Chapitre 11 - L'Italie

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Le lendemain, professeurs et élèves se levèrent de bonne heure afin de prendre l'avion en destination d'un de leurs derniers arrêts ; Venise.

Le voyage touchait bientôt à sa fin. Pour John, qui au départ appréhendait le fait de partir vagabonder seul au milieu de tout un groupe, c'était une catastrophe. Finalement, il préférait son séjour à sa vie quotidienne ; s'il se faisait embêter, Sherlock s'interposait, s'il était effrayé, Sherlock se rapprochait, s'il se sentait seul, Sherlock lui faisait comprendre qu'il ne l'était pas. En fait, il préférait cet interlude avec Sherlock à sa vie quotidienne.

Sherlock était ce qu'il lui avait toujours manqué. La dernière pièce pour compléter son puzzle. Peut-être même la plupart des pièces. Avant Sherlock, l'image n'était pas complète, floue, indescriptible. Depuis que cette extraordinaire personne était entrée dans sa vie, son futur a enfin un visage.

John en était persuadé.

Mais il se disait aussi qu'il était possible qu'il ait de telles pensées car Sherlock s'était endormi sur son épaule et que sa main reposait nonchalamment sur sa cuisse.

Pendant quelques secondes, il réussissait à oublier cette proximité, mais à chaque fois que Sherlock bougeait ne serait-ce qu'un doigt, le coeur de John s'emballait.
Comme si, même endormi, le jeune génie savait exactement ce qu'il se passait dans ses pensées et qu'il refusait de ne pas s'y trouver.

Arrivés à Venise, après un petit tour des environs à pieds dirigés par leur guide pour la journée, celui-ci les emmena à l'activité principale de la journée ; une balade en gondoles.

- Entre deux et quatre personnes par embarcation. Selon les touristes, c'est une promenade romantique, donc la plupart du temps ce sont des amoureux qui montent ensemble. Ça peut être une bonne occasion pour certains d'entre vous ! Rigola le guide en donnant les consignes.

Sherlock sentit quelque chose se glisser dans sa main et quelqu'un se rapprocher de lui. N'étant pas sûr que c'était du côté où John se trouvait, il se retourna brusquement.

- Monte avec moi, Sherlock. On s'amusera.

Même si le jeune homme voulait retirer son bras, il ne bougea pas d'un pouce, voulant encore plus écouter ce que son comparse avait à lui dire.

- Il l'a dit, ça sera romantique.

Sherlock plissa les yeux. Non pas parce qu'il pensait que toute forme de romance était une perte de temps, bien que c'était le cas, mais il se demandait quelle était la relation entre l'adolescent, lui, et de la romance.

- On se confiera tous nos secrets...

Les élèves commencèrent à embarquer par petits groupes, comme l'avait ordonné le guide. Certains, effectivement, montaient main dans la main avec la personne qu'ils définissaient comme leur moitié. D'autres montaient entre amis, crachant autant sur l'amour que Sherlock avait l'habitude de le faire dans sa tête.

- Ou... Ceux de Mycroft !

À travers la foule qui s'amenuisait de plus en plus, les yeux de Sherlock se posèrent sur ceux de John.

S'il mettait de côté l'ambiance soi-disant romantique, la proposition de Jim s'avérait être plutôt alléchante. Après tout il ne savait toujours pas qu'elle était cette chose que le garçon cramponné à lui ne cessait de répéter à propos de Mycroft.
Mais il était hors de question qu'il abandonne son ami. S'il devait se retrouver seul sur un bateau c'était avec lui et personne d'autre. Jim et Mycroft pouvaient attendre.

- Non. Répondit Sherlock durement en retirant violemment son bras et marchant en direction de John.

- Tu ne sais pas ce que tu rates.

- Mais je sais ce que je gagne. Lui lança-t-il sans se retourner.

- Au fond tu as raison ; faire durer le suspense, c'est si sexy !

Tandis que John et Sherlock se dirigèrent vers une embarcation, le premier, qui avait partiellement entendu la discussion entre James et son ami, ne pouvait retenir sa curiosité.

- Tu sais, si tu veux monter avec lui, ça ne me pose pas de problème.

Dans un mouvement presque imperceptible, John opina inconsciemment du chef. Il mentait, et Sherlock n'avait aucune difficulté à le déduire.

- Même si son obsession pour mon frère m'intrigue, tu es un bien meilleur compagnon de route.

- Qu'est-ce qu'il peut bien lui vouloir ? Lui demanda-t-il en ignorant la seconde partie des paroles de Sherlock ne sachant pas quoi y répondre.

- Je n'en ai aucune idée.

- Comment est-il ?

- Intelligemment déstabilisant.

- Ton frère ?!?

- Oh non. Mycroft est un idiot. Mais il est aussi député. James pourrait avoir quelque chose qui détruirait sa carrière. Ou peut-être pas. Je n'en sais rien. Et je n'aime pas ne pas savoir.

Les deux amis s'installèrent l'un à côté de l'autre pendant que le gondolier eloigna le bateau du petit port.

- Une seconde !

En courant et tenant une jeune femme par la main, James Moriarty courait vers le bateau avant de sauter à l'intérieur.

- On monte aussi ma petite amie et moi. Annonça-t-il en aidant l'adolescente à monter à bord avant de s'installer face à Sherlock et John et de la coller contre lui.

- Molly ?!

- Et oui, Sherlock. Le monde ne tourne pas autour de toi.

Pendant la balade, le gondolier leur présenta les endroits les plus touristiques ou les plus chargés d'histoire de la ville. Il leur indiqua aussi ce qu'il considérait comme étant les meilleurs restaurants ou marchands de glace, sous les yeux ébahis de John et Molly qui l'écoutaient avec attention.

Sherlock et James, quant à eux, n'avaient d'yeux que l'un pour l'autre, comme deux chiens enragés prêts à se sauter dessus mais qui était mentalement retenus par leurs maîtres respectifs.
Pendant le discours du guide, le jeune Moriarty réagissait à certains de ses mots avec des gestes parfaitement calculés sans détourner ses yeux une seule seconde de Sherlock.
Lorsqu'il parlait des "secrets" de la ville, James lui lançait un clin d'œil ou un sourire mesquin. Lorsqu'un mot comme "amour" ou "romantisme" se faisait entendre, il embrassait Molly sur la joue ou tournait son corps en direction de John qu'il, quelques fois, pointait du doigt ou du pied avec une expression de surprise totalement exagérée.

L'après midi et la soirée se déroulèrent sur cette même note. John avait plus que l'impression de se trouver au milieu de cette bataille de regards et d'en devenir presque invisible. Il distinguait parfois que Sherlock regardait James avec la lueur qui parcourt ses yeux lorsqu'il essaie de déduire quelque chose. Ce à quoi James répondait a chaque fois par une expression exagérée. Et ce jeu enfantin se terminait par John qui levait les yeux au ciel en soupirant.

Ce dernier fut donc soulagé lorsque la journée se termina et que son ami et lui se retrouvèrent enfin seuls dans leur chambre.
Toutefois, Sherlock était étrangement silencieux, et John n'osait pas lui demander ce qu'il se tramait dans son esprit. Après tout, ce n'était peut-être simplement que la provocation de James qui le faisait réfléchir si intensément qu'il ne pipait plus mot.

Il décida de ne pas y prêter attention pour l'instant et se glissa sous ses draps avant de s'endormir tout en observant Sherlock qui, dans le lit à côté du sien, avait, posés sur ses lèvres ses index qui se touchaient en leurs bouts, les mains croisées, et les yeux fermés.

Le Voyage - Johnlock AUOù les histoires vivent. Découvrez maintenant