Chapitre 34. Le mal de mer

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Thorn avait décidé, après moult discussions animées et autres disputes avec Ophélie, de ne plus être un fugitif et de se rendre à la justice du Pôle. Il s'était donc présenté devant la Toile, après avoir accompli un nombre considérable de démarches administratives, pour finalement s'entendre dire que toutes les charges contre lui avaient été abandonnées puisque Farouk avait témoigné du fait que la mort du Baron était de la légitime défense. Il devait ce faux témoignage à Bérénilde qui n'avait eu besoin que de quelques bonbons pour convaincre Farouk. Bien que grossier, le témoignage avait été accueilli favorablement par la Toile qui cherchait à maintenir publiquement l'illusion que Farouk avait encore un semblant d'autorité pour ne pas risquer de voir s'effondrer le système politique en place avec lui. De plus, le vent de l'opinion publique avait tourné suite à la grande réinversion, et les anciens disciples de l'Autre étaient cloués au pilori. Thorn n'était pas complètement satisfait de ce simulacre de justice mais il s'en contenta. Toutefois, il refusa la proposition qui lui fut faite de reprendre son ancien poste d'intendant. En effet ni lui ni Ophélie n'avaient la moindre envie de revenir vivre au Pôle. Aussi, dès son retour de la cour de justice, Ophélie lui posa la question, alors qu'ils étaient assis face à face dans le salon principal du manoir de Bérénilde:

- On va où maintenant ?

- J'ai une dernière mission à accomplir, répondit-il, sourcils froncés.

- C'est-à-dire ?Il soupira

- J'ai promis à Mediana sur son lit de mort que je transmettrais un message à sa mère et à sa sœur.Devant le silence d'Ophélie il poursuivit.

- Ça ne m'enchante pas particulièrement, mais je me disais qu'on aurait pu en profiter.

Elle ouvrit des yeux ronds.

- On pourrait y aller en bateau, si ça te dit, ajouta-t-il timidement.

Contrairement à ce qu'il avait imaginé, la mer avait fini par lui manquer. Elle sourit, visiblement enchantée par l'idée.

- J'ai épousé un intendant et je me retrouve avec un pirate dit-elle, en s'asseyant sur ses genoux.

- Et ça te déplait ?- Bien au contraire. On part quand Capitaine ?

Ils levèrent l'encre quelques jours après aux Sables d'Opale. Le ciel froid était dégagé, les mouettes tournoyaient, ils se sentaient tous deux heureux et libres. Toutefois, la croisière dura moins longtemps que prévu. Ils revinrent chez Bérénilde au bout de 3 semaines car Ophélie n'avait pas réussi à se départir du mal de mer et vomissait continuellement. Cependant les vomissements ne s'estompèrent pas avec le retour à la terre ferme et Thorn commençait à s'en inquiéter. Il en parlait à Bérénilde un matin, quand cette dernière le laissa brusquement en plan dans le salon pour s'empresser d'aller trouver Ophélie dans sa chambre. Elle entra sans frapper et prit une Ophélie désarçonnée dans ses bras.

- Ma chère enfant, lui dit-elle enfin, ce n'est pas du mal de mer que tu souffres.

Ophélie écarquilla les yeux, d'autant plus perplexe que Bérénilde, qui affichait un sourire rayonnant, avait maintenant placé ses deux mains sur son ventre.

- Tu portes la vie !

L'exode. Une suite du tome 4 de la passe miroirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant