'If I had'nt become a soldier... If someone told me beforehand... I wouldn't have had to worry about if I'd die next...' Jean Kirstein.
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Le silence était d'or dans le réfectoire. Le bruit des couverts en acier contre les assiettes boisées resonnaient dans l'immense pièce de réunion. Nous avions tous l'air sombre et apeurés. Les nouvelles recrues pleuraient en silence en essayant d'avaler leur maigre repas de la soirée. Les lampes à huile rendaient nos visages lugubres. J'étais assis entre Armin et Eren. En face se trouvaient Mikasa, Jean à ses côtés. Aucuns de nous n'osaient croiser leurs regards. Nous fixions nos assiettes sans vraiment appétit. Les bras ballants, je ne trouvais pas la force d'attraper ma fourchette à moitié tordue. Je voulais hurler mon désaccord mais ma bouche ne voulait plus s'ouvrir. Elle était sèche. Aussi sèche que le désert du Sahara. Les soldats étaient nerveux. Et ça se ressentait dans leurs odeurs de transpiration nauséabonde. Je ne leur en voulais pas, j'étais dans le même cas. En même temps, qui ne stresserait pas en sachant qu'il va se faire buter en trois secondes à peine sortis des murs, laissant derrière famille, mari, femme, enfants ? Je pouvais sans doutes éviter de faire partie de tous ces soldats que je jugeais courageux et suicidaires. Vouloir rentrer dans mon monde avec Levi de toutes mes forces, comme j'avais déjà pu le faire auparavant. Et tout reviendrait à la normale. Je retrouverais ma maison, mon chien, Mikasa, Armin, un homme parfait à mes côtés, un bon travail qui ne me laisserait pas le doute de mourir chaque matin en me levant. Je n'avais juste qu'à trouver cette volonté, tenir la main de Levi et nous ramener chez nous. Ça paraissait aussi simple que de claquer des doigts pour mettre son chien en position assise avant de lui donner une friandise. Ou d'ouvrir une porte coulissante pour sortir dans le jardin apprécier la chaleur du soleil printanier. Mais le destin ne me rendait pas les choses aussi faciles que je le voulais. D'une part, je respectais les choix de Levi. Il avait fait une promesse et c'était honorable de sa part de tenir coûte que coûte cette promesse. Et d'une autre part, je n'arrivais même plus à l'approcher. Lui attraper la main et me concentrer sur notre retour en une fraction de seconde était de l'ordre de l'impossible. Je n'en avais pas la force. Et il m'évitait. De toutes les manières possibles. Comme si notre relation n'avait jamais existée, que nous n'étions que de parfaits inconnus, un supérieur et son subordonné. Rien de plus, rien de moins. Ma tête me faisait horriblement mal et j'avais la nausée. Je devais faire peine à voir. J'avais envie de rentrer dans mon cocon paisible. Et d'un autre côté, rentrer seul n'avait aucun sens. Pourquoi m'être cassé le cul à venir le chercher la dernière fois pour ensuite repartir seul comme un con ?
Je soupirais lassement. C'était la seule chose dont j'étais capable. Mettre toutes mes émotions dans un énorme soupir. Bizarrement, mes camarades en firent de même. Nous étions vides de mots. Je balançais la tête en arrière, le dos arqué, le haut plafond en visuel et cherchais désespérément une solution à tout ce merdier. Je restais dans cette position quelques bonnes longues minutes jusqu'à ce que deux pupilles d'une noirceure glaciale vinrent rencontrer les miennes. Je brisais le silence pesant de la salle, tous les regards étaient fixés sur la seule animation de la journée.
- Levi....
- Tu vas avoir un torticolis si tu reste comme ça encore longtemps, gamine.
Je fronçais les sourcils sous cette provocation. Je me redressais, manquant de l'assomer au passage. Je prenais mon air hautain d'insubordination.
- Vous vous souciez de moi, maintenant, Caporal-Chef Levi ? Après m'avoir traité comme de la merde depuis hier matin ? Vous êtes bien présomptueux de revenir me parler comme si rien ne s'était passé.
Il arqua un sourcil. Les autres soldats, pris dans leurs pensées les plus horribles en début de repas, tendaient leurs oreilles en notre direction, friants de potins plus ou moins intéressants.
- T'a du culot de me parler sur ce ton.
