Chapitre 6 - L'Affrontement

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James Moriarty parti vers l'endroit en question en lançant à Sherlock un dernier long regard. Celui-ci en profita pour se lever et le suivre.
À son tour, John se mit rapidement debout et arrêta son ami dans sa course.

- Tu ne vas quand même pas faire ça ?

- Si. Je peux le faire.

- Peut-être. Concillia l'adolescent qui avait compris que son ami était plein de surprises et qu'il ne devait pas douter de lui. Mais ce Jim, il a l'air un peu... pas très... sain.

Il fit alors un signe de tête vers le jeune homme qui marchait en pratiquant de çà et là quelques pas de danse et saluait à maintes reprises un public imaginaire.

John suivi alors Sherlock qui était bien trop têtu pour qu'il puisse le faire changer d'avis. Il s'engageait dans quelque chose de dangereux, inutile, et idiot, évidemment que cela attirait le scientifique.

Commençant l'ascension sur le tire-fesses, James fit un grand geste de bras à Sherlock pour l'inviter à le rejoindre au sommet. Laissant un John plutôt méfiant derrière lui, il s'exécuta et rejoignit l'adolescent.

- Qu'est ce que je gagne ?

- À part de la satisfaction, rien, Sherlock. J'ai bien compris que c'était inutile de mettre une carotte sous ton nez pour te faire avancer. Tu vas y aller par toi même. Mais si vraiment tu veux tout savoir... Je connais l'un des secrets de Mycroft.

- Je connais mon frère par cœur.

- Tu m'ennuies à être aussi stupide.

Sur ses dernières paroles, James se jeta dans le vide, suivit une demi seconde plus tard par un Holmes plus déterminé que jamais.

Le petit homme glissait calmement, comme s'il ne prenait pas en compte la vitesse folle de sa descente, et continua encore une fois à saluer un faux public qu'il prétendait être situé en bas de la piste. Sherlock, lui, perdait peu à peu l'équilibre. Mais il n'était pas question de ralentir ou d'abandonner ; c'était une question de fierté, il gagnerait.

Évidemment, ce qui devait arriver arriva. James avait de l'avance, Sherlock essayait par tous les moyens de le rattraper quitte à sacrifier sa stabilité. Au moment où il le dépassa et était donc persuadé de finir la course en premier, il fut réjouit et perdit alors un peu de concentration, le faisant chuter complètement.

Il roula dans la neige jusqu'à ce que le sol redevienne plat, sous le rire machiavélique de son némésis.

- Sherlock !

John accouru à ses côtés le plus rapidement possible que ses lourdes chaussures de ski lui permettaient tandis que James arriva en même temps à la hauteur du scientifique avec un dérapage parfaitement calculé.

- Je suis déçu, Sherlock. Très très déçu.

Celui-ci se redressa et frotta la neige hors de son visage.

- Parle moi de Mycroft.

- Très très très déçu. Continua James en s'en allant dramatiquement.

Quelques minutes plus tard, les deux amis étaient assis autour d'une table dans leur petit appartement, sur laquelle reposait le poignet de Sherlock autour duquel John enroulait un bandage. Le compétiteur avait essayé d'appuyer sur sa main pour se relever mais n'avait ressenti qu'une vive douleur. John avait alors jeté ses gants avant de retirer doucement le sien pour découvrir qu'il était gonflé. Selon lui, rien de cassé, mais probablement une belle entorse.

Sherlock le regardait faire fixement. Il ne se souvenait pas avoir déjà eu recours à une telle attention médicale et l'inquiétude de son nouvel ami le faisait doucement rigoler malgré lui. John essaya tant bien que mal de l'ignorer et de se concentrer. Après tout, Sherlock l'avait déjà aidé plusieurs fois avec ses harceleurs, lui bander le poignet était la moindre des choses qu'il pouvait donner en retour.

Peu de temps après, ils rejoignirent leur groupe devant un repas typique Suisse ; de la fondue.

Sherlock essayait, tant bien que mal, d'appuyer sur le pain au bout du pique avec sa fourchette, mais il fallait y mettre de la force et son poignet avait l'air de le faire souffrir. Il persévérait mais les quelques rares fois où il daignait y arriver, une grimace de douleur, qu'il essayait tout de même de contrôler, déchirait son visage.
John, témoin aux premières loges de tout son cirque, décida à un moment d'approcher délicatement son couvert, en rasant la table à l'abris des regards et appuya à la place de son ami. Il voulait l'aider mais, n'étant pas sûr de sa réaction, il trouvait préférable de le faire discrètement pour ne pas risquer de brusquer Sherlock qu'il n'arrivait pas encore à bien cerné.
Le jeune scientifique lui lança un regard légèrement surpris avant de lui sourire tendrement. Il était touché par ce geste qui démontrait l'affection de son nouveau camarade à son égard. À partir de cette fois-ci, à chaque morceau qui résistait un peu trop à sa pauvre main, Sherlock posait sa fourchette sur la table et John venait alors presser avec la sienne, provoquant à chaque fois un sourire même minime de la part du cadet des Holmes.

Le repas rythmé par cette complicité nouvelle une fois terminé, les deux acolyte se retrouvèrent sur le petit balcon de leur appartement pour une dernière nuit, dont la vue donnait sur la montagne enneigée qui brillait sous la douce lumière des étoiles. Tous deux avaient les yeux fixés sur le spectacle qu'offrait la nature.

- Je ne comprends pas pourquoi tu as fait cela.

- Hmm ?

- Avec Jim. Il est plus expérimenté que toi, tu le savais, et tout de même tu...

- J'aurais pu gagner. Je devais essayer. Assura Sherlock en coupant la parole à John.

- Tu t'es blessé. Ça ne servait à rien de te mettre en danger pour une compétition idiote.

Sherlock tourna la tête vers son camarade et le scruta, semblant chercher ses mots.

- Tous les risques sont bons à prendre. On ne sait pas toujours ce qui en résultera mais s'il y a une chance de gagner quelque chose, quoi que ce soit, un risque vaut le coup.

John le regarda à son tour. Les yeux de son ami étaient profonds. Il émanait d'eux et de l'adolescent en général une sorte de force surpassant l'entendement qui aspirait John. Il se sentait tiré, attiré, comme s'il n'était qu'un bout de métal et Sherlock un aimant.
Toutefois le petit homme était persuadé que cette force invisible ne venait pas seulement de son comparse ; il faisait tout son possible pour lui résister, pour ne pas se laisser aller vers lui, pour rester complètement stoïque, et cependant, il était presque sûr que Sherlock était plus près que précédemment.

Il en tira deux conclusions. Soit il émanait de lui aussi une force à laquelle Sherlock avait plus de mal à se restreindre. Soit il ne s'était simplement pas rendu compte de cette proximité nouvelle avec l'adolescent à bouclettes.

Toujours en se questionnant, John frissonna. Sherlock se redressa aussitôt, John l'imita sans s'en rendre compte, et le scientifique posa une main sur son dos afin de le pousser gentiment vers l'intérieur.

- Tu as froid, rentrons.

Une fois au chaud, Sherlock referma la fenêtre puis tous deux se dirigèrent vers leurs chambres respectives afin de passer la nuit qui marquait la fin de cette folle journée et de cette première aventure.

Le Voyage - Johnlock AUOù les histoires vivent. Découvrez maintenant