Chapitre 15 - Paris

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Après toute une journée de train, ils arrivèrent à Paris. La ville de l'amour revêtue du sombre manteau de la nuit était parsemée d'éclairages de toutes sortes qui passionnaient élèves comme professeurs.

La première destination touristique au monde avait été élue comme dernier arrêt de leur voyage.

John, comme le reste de son groupe, rejoignit sa chambre attitrée. Il n'était pas vraiment fatigué mais savait qu'il devait amasser le plus de force possible pour la journée du lendemain  qui ne serait pas de tout repos.
Sherlock, quant à lui, avait disparu. À peine sortis de la gare et du mouvement de foule qui en provenait, les élèves s'étaient tous rattroupés, seul Sherlock manquait à l'appel. Mais comme personne n'avait l'air de s'inquiéter de l'adolescent, John avait essayé de ne pas y porter trop d'attention non plus et d'attendre simplement son retour. Après tout, Sherlock n'était pas un garçon ordinaire, qui sait ce qu'il pouvait bien trafiquer ?

Ce n'était que quelques minutes après, au moment du repas, que John commença à perdre patience. Ses textos ne recevaient aucune réponse et il n'avait toujours aucun signe de vie de la part de son ami. Il ne pensait pas que celui-ci se soit fait enlevé ou qu'un drame lui soit arrivé ; il s'inquiétait seulement du fait qu'il ne revienne pas à temps pour manger, qu'il soit sujet de remontrances pour leurs professeurs, ou encore qu'il cherche à s'éloigner de lui. Peut-être avait-il commis une erreur ? Après tout, il ne fallait pas plus de deux secondes pour écrire "tout va bien", qu'est-ce qui le retenait à ce point ?

Avant de quitter le restaurant, il emballa clandestinement dans des serviettes quelques petites gourmandises que Sherlock pourrait au moins avaler s'il revenait pour la nuit. Puis, une fois dans son lit, les petits sachets posés sur celui de Sherlock, il commença à paniquer pour de bon, et l'idée d'aller à la recherche de l'adolescent dans les rues de Paris lui traversa l'esprit.

Cependant, il n'en eut pas le temps, des pas se firent entendre dans le couloir derrière sa porte. Et comme à chaque fois qu'il entendait le moindre bruit, il espérait que Sherlock en soit l'auteur, mais ne pouvait pas empêcher son cerveau de penser à un des accompagnateurs venant s'enquérir de la présence du jeune Holmes.

- Merci de t'être occupé de mes affaires. Lança la voix de Sherlock qui fit irruption dans la pièce.

Effectivement, au pied du lit sur lequel John n'avait pas jeté son dévolu, trônait la valise de Sherlock. Ce dernier l'avait tout bonnement abandonnée à la sortie de la gare, et John l'avait donc prise sous son aile. Mais Sherlock l'avait remercié pour ce geste bien avant qu'il n'ait pu remarquer le sac dans la chambre ; il savait pertinemment que John allait remarquer son absence, s'inquiéter pour ses affaires, et les embarquer. Et John n'aimait pas être si prévisible.

- Qu'est-ce que tu es allé faire ? Lui demanda-t-il alors pour changer le sujet.

-  Ce n'est pas tes oignons. Répondit Sherlock durement et froidement.

Super. John soupira bruyamment un peu malgré lui tout de même et se retourna brusquement de sorte à lui tourner le dos ; Sherlock recommençait, il avait de nouveau ses airs supérieurs et son visage placide qui faisaient une énorme écart avec ses yeux doux des heures passées.

Le nouveau venu s'approcha de ses affaires et y glissa les sacs qu'il tenait dans la main. John se posait des questions quant à leur contenu mais était bien trop désemparé pour oser demander à haute voix.

Il s'était inquiété et Sherlock n'avait pas l'air de comprendre. C'est vrai après tout ; qu'y a-t-il d'inquiétant dans le fait qu'un adolescent disparaisse sans laisser aucune trace et ne prévenir personne pendant un voyage scolaire ?

