XI

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'There's no place for love in this world' Hanji Zoe.

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Levi et son escouade s'élancèrent dans les airs avec l'élégance et la souplesse d'un groupe de colombes. Je les perdaient de vue lorsqu'ils atteignirent le haut du mur Maria. L'opération commençait réellement. Ma bleusaille accrochèrent les chevaux, dont le mien, aux clôtures de bois prévues à cet effet. D'un hochement de tête, je fis signe à Floch et Marlowe, une recrue initialement embauchée dans les brigades spéciales, de grimper en haut du mur avec moi. Je me retroussais le nez, appuyais sur les gachettes des poignées tenant les câbles de mes grappins, m'élançais, avec la poussée du gaz, à mon tour dans les airs à la verticale et me posta sur le mur avec l'élégance d'un sac de pommes de terre. Je ne m'étais pas encore habitué à la vitesse que je pouvais obtenir de l'équipement tridimensionnel. Mes deux subordonnés vinrent me rejoindre tout aussi rapidement, avec beaucoup plus de légèreté et de délicatesse. Forte heureusement, je n'avais pas le vertige. Cinquante mètres, c'était vraiment haut. Mais ça donnait une vision très étendue sur le lieu et la situation, d'un côté ou d'un autre du mur. De ma position, je donnais l'ordre à deux équipes de cinq soldats de se mettre sur les toits des anciennes maisons démolies il y a cinq ans par la première attaque des titans. Deux autres équipes de chaque côté du village, stratégiquement placés dans des angles morts. Les autres, près des chevaux au cas où, attendant un signal de ma part d'entamer la formation de soutien de la première ligne de combat.

Une légère brise s'engouffra dans la capuche de la cape du bataillon. Je me sentais fier de porter vaillamment les ailes de la liberté. Enfin je trouvais une utilité à mon existence dans ce monde cruel. Si je menais à bien ma mission, je pourrais enfin rentrer avec Levi dans notre foyer et vivre heureux avec ma famille que je chérissais de toute mon âme.

'Mikasa, Armin, je vous promets de revenir avec Levi très bientôt. Attendez-moi...'

Un éclair vif et bruyant me procura des frissons et un début de mal de tête. Eren venait de se transformer. S'en suivit un autre éclair strident.

Je tournais la tête vers le district en serrant la mâchoire.

- Reiner....

Je grognais. Soit les minutes passaient plus vite que je le pensais, soit Eren et les autres s'étaient fais prendre de court par Reiner. Son acolyte ne devait pas être loin. Le bestial non plus. Un autre frisson me parcurait l'échine. La nervosité gagnait en puissance dans les pattes des chevaux. Les soldats trépignaient d'incertidude et d'impatience, tous les yeux levés dans ma direction.

- Chef d'escouade Ren ! Le titan cuirassé est apparu trop tôt ! Qu'est qu'on fait ?! Hurla Floch trop proche de mon oreille.

- On attends. On suit le plan. Ils sauront se débrouiller. Marlowe, descend prévenir les autres de maintenir leurs positions tant que le bestial ne montre pas son cul !

- Oui chef !

Je ne fus pas obligé de me répéter une deuxième fois que le jeune noiraud au nez démesurément gros était déjà descendu du mur. Je serrais les poings et embrochais mes poignées dans les fourreaux pour retirer mes lames parfaitement aiguisées d'un mouvement souple et contrôlé.

Une série d'éclairs dans la clairière, à l'entrée du petit village, me fit grincer des dents et accentuer mon mal de tête. Des yeux rouges, une tonne de poils sur le corps, excepté le ventre, les mains et les pieds, des oreilles pointues et un sourire digne du Joker me fit bouilloner de rage. D'un mouvement las et long, il balança un projectile de pierres brutes en ma direction, qui me laissa une égratignure sur la joue droite. Je ne bronchais pas d'un doigt.

- Salopard....

