Chapitre 8 - L'Attaque

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- Qu'est ce que c'était à ton avis ? Finit par demander Sherlock une fois sa respiration calmée.

- Un animal.

- Wow quelle observation ! Tu m'impressionnerais presque !

John lui lança un regard en coin ; il n'aimait pas être pris pour un idiot, mais apparemment c'était l'occupation favorite de Sherlock.

- Pardon. Excuse moi.

Sherlock avait parfaitement compris. D'habitude il ne cherchait qu'à taquiner son partenaire, cette fois-ci il avait presque été méchant. John était tout autant secoué que lui, ils venaient de vivre la même chose ; ce n'était vraiment pas le moment de lui faire une remarque sur la petitesse de son cerveau.

L'adolescent secoua doucement la tête, en signe qu'il lui pardonnait plus ou moins. Ce n'était pas si grave, Sherlock s'était pratiquement toujours comporté de cette manière depuis qu'il l'avait rencontré. John avait toujours pensé que le scientifique n'avait pas réellement de sentiments et d'émotions, mais s'il s'excusait c'était qu'il comprenait qu'il ne fallait pas non plus pousser le bouchon trop loin et jouer sur ses nerfs et sa patience.

Sans le quitter des yeux, Sherlock se coucha à ses côtés, plus près de lui qu'il ne l'était auparavant. De toute façon, avec ce qu'il venait de se passer, ils étaient tous les deux rassurés de la présence de l'autre et n'avaient que faire de cette proximité nouvelle.

Il approcha sa tête et colla son front contre l'épaule de John, effouissant ensuite son visage dans le bras du petit blond. Il avait au tout début pensé que ce dernier ne serait qu'un poids allant faire barrière à ses réflexions tout en ne respectant pas sa personnalité si singulière et différente de la sienne, mais tout compte fait, John l'avait toujours aidé, quelle que soit la situation. John s'était à maintes reprises montré utile mais aussi compréhensif, patient, attendrissant, empathique, courageux, protecteur.

Sherlock avait été effrayé, et c'était rare qu'il le soit autant. John avait parfaitement réagi ; il avait voulu le mettre à l'abri avant de se battre seul contre l'animal qui demeurait non identifié. Son premier instinct avait été l'altruisme ; le protéger lui. Habituellement Sherlock éprouvait une certaine animosité envers ceux qui jouaient les héros. Tout le monde le faisait en ayant un but, en vue de quelque chose, quoi que ce soit. Toutefois, dans ce cas précis, John n'avait pas agi de la sorte pour se donner bonne conscience ou pouvoir se vanter par la suite. C'était simplement une réaction, pure et sincère, un instinct de survie, comme une lionne qui protége ses petits.

Et il ne s'était pas moqué de lui.

Au contraire, John avait été bienveillant, il l'avait toujours été. L'animal l'avait plus effrayé lui que Sherlock ; le scientifique avait pu lire la peur monstre dans les yeux du sportif. Et pourtant, il laissait Sherlock se coller à lui comme s'il s'appuyait sur un pilier. Il le laissait prendre son temps, il le laissait agir comme il le voulait, comme à son habitude. Il ne le regardait pas, ses yeux étaient perdus dans le vide tandis qu'il finissait de reprendre son souffle.

Des bruits de pas, furtifs et étouffés, se distinguèrent à quelques mètres d'eux. Craignant le retour de l'animal, cette fois-ci, John attrapa la main de Sherlock. Ce fut un réflexe, un geste incontrôlé, comme pour s'accrocher à son ami, se promettre d'être tous les deux quoi qu'il se passe. Il le fixa de ses yeux apeurés, et Sherlock fit tout son possible pour chercher à le rassurer par le même moyen.
Des chuchotements se firent enfin entendre. Simplement certains de leurs camarades, rien de plus. La bête était bel et bien partie et ne reviendrait pas prendre sa revanche.

Sherlock qui s'en était douté décida de ne faire aucune remarque quand à l'inquiétude de John. Après tout il ne s'était pas moqué de lui auparavant. Il était préférable qu'il ne prenne pas le risque de dire quelque chose de méchant en voulant taquiner son nouvel ami.

Il le fixait toujours mais John avait détourné le regard. Cependant, leurs mains étaient toujours posées nonchalamment l'une dans l'autre. Elles ne se serraient plus, mais aucun des deux garçons ne souhaitait retirer la sienne.

Les yeux de John se posèrent alors sur celle de son ami et principalement sur le bandage à moitié défait qu'il avait lui même enroulé la veille.

- Ton poignet...

Le propriétaire dudit poignet lui adressa un sourire malicieux et moqueur, à la suite duquel John soupira en levant les yeux au ciel.

Dans un élan de quelque chose qu'il n'arrivait pas vraiment à décrire, Sherlock lâcha la main de John et se redressa avant de, doucement, poser sa tête sur le torse du sportif.

Ce dernier sentit une vague de chaleur affluer dans son buste et son cœur tambouriner dans sa poitrine. Il supportait Sherlock contre son épaule, mais Sherlock à moitié couché sur lui était une étape qu'il avait plus de mal à franchir.
Toutefois, les bouclettes brunes lui carressaient presque le visage. Il pourrait enfin les atteindre sans paraître trop étrange. Il retira son bras coincé sous le corps de Sherlock et l'approcha le plus lentement possible de la chevelure. Même si cette position et proximité ne le mettaient pas vraiment à l'aise, il ne donnerait rien pour qu'une telle situation s'arrête, et redoutait que son geste ne pousse son ami à défaire leur étreinte.

Il toucha délicatement et du bout des doigts son objet de convoitise. Sherlock eut un petit mouvement de recul mais John continua de lui caresser tendrement et craintivement le crâne avant de poser sa main sur son épaule, n'osant pas aller plus loin dans ce qu'il entreprenait.

Le chimiste ferma les yeux et cala inconsciemment sa respiration sur celle du sportif. Puis, commençant enfin à apprécier le fait de passer la nuit sous une tente, il se laissa aller et accepta de s'endormir.
Il se sentait bien. Il se sentait protégé et protecteur. Comme si, enfin, il avait trouvé un égal.

John n'avait pas joué les héros, il en était un. Et c'était son héros. Sherlock sentait que telle serait sa destinée. Non pas d'être son héros, mais d'en être un. Sauver des vies, aider la population, c'était ce qui motivait le jeune homme, et cela continuerait encore longtemps. Il en était persuadé.

Le Voyage - Johnlock AUOù les histoires vivent. Découvrez maintenant