Un chemin incertain

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Je pense que Hélène prévoyait sa chute imminente, et que c'était pour cela qu'elle m'avait pris à ses côtés. Depuis notre conversation elle me prit tous les soirs dans les salons. J'étais comme devenu sa dame de compagnie, ou plutôt son ombre. Je pensais qu'elle m'aimait et qu'elle voulait réellement m'aider. Ais la vérité fut tout autre.

Je devais lui apporter des informations sur ce que les gens disaient sur elle. Je devais également faire bonne figure, pour que les gens aient de la sympathie envers elle. Elle me gâtait, m'achetait de nouveaux vêtements. Mais exigeait de moi une tenue telle les fausses vierges de la Grande Dame.

Je jouais un rôle, sans vraiment savoir ce que je faisais, ni pourquoi. En fait j'obéissais les yeux fermés. À elle et à ma mère, au début cette idée de me marier me fit peur, mais après en fréquentant les salons j'avais hâte... D'être libre comme ces femmes. J'étais vraiment trop bête de penser que le mariage apportait du bonheur ou de la liberté.

J'ai su enfin m'imposer dans la compagnie de la Grande Dame, j'avais peur mais j'avais confiance en Hélène, et au pouvoir qu'elle avait dans cette cour.

- Kenia n'est qu'un pantin, elle ne représente que le protocole et les obligations de la couronne. M'as dit une fois ma cousine en parlant de ma maitresse.

Après avoir mangé avec Hélène comme il m'était d'habitude depuis maintenant presque un mois, je me suis rendu chez la Grande Dame. Elles ne m'adressaient guère la parole, et moi non plus car tout ce que je disais était provocation à leurs oreilles. Je restais donc dans mon coin et je lisais ce qui était à la mode dans les salons afin d'être à jour pour les conversations.

Un soir, la Duchesse de Belc m'a appelé pour demander mon avis sur un poème d'un inconnu qui circulait à la cour " De qui parle-t-il à votre avis ?" Me demanda-t-elle attendant impatiemment ma réponse. Mais ce poème, je n'en connaissais même pas l'existence. Je me suis contenté de sourire et de dire que je n'en savais pas plus qu'elle alors que mon sourire disait tout le contraire. Mais c'était ainsi, il fallait jouer la comédie. J'apprenais enfin et j'y prenais goût.

Et la seule façon d'être au courant des choses qui circulaient était de fréquenter les salons et participer aux conversations. Il fallait disait-on être doté d'un certain... esprit. C'est à dire de la culture, du savoir...

J'étais alors plongé dans ma lecture dans les appartements de la grande Dame, quand tout d'un coup quelque chose effleura ma joue, mon corps frissonna tout entier. J'ai levé les yeux et c'était le Roi. Il me dévisageait. Le cœur battant, je me suis pressé de me lever de ma chaise, afin de faire mon horrible révérence. "Sir" j'ai dit.

- Madame...

- Mademoiselle... Je me suis pressé de rectifier. Malheureusement je ne suis pas encore marié.

- Vous semblait d'une telle hantise, mademoiselle. Me chuchota-t-il.

- Et qui ne l'est pas ?

- Vous êtes bien jeune... Dans tous les cas...

Je sentais une lourdeur sur le dos. J'ai regardé par-dessus l'épaule du Roi, et je les ai vu, me dévisageant avec rage. Elles n'essayaient même pas de le cacher. La Grande Dame et ses suivantes, les suivants du roi étaient là également. Comment pouvait-on supporter pareille pression ?

- Jeanne ! m'interpella le Roi. Ecoutez-vous ce que je vous dis ?

J'ai réfléchi quelques secondes, des secondes de trop, en trop. Il soupira, je ne savais que dire, c'était bien trop tard pour mentir, et trop incorrect de dire que je ne l'écoutais guère.

- Je vous dérange peut-être...

- En aucun cas, veuillez m'excuser...

- c'est peut-être pour cela que vous avez hâte de vous marier. Afin de ne plus me voir, et de me fuir loin de moi.

- Sir, aucun cas je voudrai fuir de votre présence. J'ai répondu un peu perplexe.

- N'est-ce pas ce que vous faites depuis plus de deux mois ? Me fuir, vous ai-je fait peur ? Parfois, certaines personnes ne se sentent alaise en ma présence.

-Votre naissance les intimide sûrement, mais ce n'est un aucun cas mon état. J'ai osé le regarder droit dans les yeux et il sourit.

- Voyez-vous madame que je suis venu plusieurs fois m'entretenir avec ma belle-sœur. Et parmi toutes les fleurs vous étiez la seule absente. Bien étrange... le devoir d'une dame de compagnie est de tenir compagnie comme son nom l'indique. Et j'ai pu remarquer que, madame ma belle-sœur était fort ennuyé.

Je ne cessais de me soucier pour ceux qui étaient là, et me dévisageaient, chuchotaient. Une dame s'approchait de nous de façon très indiscrète afin d'écouter notre conversation. 

- Malheureusement je ne réussit pas encore à être assez plaisante pour divertir ma maîtresse. Je suis fort étonnée que vous avez remarqué mon absence. J'étais souffrante Sir.

Il commençait à marcher dans la pièce et je le suivais.

- C'est bien ce que l'on m'a rapporté, mais j'ai eu des doutes. Votre jeunesse revitalisante et l'air frais des Provinces vous ont sûrement bien bâti.

- Je crains que mon corps ne se soit habitué à la capitale et ne demande que de rentrer chez lui, mais j'espère... j'ai dit presque en sursautant et en prenant un air joyeux. J'espère que ma cousine Hélène va me trouver de bon mari.

Je n'ai pas oublié de le faire part que la cours n'était pas faite pour moi. Je n'arrivais pas à me détacher de l'air des provinces. J'ai ajouté que tant que je serais à la capitale, j'allais profiter avec joie de séjourner dans son magnifique palais.

Il parut enchanté et souhaita me voir plus souvent à présent.

Plus tard dans la journée j'ai rejoint ma cousine, mais impossible de lui parler de ce qui c'était passé. Il y avait toujours du monde dans ses appartements, beaucoup de gens dont parmi eux je devenais instantanément invisible. Jusqu'à ce qu'on parle de moi.

- Votre cousine ne perd pas son temps Madame. A croire que la nouvelle mode depuis vous sois les petites campagnardes.

- Encore des sottises ? Demanda Hélène à son ami tout en me fixant du regard.

- Croyez-moi qu'il n'en est rien. Dit la dame toute contente.

Ma cousine continua à me fixer pendant que la Dame continuait son récit.

- Il se trouve que mon mari comme il en est de son habitude, alla avec le Roi, le Duc de Lodz et compagnie, chez la Grande demoiselle. Et le Roi, s'est de suite précipitée vers la petite et ils sont restés dans une conversation silencieuse qui dura de longues minutes.

Tout le monde se retourna vers moi, silence

Mademoiselle [ terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant