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Dans cette chambre assez grande, où flottait une ambiance masculine, je me retrouve face au reste du groupe. Leurs regards pesaient sur moi, et je luttais pour garder mon calme malgré tout.

Lucie lâche, avec un ton cinglant : "Pourquoi es-tu aussi maladroite, sérieux ?"

Je bredouille une réponse, tentant de me défendre : "Je... je ne le suis pas."

Et voilà que la même fille que j'ai croisée à l'école, celle qui semblait déjà me regarder de travers, en remet une couche : "Vous voulez vraiment nous faire perdre du temps," lance-t-elle avec mépris.

Seb prend le relais : "Montre-nous ce dont tu es capable !"

Soudain, Maxime fait son entrée avec une bière à la main. Mon cœur se réchauffe en le voyant, mais il se dirige vers l'autre fille, qui lui fait un câlin. Mon sourire s'efface aussitôt, remplacé par une pointe de jalousie que je ne peux dissimuler, surtout lorsque je croise le regard complice de Lucie.

"Ah, Sierra, te voilà," dit Maxime comme si de rien n'était, ignorant complètement mes émotions.

Je me sens de plus en plus seule, comme si mon titre de princesse était devenu un lointain souvenir. Je hoche simplement la tête et lui souris, refusant poliment sa proposition de boisson. Avant de partir, la même fille lui fait un baiser aérien, comme pour marquer son territoire.

"Qu'attends-tu pour commencer ?" demande Seb, impatient.

"Désolée," murmurai-je, avant de me concentrer et de fermer les yeux. Laisser mon cœur guider ma voix, je me lance dans "When I Look At You" de Miley Cyrus...

Le temps semble s'arrêter, emporté par la douce mélodie. Chaque mot résonne en moi, et je m'envole dans un monde où je suis l'auteure de chaque ligne.

À la fin, quand j'ouvre les yeux, la honte m'envahit. Ai-je vraiment l'air aussi ridicule que je le crains ? Je scrute le visage de chacun, en quête d'un jugement.

"Pour moi, tu pourrais apporter un plus à ce groupe," déclare Seb, suivi par des compliments chaleureux de Lucie et des autres. Un sourire radieux éclaire mon visage.

"Je te présente Harry, Rose et Silvia," annonce Seb. "Tu connais déjà Lucie."

"Oui, je suis ravie de faire partie de l'aventure," dis-je avec enthousiasme.

Chacun semble avoir son propre rôle, et je commence à voir mes camarades sous un jour différent. Ils sont tous sympathiques à leur manière, même Rose, malgré mes premières impressions. Harry semble être un homme de peu de mots, mais son talent musical est indéniable. Quant à Lucie, elle reste un mystère à mes yeux.

Nous descendons tous ensemble, et je découvre que la maison appartient à Rose, qui semble être une habituée des soirées. L'ambiance est à son comble, et Rose m'invite à danser. Je me sens tellement gênée que mes pieds refusent de bouger. Je cherche désespérément Betty, en vain. Finalement, je tombe sur Maxime.

"Alors, comment ça s'est passé ?" me demande-t-il.

"C'était incroyable, j'ai tellement appris. Merci," lui dis-je avec gratitude.

"Je le savais, tu as du talent, princesse," dit-il avec un sourire taquin.

"Ne m'appelle pas comme ça, s'il te plaît," je réponds, la gorge nouée. "Si tu m'appelles Sierra devant les autres, alors appelle-moi ainsi partout."

Il semble ne pas comprendre ma réaction, et la conversation dévie sur des sujets plus légers. Mais alors que je cherche Betty, une inquiétude sourde m'envahit.

"Elle est sortie avec Thomas, un gars de ta classe," me dit Maxime.

Je me précipite vers la sortie, le cœur battant à tout rompre. Je ne sais pas où ils ont pu aller.

"Calmos, elle va bien finir par réapparaître," tente de me rassurer Maxime. Mais sa tentative d'apaisement me laisse de marbre. Je le fixe, essayant de comprendre pourquoi il trouve la situation si amusante.

