrégulière et forte, trahissant sa nervosité et donc le fait qu'il soit réveillé. Logique imparable. Et histoire de dire des choses inutiles aussi. La lumière des lampadaires filtrant à travers les rideaux, il peut facilement deviner la silhouette du brun à côté de lui, sa position ou ses mouvements. 

Il l'observe et se demande ce qu'il fait là, allongé à côté de lui. Pourquoi est-ce qu'il ressent le besoin de l'avoir auprès de lui avant de le laisser partir. Alors qu'il a eu tout le loisir de le faire durant cette semaine, au lieu de le laisser seul avec lui-même. Pourquoi est-ce que là, d'un coup, il a envie de le sentir, de le toucher, de savoir si ses cheveux sont doux qu'ils en ont l'air, tout comme sa peau. Envie de savoir ce que cela ferait de le tenir dans ses bras, d'embrasser sa peau. Le brun aussi à envie de savoir tout cela mais il ne se l'avoue pas. Aussi bien l'un que l'autre, ils refoulent toutes ces pensées derrière un mur bien dressé dans leur esprit. Une barrière de sécurité. Mais comme tous murs monté à la hâte, les fondations sont fragiles, le mur est fissuré. Il peut s'écrouler à tout moment et avec facilité.

Yoongi grogne légèrement dans sa barbe. Il faut vraiment qu'il s'en aille, ce garçon est en train de foutre en l'air toutes ses convictions et cela ne peut pas continuer comme cela. Il doit le sortir de sa vie.

C'est sur ces pensées et ces questions qu'Hoseok commence à sombrer dans un sommeil profond, sensation de déjà vu. Yoongi attend encore puis une fois certain que le somnifère à fait effet. Il se lève, agrippe les vêtements d'Hoseok et le tire au bord du lit. Il le hisse sur son épaule et le descend jusqu'à la voiture. Une fois le brun installé sur le siège passager, il remonte rapidement fermer l'appartement de Namjoon avant de rouler jusqu'au sien. Il récupère le portefeuille et le téléphone du jeune homme et repart dans son quartier d'habitation. Il faut admettre que c'est un quartier plutôt plaisant et calme, il peut le laisser là sans problème, il ne risque pas grand-chose. Il l'extirpe de la voiture et le porte sur un banc dans un petit parc. Il le laisse ensuite là et retourne chez lui, sans se retourner.