- Hey, Ren... Arrêtes de provoquer le Caporal ou tu vas passer un sale quart d'heure - me chuchotait Jean dont la jambe tremblait d'anxiété.
- Au moins j'aurais le droit à une punition plus longue et plus appréciable que nos parties de jambes en l'air ! Lachais-je en grinçant des dents, ma voix se faisant plus rauque et plus forte que le son des voix offusquées par mes dires.
Levi recula de quelques pas, me laissant l'opportunité de me lever et me tenir face à lui, les poings serrés. Lui aussi, ne s'attendait pas à une telle répartie. Et je ne m'en serais jamais cru capable, à vrai dire. Sans m'en rendre compte, des larmes vinrent longer la peau de mes joues rougies par la colère et la peine. Le stress me faisait dire des choses absurdes, que je ne pensais pas, dites sans une once de réflexion, blessantes et méchantes.
Je pensais qu'il me collerait une baffe dans ma gueule, ou m'infligerai une correction digne de sa réputation d'homme nerveux et violent mais rien ne vint. J'étais prêt à tendre ma joue pour qu'il puisse m'en mettre une devant tout le monde, ce qui pourrait me rendre honteux et m'éclaircirait l'esprit. Mais rien ne vint. Il n'était ni stoïque, ni émotif. Ni blasé, ni fâché. Ses yeux semblaient briller dans la pénombre des quelques lampes posées sur chaque table. Un petit sourire fendait ses lèvres que je voulais tant embrasser chaque jour, chaque minute de ma pauvre existence. Sans un mot, il prit ma main et m'emmena loin de mes camarades bouches bées devant cet étirement de lèvres inhabituel chez cet homme. Je ne demandais pas mon reste et le suivais sans broncher, ma curiosité à son comble.
Une vieille porte en bois de chêne au fond du couloir sombre, la petite lampe à huile dans sa main n'éclairait pas des masses, termina notre promenade silencieuse et malaisante. La porte grinçait à son ouverture, une ombre apparaissait lentement. J'eus un frisson de peur. Je me serais cru dans la peau d'un adolescent en train de jouer au dernier jeu vidéo d'horreur bien flippant. Une touffe de cheveux noirs se distinguait au fur et à mesure de notre avancée. L'ombre avait les yeux aussi sombres que ses cheveux. Des yeux dont la clarté m'étais totalement connue.
- Le... vi ?
Ma tête faillit faire un tour complet sur elle-même, jonglant entre les deux hommes. J'avais oublié qu'il y avait deux Levi dans ce monde. Je supposais donc que celui qui me tenait la main depuis le réfectoire n'était pas l'homme qui partageait ma vie depuis deux belles années.
Je déglutis. Comment avais-je pu le confondre avec ce nabot ?
- Fais pas cette tête Eren - fit MON noiraud, son regard balayant chaque traits de mon visage. J'en rougis légèrement.
- On dirait que t'a vu un mort gamine - gloussa l'autre nabot.
Je soupirais. Sa référence était de très mauvais goût. Lui qui allait bientôt faire face à la mort d'une grande partie de ses subordonnés, il ne risquait plus de plaisanter ou de sourire aussi innocemment. Je croisais les bras sous ma poitrine rebondissante et tapais doucement du pied.
- Va falloir qu'on s'explique, Levi.
Mon ton se valait froid, amer, mais rassuré de le voir m'adresser la parole à nouveau. Son sosie emmena ma main jusqu'à celle de mon bien aimé, d'un signe de tête il nous salua et repartit en sens inverse rejoindre les membres du bataillon. Nous étions enfin seuls, tous les deux, nos regards s'entremêlant, nos corps désireux de partager leurs chaleurs respectives dans une tendre étreinte, comme avant. Mais la colère, l'angoisse, la jalousie et la rancœur nous empêchaient de nous retrouver l'un contre l'autre. Ce fût notre première vraie querelle d'amoureux, beaucoup trop fiers pour laisser nos sentiments négatifs de côté et nous pardonner.
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[Le fil du Destin] Tome 3 {Terminé}
FanfictionVous croyez en l'amour au premier regard ? Je m'appelle Eren Jeager, et je vivais le parfait amour avec l'homme le plus fort de l'humanité, jusqu'au jour où, comme par hasard, cet espèce de nabot est venu tout faire foirer. Nous ne pouvions pas espé...