Des corps disproportionnés se tenaient à ses côtés, des petits, moyens et grands, immobiles, disposés en un demi cercle autour du village. Nous privant de toute retraite possible au sol. L'un deux était à quatre pattes sur le sol et semblait porter quelque chose en bois sur son dos. Cette espèce de caisse en forme de tonneau se retrouva bien vite dans la grosse main de notre ennemi. D'un claquement de doigts poilus, il ordonna aux titans petits et moyens de courir vers nous pour nous bouffer. Puis il balança le tonneau dans les airs dans la direction du district.

- Oh non... Ça recommence comme la dernière fois... - pleura Floch, accroupie, sa tête entre les jambes.

Je ne lui prêtais pas la moindre attention d'empathie et adressa un magnifique doigt d'honneur au bestial. Il venait de balancer Berthold au dessus de nos têtes l'enflure.

- Faut agir avant qu'il nous balance des jets de pierres...!

Je détournais à nouveau le regard en direction du district suite à l'explosion dû à la transformation du titan colossal. La bourrasque enleva ma capuche, mon visage à découvert. Le bestial agrandissait son sourire. Je priais intérieurement qu'Armin avait trouvé un plan en béton. Je redressais mon subordonné par ses épaules tremblantes et encra mes yeux dans les siens. Je devais changer le plan contre le bestial. Je n'avais pas imaginé l'option qu'il referait la même attaque que la précédente.

- Tu vas aller rejoindre le Caporal Levi et le prévenir de ce qu'il se passe. Après t'iras voir Hanji et l'aider contre le cuirassé.

Il lâcha un hocquet de surprise.

- M-Mais et toi ?

- Je m'occupe du bestial. C'est un ordre !

Il ne demanda pas son reste et s'en alla exécuter mes ordres. J'avais la boule au ventre. Je ne me serais jamais douté que je finirai au cœur de l'action, en pleine mission suicide contre des titans. Tout me paraissait irréaliste et aberrant. Mon cœur battait la chamade et se serrait à chaque seconde que je prenais pour réfléchir à quelle manière j'allais cuisiner ce connard de bestial. Mes deux premières escouades combattaient courageusement les premiers titans arrivés dans le village saccagé, dont beaucoup se faisaient dévorer cruellement par l'afflux de ces géants. Du sang giclait contre les murs délabrés des vieilles bicoques, des membres déchiquetés de mes camarades gisaient sur le sol dont la nature avait repris les droit par de la mauvaise herbe. Des cris de douleurs résonnaient et me donnaient la nausée. Les pleurs des soldats chargés de protéger notre seul moyen de fuite, me brisaient l'esprit. L'odeur de la mort régnait dans mes cavités nasales. Je devais vite prendre une décision.

De mon pied d'estale, j'appelais Marlowe d'une voix stricte et stridente.

- Toi et l'équipe C, vous allez me couvrir jusqu'à l'ouest du mur ! Équipe A et B, vous vous chargez de tuer tous les titans qui s'approchent trop près des chevaux et du mur ! Équipe D, vous foncez en direction du bestial en utilisant toute votre voix et vos fumigènes pour attirer son attention ! Leur criais-je en leur faisant le signe du bataillon d'exploration.

Je devais gagner du temps. Buter le bestial n'était pas ma priorité, mais celle de Levi. Et je devais gagner des minutes le temps qu'il me rejoigne. Protéger mes subordonnés, coûte que coûte. Quitte à sacrifier ma vie et celle de Marlowe. Un coup de théâtre. Lui faire croire que je faisais la même chose qu'Erwin. Me faire passer pour lui et ensuite Levi. Porter son attention sur moi. En attendant que Levi nous sauve d'ici. Encore fallait-il qu'il revienne vivant de son combat contre Berthold et Reiner. Tout se passait si vite que j'avais l'impression d'oublier de respirer correctement.

Le fantôme du Major que tout le monde admirait, semblait me suivre pendant que j'entamais ma descente du mur vers Marlowe. Lui aussi commençait à me hanter. Comme les fantômes de mes camarades morts et mourant en cet instant fatidique.

'Encore un pari risqué, n'est ce pas, Erwin ?'

[Le fil du Destin] Tome 3 {Terminé} Où les histoires vivent. Découvrez maintenant