Chapitre 7 - Le Campement

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Le lendemain, une fois réveillés, nourris, et chargés de leurs affaires les élèves prirent place dans le bus.
Sauf Sherlock qui replaçait et arrangeait sa longue veste encore et encore, sous les remarques de John qui regardait par la fenêtre les faits et gestes du reste de leur groupe.

- Dépêche toi, ils commencent à monter.

Comme il n'avait aucune réponse de la part de Sherlock depuis une dizaine de minutes, John continuait inlassablement à parler dans le vide.

- Je ne vois même pas ce que tu essaies de perfectionner.

Le scientifique en herbe se retourna enfin en frottant les pans de sa veste comme pour les aplatir, toujours sans dire un mot.

- Ils vont partir sans nous. Prévint John qui commençait à trépigner.

- Alors allons-y.

Il attrapa sa valise et se précipita dans le couloir et les escaliers. John le suivit, soupirant, complètement exaspéré.

Ils arrivèrent enfin au moment où le dernier élève montait à bord. Sherlock s'introduisit dans l'habitacle en premier et après un rapide coup d'œil sur chacun des emplacements où se trouvaient les harceleurs de John, il choisit l'un des sièges restant le plus éloigné d'eux. Cela ne lui prit qu'une demi seconde ; trop rapide pour que John ne le remarque.

Le départ s'étant fait tôt dans la matinée et le trajet promettant être long, la plupart des élèves avait décidé de dormir. John, lui, trouvait qu'il était préférable de rester éveillé puisque autour de lui se trouvaient des personnes ne lui voulant pas forcément du bien. À côté de lui, la tête posée contre la vitre froide du bus, Sherlock se reposait, emmitouflé dans son manteau qu'il avait transformé en couverture.

De longues heures plus tard, l'après midi étant déjà bien avancée, ils arrivèrent sur un chemin rocailleux à l'orée d'une forêt.
Un homme imposant vint les accueillir. Avec un fort accent allemand il leur expliqua le programme de la fin de la journée et leur prêta des sacs à dos dans lesquels les élèves rangèrent les quelques affaires qu'ils jugeaient nécessaire pour passer la nuit en forêt. Il confia aussi une tente à chaque binôme puis le petit groupe se lança dans une randonnée aussi épuisante qu'intéressante de presque 3 heures.

À l'arrière du groupe, Sherlock gambadait presque de çà et là, écoutant en surface ce que disait leur guide sur la flore ambiante, vérifiant tout à l'aide d'un livre sur la botanique et d'une petite loupe de poche.
John l'observait. Quelques fois il s'arrêtait, feuilletait rapidement son livre, se jetait presque au sol avec sa loupe et finissait par se relever d'un bond en murmurant "c'est faux" juste assez fort pour que John et personne d'autre l'entende.
Il batifolait comme un enfant découvrant ses cadeaux de Noël et ne sachant pas lequel il préférait. Il s'était proposé pour porter la tente en plus de son sac à dos, mais le poids de ces deux objets n'avait l'air de n'être qu'un léger désagrément. John avait fini par lui prendre la tente à un moment où il étudiait le pied d'un champignon. Il avait eu l'impression que son encombrement l'empêchait de se mouvoir comme il le voulait. Sherlock l'avait dit lors de leur première soirée ensemble au restaurant ; il ne devait que penser, seul le travail mental comptait. S'il était la tête, peut-être que John était les muscles. De toute manière, celui-ci se sentait prêt à porter la tente, le sac de son ami, et même son long manteau dont il n'avait pas voulu se défaire, si c'était ce qu'il fallait pour continuer de le regarder s'amuser et sourire.

Le trajet étant enfin fini et le soleil commençant à se coucher, ils s'arrêtèrent dans une clairière plutôt accueillante au centre de laquelle leur guide construisit un feu de camp en leur ordonnant de placer leurs tentes autour.

N'étant pas vraiment intégrés parmi leurs camarades, les deux amis avaient décidé de planter leur tente un peu plus en retrait. Dès que la nuit fut complètement tombée, chacun se retira dans ses quartiers. John s'enroula dans son sac de couchage après s'être débattu avec ses vêtements dû au fait que Sherlock prenait la plupart de l'espace disponible, puis, celui-ci se laissa tomber à sa droite.

Le couchage n'était pas très confortable mais John ne s'en plaignaient pas ; la marche de la journée l'avait fatigué, et celle de demain promettait la même chose. Sherlock, quant à lui, ne manquait pas une occasion de critiquer ce qui l'entourait ; l'espace trop petit, le sol trop inconfortable, la toile trop fine. Une fois installés dans leurs sacs un peu trop sac selon Sherlock, ce à quoi John répondit que c'était exactement le but, ils essayèrent de tomber dans les bras de Morphée.

Dehors, quelques bruits retentissaient ; des grillons, des chouettes, le vent dans les branches des arbres. Et des pas. Des pas furtifs semblant se rapprocher de leur tente.
Ils ouvrirent les yeux et se regardèrent sans vraiment comprendre, se demandant intérieurement qui ou quoi pouvait bien batifoler à l'extérieur. Tous deux pensaient à un camarade probablement mal intentionné ou voulant faire une blague. Peut-être l'un des harceleurs de John, ou alors James Moriarty.

Mais lorsque soudainement un grognement se fit entendre et qu'une ombre imposante apparu sur la toile de leur tente, la peur s'empara des deux garçons.

En un réflexe sûrement commandé par la peur, Sherlock attrapa de sa main gauche celle de John. Il la serra fort entre ses longs doigts, bien plus fort que quelqu'un avec une entorse ne serait censé pouvoir le faire.
Bien qu'il fut troublé par cette nouvelle gestuelle de la part de son ami à son égard, l'attention de John se porta surtout sur cette prouesse médicale. Il était absolument convaincu qu'il était impossible pour quelqu'un qui ne pouvait en aucun cas utiliser sa main la veille, d'avoir comme par magie retrouvé une telle force.

- Ton poignet...

Un autre grognement résonna. Et cette fois-ci ce n'était pas simplement une ombre qui se dessinait mais bien la bête entière qui s'écrasa sur la tente du côté de Sherlock.

Suivant son instinct de survie, ce dernier fit un bond en direction de John qui lâcha la main de Sherlock pour la passer devant lui et le pousser au sol à sa place tout en se redressant. Il attrapa une de ses chaussures et commença à frapper de toutes ses forces à l'endroit où l'animal essayait de s'introduire. Sherlock, à qui il fallut un peu plus de temps que d'habitude, se rendit alors compte que John venait de le mettre à l'abris pour partir au front défendre leur foyer. Il saisit alors son livre sur la botanique et imita les geste de son ami.

De longues secondes plus tard, le danger semblait être écarté. À bout de souffle ils s'arrêterent, reprenant en compte les hululements et les craquettements prenant place dans le silence assourdissant de la nuit.
John se recoucha doucement, épuisé, l'adrénaline qui l'avait possédé commençant à disparaître petit à petit.

Aux aguets, ni l'un ni l'autre n'osait piper mot, mais, les yeux dans le vide, chacun écoutait, prêt à devoir se relancer dans une bataille effrénée.

Le Voyage - Johnlock AUOù les histoires vivent. Découvrez maintenant