"Tu es comme lui, n'est-ce pas ?" dis-je, les larmes aux yeux.

Il éclate de rire, ce qui ne fait qu'accentuer mon malaise.

"Non, personne ne mérite ça. Tu es comme lui," je lui lance, ma voix tremblante de colère et de tristesse.

"Baisses d'un ton, qu'est-ce qui te prend ? Je t'ai déjà dit de ne pas me crier dessus, Sierra," réplique-t-il, visiblement agacé.

Une voix que je déteste intervient alors, brisant le silence pesant.

"Maxime, pourquoi pleures-tu ?" demande Betty, sur un ton moqueur.

Je m'efforce d'essuyer mes larmes au plus vite, avant de répondre, la tête basse.

"Elle cherchait Betty pour rentrer, il se fait tard et ses parents vont s'inquiéter," explique Maxime, avant de partir sans demander son reste.

Le regard de Thomas pèse sur moi, et depuis ce qu'il m'a fait subir la dernière fois, il me fait de plus en plus peur.

Je rentre chez moi, à l'heure convenue, les larmes aux yeux et le cœur lourd. Mary m'attend dans le salon, mais je n'ai pas le courage de lui parler.

[...]



    Les prochaines vacances de Noël, mon père annonce avec enthousiasme : "On ira chez ta tante en Californie."

J'hoche la tête, déjà transportée par l'idée de mon premier voyage dans cet État ensoleillé. Nous sommes dans une crémerie pittoresque, mon père et moi. Comme à chaque fois, je choisis mon parfum préféré, un mélange irrésistible de chocolat et de vanille.

Notre week-end a débuté par une journée ensoleillée à la plage, suivie d'une pause gourmande à la crémerie. Nous comptons terminer la journée en regardant un film ensemble. C'est agréable de changer d'air, de quitter la routine pour explorer de nouveaux horizons.

"Mary est à la maison, il faudrait passer la voir," remarque mon père.

"Je ne le savais pas. En fait, ce n'est pas mon amie, mais plutôt celle de maman," je réponds.

"Mais elle est sympa avec tout le monde," ajoute-t-il.

"Oui, c'est vrai. Et elle semble avoir bien récupéré de son divorce," je remarque.

"Ma chérie, demain dimanche, je suis invité à un repas chez mon patron, monsieur Adam's. Il sait que tu fréquentes son fils, alors il m'a proposé de t'emmener avec moi."

Je m'arrête un instant, mon sourire s'effaçant lentement.

"C'est une excellente opportunité pour toi. Leur famille possède plusieurs entreprises dans différents domaines, et ta mère travaille également pour eux. Monsieur Adam's a été très gentil en offrant un poste à ta mère. Et... tu m'écoutes, Sierra ?"

"Oui, papa, je t'écoute," réponds-je, essayant de masquer mon appréhension. "Mais je ne veux pas y aller."

"Mon ange, c'est une chance pour toi. Tu auras l'occasion de mettre en pratique ce que tu apprends et il pourra t'orienter. Tu connais son fils ?" insiste-t-il.

"Oui, enfin je l'ai croisé rapidement. Il... il est aussi dans ma classe," avouai-je.

"Ta glace est en train de fondre," remarque-t-il avec un sourire désolé.

Effectivement, ma glace avait commencé à se liquéfier, tout comme mes résolutions. Je ne voulais pas décevoir mon père, qui semblait si enthousiaste à l'idée de cette opportunité. Mais en même temps, j'avais le désir ardent de lui confier mes craintes et mes doutes.

Pourtant, je choisis de garder le silence. Je préférais voir mes parents heureux, même si cela signifiait cacher mes propres peurs et incertitudes. Ils avaient déjà tant à gérer entre les dépenses liées à mon éducation, les factures, mes grands-parents en maison de retraite, et ma tante, la sœur de ma mère, qui était handicapée (aveugle). Comment pourraient-ils faire face à toutes ces charges supplémentaires si quelque chose venait à arriver à leurs emplois ?


            Merci de me lire, et s'il vous plaît juste une étoile ⭐️

Mélange mixte Où les histoires vivent. Découvrez maintenant