Chapitre 14 - La Déclaration

579 58 69
                                    

Enivré par le toucher de Sherlock sur sa bouche, son dos, ses hanches, et ses cuisses, John ne se rendait pas compte du temps qui passait. Les minutes défilaient comme des secondes. Il savait qu'ils devraient arrêter à un moment ou un autre, mais il n'en avait pas du tout envie. Il avait simplement envie de caresser Sherlock ; ses cheveux doux qui brillaient, sa peau lisse et blanchâtre, ses joues légèrement rosies sous la passion qui augmentait la température de son corps.

Mais le marin qui préalablement les avait conduit à leur idylle arriva et avec lui le moment de s'éloigner.

De retour dans le bâteau Sherlock discutait avec l'homme dans un italien que John aurait probablement jugé excellent s'il le comprenait. De toute façon, il n'écoutait pas ; il ne l'aurait pas pu même s'il le voulait. Quiconque qui décidait de lui porter la quelconque attention verrait sans aucun problème que ses yeux étaient plus chargés d'étoiles que le ciel au dessus de sa tête. Son sourire béat et presque idiot trahissait lui aussi son état d'esprit. Il se disait que le marin devait se moquer de lui à ce propos, car par moment il le regardait, disait quelque chose à Sherlock, puis éclatait d'un rire gras, et Sherlock rougissait. Mais il s'en fichait. Il pouvait se moquer, il pouvait le tourner en ridicule, il pouvait même l'insulter si l'envie lui prenait ; il était amoureux, et rien d'autre ne comptait.

En revenant un peu plus à lui même, il se rendit compte que ses mains étaient glacées. L'envie lui prit de les coller dans le dos de son ami et d'en profiter pour se blottir à nouveau contre lui, mais il avait trop de retenue pour se laisser aller. À la place, il les glissa dans les poches de son jean. Se réchauffant et reprenant des sensations, il se rendit compte que quelque chose se trouvait à l'intérieur de l'une de ses poches. Surpris, il sortit le petit papier plié dont le contenu l'étonna plus encore.

· ··· −  −·−· ·  −−·− ··− ·  − ··−  ···− · ··− −··−  · − ·−· ·  −− −−− −·  −·−· −−− ·−−· ·− ·· −·  ··−−·· 

Un texte en morse. Il était persuadé ne pas l'avoir vu avant. Sherlock l'avait touché, il avait pu le glisser à son insu.

John était plein de ressources, le jeune Holmes le savait. Il connaissait le morse. Il n'était pas un expert, mais avec un peu de temps il pouvait déchiffrer un message.

Ce qu'il commença à faire.

E... S... T... C...

Lorsque l'homme du bâteau faisait ses blagues à son égard et que Sherlock lui jetait un coup d'œil, John s'empressait de cacher le papier. C'était sans aucun doute l'adolescent qui le lui avait donné, mais s'il devait le décrypter c'était probablement parce qu'il ne voulait pas qu'il puisse le faire devant lui.

Toutefois, John était très curieux de connaître le message.

E... Q... U... E... T...

- Nous voilà revenus à bon port finocchii. À une prochaine fois j'espère !

- Arrêtez.

Pendant que Sherlock lançait un regard noir au marin, John rangea précieusement le papier en lieu sûr et le suivit dans la ville de retour à l'hôtel.

Le soleil pointait le bout de son nez. Les deux garçons pouvaient prétendre à un peu de sommeil avant le départ dans quelques heures pour Paris.

Arrivés dans leur chambre, ils se glissèrent dans leurs pyjamas. John prétexta devoir aller aux toilettes et en profite pour continuer, à l'abris du regard de Sherlock, son travail de traduction.

U... V... E... U...

Son cœur battait la chamade. Il pensait savoir ce qu'il s'apprêtait à avoir sous les yeux.

X... E... T... R... E... M... O...

De l'autre côté de la paroi, il entendait Sherlock bouger, ranger ses affaires, et se disait qu'il se devait de finir le plus vite possible afin de revenir rapidement à ses côtés et lui répondre comme il se devait.

N... C... O... P...

Il ne lui restait plus beaucoup de message codé. Il savait. Il savait.

A... I... N... ?

Il en était sûr.

Et il était si heureux.

Il se dépêcha de sortir de la salle de bain et se précipita face à son ami.
Les deux garçons se trouvèrent face à face, l'un comme l'autre ne sachant quoi dire.
John approcha sa main vers le mur et de son poing, tapa sa réponse.

−−− ··− ··

Oui

Les lèvres de Sherlock s'étirèrent immédiatement en le plus large sourire que John ne l'ait vu arborer.

Celui-ci s'approcha vers son désormais petit ami et l'embrassa tendrement.

Le lendemain, les valises étant bouclées, la classe partit en direction de la gare.

Sherlock et John fermaient la marche. À l'abris des regards, notamment de ceux des harceleurs de John, Sherlock glissa sa main hésitante dans celle de son ami.

Dans le train, leurs épaules qui se frottaient ne les faisaient plus sursauter. Mais la tête endormie de John tombant lourdement sur l'épaule de Sherlock emportait encore tout de même son cœur dans une danse folle.

Secrètement, il espérait que cette étrange sensation soit ne serait-ce que légèrement ressentie par John. Il espérait qu'il était autant spécial pour l'adolescent que celui-ci l'était à ses yeux. L'amour était idiot, l'amour était vicieux, l'amour était un poids. Mais son cœur battait sans cesse pour John, et il ne pouvait rien faire contre. Il ne pouvait pas empêcher le visage du garçon qu'il aimait de faire irruption dans ses pensées à des moments où il n'avait rien à y faire. Il ne pouvait réfréner le besoin qu'il avait par moment de s'assurer que John n'était pas loin de lui et de plonger son regard dans le sien. Et maintenant qu'il avait goûté à ses lèvres, à sa peau, et senti son odeur de plus près, il ne pouvait qu'attendre presque impatiemment la prochaine occasion de se laisser aller à lui.
Il n'avait jamais été comme cela. Il ne se reconnaissait pas vraiment ; jamais il n'avait été motivé par l'amour. Par conséquent, il se trouvait être quelque peu effrayé. Mais John... John calmait ses frayeurs de son sourire angélique, et ses angoisses de son regard protecteur.
Alors par dessus tout, il voulait que le jeune homme ressente la même chose à son égard. Il voulait que son odeur ait la capacité de lui faire tourner la tête, comme la sienne. Que son toucher lui provoque des frissons, comme le sien. Que sa voix ne lui donne d'autres envies que de se blottir contre lui, comme la sienne.

Cependant il n'avait pas vraiment de doutes ; John avait accepté sa proposition et était entré dans son jeu peu ordinaire de déclarations codées. John était un garçon spécial. Tout comme lui. Les romantiques diraient sûrement dans des mots fleuris et des tournures de phrases compliquées qu'ils étaient faits l'un pour l'autre. Et peut-être que c'était le cas après tout.

Peu importaient les explications rationnelles ou scientifiques, même si c'était ce vers quoi le cœur de Sherlock avait toujours penché. Seul John comptait. Et John pouvait être la seule exception à toutes ses lois.

Chacun leur tour, ils s'endormaient l'un sur l'autre, parfois au même moment, ils discutaient et riglolaient comme les amis qu'ils étaient encore quelques heures auparavant, comme si jamais ils ne s'étaient embrassés.
Personne ne pouvait donc se douter de quoi que ce soit ; leur nuit magique restait leur secret. Cependant dans leurs yeux se distinguait clairement tout ce qu'il s'était produit ; les baisers, les caresses, les regards, les sourires, tout ce qui n'était à ce jour, et ils en étaient persuadés, que le début de quelque chose qui valait la peine d'être vécu.

Le Voyage - Johnlock AUOù les histoires vivent. Découvrez maintenant