Chapitre 5 - En Suisse

523 59 31
                                    

Après une heure et demi de trajet dans un silence presque absolu -excepté les quelques fois où Sherlock se plaignait- le groupe atterit en Europe, puis quelques temps plus tard, ils arrivèrent enfin à leur première destination ; les montagnes Suisses.

- C'est vraiment magnifique ! S'exclama John face au spectacle que la nature lui offrait.

- La beauté est un concept entièrement fondé sur les impressions datant de l'enfance, les influences, et les modèles.

- Tu n'aimes pas la vue ? Demanda-t-il en fonçant les sourcils, ne comprenant pas la réaction de son nouvel ami.

- Si, beaucoup. Répondit Sherlock avec un dernier regard pour John avant de s'éloigner, le laissant sourire pour lui même.

Conformément aux instructions de leurs professeurs, les élèves rejoignirent tous leurs chambres respectives, qu'ils partageaient évidemment en binôme, afin d'y déposer leurs affaires.

Sherlock et John découvraient alors la grande pièce qui serait leur durant les deux nuits qu'ils passeraient en Romandie. Composée d'une salle de bain, de deux chambres, et d'un petit salon, tout pratiquement étant en bois et recouverts de toutes sortes de duvets et de couvertures, ils se croyaient dans un petit chalet miniature.

- C'est sympa chez vous.

Les deux amis se retournèrent vivement afin de faire face à cette voix masculine et découvrirent dans l'embrasure de la porte, un garçon de leur classe presque aussi grand que Sherlock. Ce dernier soupira bruyamment à la seconde où il reconnu l'intrus, Philip Anderson.

- Qu'est ce que tu fais ici ?

- Je visite, simplement.

- Dégage, simplement.

- Tu peux laisser ton ami entrer, ça ne me dérange pas. Répondit d'un air légèrement paniqué John à la rudesse de Sherlock.

Philip se redressa, fier et comblé, prêt à s'introduire dans le petit appartement. Sherlock s'approcha de lui au même moment et, avant que l'intrus ne passe la porte, claqua celle-ci devant lui, le forçant à rester dans le couloir.

Quelques temps après, ils rejoignirent le reste de leur classe pour le dernier repas de la journée puis se retirèrent dans leurs chambres respectives.

Le lendemain après un petit déjeuner copieux accompagné du meilleur chocolat chaud qu'ils n'avaient jamais bu, les adolescents et leurs professeurs enfilèrent chaussures, combinaisons, et skis, et se préparèrent à dévaler des pistes enneigées toute la journée.

Ni l'un ni l'autre des deux comparses ne s'était déjà adonné à une telle activé. Mais alors que John assumait pleinement son ignorance, Sherlock, lui, s'était contenté de bruits guturaux et de longs regards sur les remontées mécaniques et skieurs autour de lui.

Ils commencèrent alors à enchaîner les montées et les descentes appréciant l'adrénaline et la vitesse.
Sherlock n'appréciait guère le fait de ne pas connaître sur le bout des doigts quelque chose qui avait pourtant l'air si simple. Il faisait donc de son mieux pour paraître le plus cool et détendu possible ; et pour son plus grand bonheur, l'illusion était parfaite. Il est vrai que le contraste avec un John peu sûr de lui et tout autant stable, qui manquait de perdre l'équilibre à la moindre difficulté, renforçait à merveille cette impression.
Il paraîssait pour celui-ci que le jeune Holmes supporté par son remarquable self-control restait totalement impassible face à l'activité malgré l'adrénaline censée être sécrétée par son cerveau. Il était plus lent, et lorsqu'il retrouvait son ami en bas des pistes, il lui semblait ne pas apercevoir sur son visage un quelconque sentiment de bonheur. Toutefois, lors des quelques rares moments où John prenait de l'assurance et doublait Sherlock, il voyait ses yeux écarquillés dans lesquels se reflétait la neige briller.

Dans l'après midi, alors qu'ils étaient tous deux assis par terre en train de reprendre leur souffle, un adolescent s'approcha d'eux, tenant ses skis à la main, des écouteurs enfoncés dans les oreilles, machant un chewing gum en ouvrant beaucoup trop la bouche.
John pensait le connaître. Il l'avait vu à maintes reprises, assis au fond d'une salle de classe ou à proximité de ses harceleurs. Cependant, jamais il ne lui avait adressé la parole, jamais il ne l'avait insulté. Il s'était toujours contenté de rester dans l'ombre, de l'observer, mais jamais il ne l'avait réellement confronté.

- Sheeeeerlock ! Chantonnait-il d'une voix haut perchée à mi chemin entre celle d'un enfant et celle d'un dangereux psychopathe.

- Jim. Répondit le principal concerné sur un ton placide et méfiant.

- Tu ne veux pas venir jouer avec moi ?

- Où ça ?

- Dans la cour des grands. Annonça-t-il en retirant d'un geste beaucoup trop dramatique les lunettes de soleil qui lui dissimulaient le visage.

James Moriarty pointa l'un de ses bâtons de ski en direction d'une piste autre que celles que Sherlock et John avaient emprunté jusque là. Ils s'étaient contentés de descentes abordables ; bleues, celle du nouveau venu était bien plus compliquée et dangereuse ; noire.

- Pourquoi ?

Sherlock savait pertinemment qu'il n'en avait pas le niveau.

- Parce que tu n'es qu'un débutant.

Finalement, il se sentait complètement capable.

Le Voyage - Johnlock AUOù les histoires vivent. Découvrez maintenant