Le Roi, mon Roi

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Cela faisait déjà une semaine que j'avais été présenté à la cour. On m'avait installée non loin des appartements de la Grande Dame, juste à côté en fait.

Je ne vais pas dire que c'est quelque chose que j'appréciais, car je devais dormir avec les autres dames. Les vierges, enfin elles étaient censées l'être, mais leurs escapades nocturnes et accolades dans les corridors racontaient une toute autre vérité. Ce n'était pas quelque chose qui me plaisait, je ne connaissais pas toutes ces filles. 

Moi ma seule richesse était mon nom, celui que j'avais hérité de mes ancêtres, par malchance ma mère se maria avec un bon né aussi ruiné qu'elle, et voilà que j'étais née à mon tour. Mon grand frère était un petit chevalier qui avait été affecté aux confins de nos frontières fraîchement conquises. Je ne me souvenais même plus de son vrai visage, seul son portrait me venait en tête quand on évoquait son nom.

À présent, je devais m'habiller selon les goûts de la Dame, tout dépendait quel allait être la couleur de sa jupe, cela lui prenait des heures.

- Pourquoi êtes-vous réveillée Jeanne ? Me demanda Clarisse, la deuxième suivante de la Grande Dame.

- Je vais à la messe. J'ai répondu tout bas.

Elle me regarda de haut en bas, et pris sa petite bible qu'elle avait sûrement oublié sur une étagère.

- Depuis quand êtes-vous convié ?

- Je ne le suis pas. Je me suis pressé de répondre.

Il eut un silence, j'ai senti qu'elle était intriguée, Clarisse balança son corps avec une telle fluidité et leva son menton.

- Alors vous faites mieux de rester ici, et préparer la venue de la Dame. Quand vous n'êtes pas convié quelque part tachez de ne pas y mettre vos sales pieds ! sachez mademoiselle, qu'ici chacun doit respecter la place qui lui est due et non celle qu'il pense convenir !

Elle s'approcha violament de moi, toutefois sans perdre sa grâce. Et me dit que ce n'était pas car ma cousine était la grande prostituée du frère du roi que cela me donnait le droit de me sentir au-dessus des autres.

J'avais déjà entendu la Grande Dame appeler Hélène de putain, mais je n'ai jamais osé en faire part à ma cousine. Contrairement à ce que Clarisse pensa, je ne suis pas resté figée après qu'elle ait quitté la pièce. Je suis allée à la chapelle du château, et j'ai entendu la messe dehors comme je le faisais tous les matins.

Ce jour-là, j'ai prié pour la Grande Dame, et pour les autres trois dames de compagnie, qui m'étaient toutes désagréables. Elles m'ignoraient parfois, et quand ce n'était pas le cas, il n'y avait que du mépris leur part. C'est quand je demandais à Dieu de ne pas laisser tomber mon cœur et mon esprit dans les tourmentes de la haine... J'ai entendu un murmure que naïvement que c'était la voix du Seigneur. Et mon corps tout entier se gonfla et bouillonna, en même temps j'ai eu des frissons... A l'entente de cette voix divine. 

A genoux je me suis retourné. J'ai ouvert les yeux avec une certaine difficulté. Un visage cachait le soleil, mais j'étais tout de même aveuglée.

- Oui madame, le soleil est bien levé, et la messe est terminé.

Je fus étonnée de voir qui se tenait devant moi. C'était le roi, comment oublier son visage ? En réalité je n'avais cessé de penser à lui en secret depuis ce soupé.

Il me tendit la main afin de m'aider à me lever. À cause du temps que j'avais à genoux, ils me piquaient. Je n'arrivais pas à y croire... Le Roi et moi, marchant entre les arbres du chemin qui menait jusqu'au palais.

Mademoiselle [ terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant