[Le fil du Destin] Tome 3 {Terminé}

I

'She said
She gave all her love to me
We dreamt a new life
Some place to be at peace' Call your name, Hiroyuki Sawano.

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- Je t'ai dis non !

Il chouinait. Et insistait. Encore et encore. Je gonflais le torse et grossissais ma voix.

- N'insiste pas, quand c'est non, c'est non, bordel !

Il m'énervait. Je ne comptais pas céder à sa demande, il en était hors de question. Ses beaux yeux, pour une fois, ne me feront pas craquer. Je fronçais d'autant plus les sourcils en le voyant faire une moue plus qu'adorable. Je m'apprêtais à le gronder plus fort, mais le craquement du vieux plancher du salon vint refroidir toutes mes idées de le dissuader de monter sur le canapé.

- Eren ?

Je déglutis. Une voix suave, grave et sensuelle à en faire frissonner un millier de pucelles. Une odeur des plus douces, semblable à celle des cerisiers fleurissants dans les campagnes isolées du Japon, venait chatouiller mes narines en proie aux allergies printanières. Mon cœur battait la chamade à chaque fois qu'il prononçait mon nom, dont l'intonation était à la fois, inquiète et sexy. Une personne normale se serait dépêché de lui faire face et de venir déposer ses lèvres contre les siennes afin d'entreprendre une tendre étreinte mais... Je n'osais pourtant pas me retourner vers mon interlocuteur.

Une tendre chaleur envahissait mon épaule. D'une force parfaitement contrôlée, mon noiraud me força à être face à lui, sa prestance m'obligeant à ne pas détourner le regard de ses yeux d'un acier dur et froid. Ses fines lèvres légèrement rosées s'entrouvrirent pour laisser passer cette charmante voix caresser mes tympans.

- Qu'est ce que t'a depuis ce matin ? Tu cries pour rien et tu me casses les oreilles...

Cette douce voix ne connaissant que la vulgarité pour s'exprimer.

Je pris une grande inspiration, mes paupières se fermaient pour éviter de replonger dans ses yeux si envoûtants. J'en avais oublié la raison de ma colère. D'un geste brusque, j'étirais mon bras en direction du fautif. Lui aussi avait des prunelles ne demandant qu'à s'y perdre. Des amandes prêtent à vous dévorer par amour.

- Je viens de nettoyer le canapé et ce p'tit con de chien quémande pour monter dessus ! Il sait très bien qu'il n'a pas le droit et me fait le coup à chaque fois que je le nettoie ! Mon dieu qu'il m'énerve !

L'accusé baissait la tête simultanément avec ses petites oreilles de panda roux, sa queue touffue remuait au rythme de ses couinements. Sa moue était adorable et faisait craquer même le plus dur des hommes de la maison. Sauf moi. Je ne connaissais que trop bien sans stratagème pour y plonger tête baissée.

Un petit gloussement résonnait dans la grande pièce à vivre. La télé n'était pas allumée. En tant normal, pendant les heures de ménage, j'y mettais la musique pour donner un peu d'entrain à cette tâche des plus difficiles et importantes de notre petite vie paisible. Mais aujourd'hui, j'avais mal à la tête. Même le son de la radio m'était insupportable.

Je tournais à nouveau la tête et aperçu un maigre sourire moqueur sur son visage immaculé. J'hésitais à craquer devant un si beau portrait ou lui coller la plus belle baffe de sa vie.

- Et après tu dis que je suis un freaky cleaner....

Un autre gloussement.

- Tu paie rien pour attendre, Caporal de mes deux !

Je le repoussais violemment, brisant sa fine étreinte, me retenant de lui mettre ma main dans sa belle gueule.
Il continuait de glousser et s'en alla frotter tendrement l'entre-oreilles du rouquin poilu.