Ce n'est que le garçon que j'aime, pourquoi devrais-je m'inquiéter ? Pensa John, sarcastique.

Comme s'il avait lu dans ses pensées, Sherlock leva la tête dans sa direction.

- Je t'ai déçu ? Demanda-t-il.

- Oui. C'est bien, bonne déduction. Répondit John sans daigner tourner la tête pour le regarder en face.

- Je te demande pardon. Ce que j'ai fait... ça te regarde, d'un certain point de vue. Seulement... pas tout de suite.

Génial, il voulait simplement être rassuré mais Sherlock n'y arrivait pas du tout.

Il voulu se retourner, lui dire quelque chose de piquant, ou qu'il s'était inquiété, mais en une demi-seconde il sentit la présence de Sherlock tout près derrière lui.

Le jeune homme s'assit sur le matelas avant de se coucher, son torse collé contre le dos de John, appuyé sur son coude de sorte à pouvoir voir son visage. Il passa délicatement son bras disponible autour du corps de son ami et le serra tout doucement contre lui.

- Tu n'as pas à t'inquiéter pour moi. Lui murmura-t-il en enfouissant sa tête dans son épaule.

- Je n'y peux rien.

Les longs doigts de Sherlock caressaient son torse, et John ne pouvait retenir la colère de quitter son corps.
Évidement qu'il lui pardonnait.

- Je... tiens à toi. Expliqua-t-il avec difficulté.

- Moi aussi, John.

La voix grave de Sherlock, si douce dans son oreille, lui donna envie de rester toute la nuit blotti contre lui. Toutefois, son instinct protecteur prenait le dessus sur ses désirs.

- Tu as mangé ?

- Non, mais je n'ai pas f...

- Je t'ai ramené quelque chose. Sur ton lit. Le coupa John.

Sherlock se retira et alla chercher les petits sachets. Puis il reprit sa place dans le dos de John, les posa devant eux et les ouvrit de sa main qui était préalablement sur le torse de son ami.

John avait ramené des miniardises ; de petits éclairs au chocolat et la vanille, des macarons avec des couleurs et des goûts tous différents, et du nougat. Il avait espéré qu'au moins une de ces trois choses plairaient à Sherlock et qu'il puisse remplir ne serait-ce que légèrement son estomac.

- Tu n'étais pas obligé.

- Je sais.

L'attention de John à son égard toucha profondément Sherlock. Ce n'était pas grand chose, mais c'était immense à ses yeux.

Il prit un macaron et l'approcha des lèvres de John, avant de le lui mettre dans la bouche et d'en goûter un à son tour.

Et ainsi de suite ; si John mangeait, il mangeait. Parfois il se serrait un peu plus contre lui, s'accrochant à lui comme à un rocher.

Les yeux de Sherlock se fermaient de plus en plus au rythme des respirations de John et du sommeil qui s'emparait de son corps.

- Tu devrais te coucher. Lui confia l'adolescent aux cheveux blonds.

- Je le suis déjà.

John comprit que Sherlock n'avait pas l'intention de quitter son lit et de trouver le sien. Il s'écarta donc légèrement, se couchant à nouveau sur le dos pour qu'ils puissent adopter une position un peu plus agréable sur le petit matelas.

Sherlock posa alors sa tête sur le torse de John qui l'enroula de ses bras. Il lui caressa doucement les cheveux, sachant que l'un comme l'autre aimaient beaucoup ce geste affectueux.

A moitié endormi, Sherlock renifla, imprégnant ses poumons de l'odeur de son copain.

- Merci. Sussura-t-il dans un souffle presque inaudible.

- Pour quoi ?

John n'eut pas d'autre réponse à sa question qu'un léger sourire de la part du scientifique. Il n'avait pas besoin d'en dire plus. Il le remerciait simplement d'être qui il était. Il remerciait John, d'être son John.

Le Voyage - Johnlock AUOù les histoires vivent. Découvrez maintenant