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Ma mère me déteste, et elle a toutes les raisons du monde de le faire. Mais au moins, elle ne m'a pas rejetée.

Seb est rentré chez lui, et moi, j'ai retrouvé mon ancienne chambre. Tout semble figé dans le temps, comme si ces derniers mois n'avaient jamais existé. Pourtant, rien n'est pareil.

On a passé la nuit à discuter. Ils sont heureux de me revoir, mais je vois la tristesse dans leurs yeux, l'incompréhension aussi.

J'ai raconté tellement de mensonges pour les protéger.

— Je préférais que tu me dises que tu étais enceinte plutôt que de t'enfuir. Je préférais que tu assumes tes responsabilités plutôt que de vouloir tuer un être vivant. Je préférais que tu vives chaque mois de grossesse pour comprendre ton erreur... Il t'a violée ? Alors pourquoi es-tu dans cette situation ?

Les mots de ma mère résonnent encore dans ma tête. Ils m'écrasent, m'étouffent.

Je suis allongée sur mon lit, les yeux noyés de larmes. J'ai beau essayer de calmer mes sanglots, c'est impossible.

La porte s'ouvre doucement.

Je me retourne, et c'est elle.

Elle s'approche, s'assoit sur le lit à mes côtés.

— Ne pleure pas, ma chérie, murmure-t-elle en me caressant les cheveux. Je t'aime.

Sa voix est douce, presque fragile.

Je lève les yeux vers elle, le visage ravagé par la tristesse.

— Je suis désolée... pardonne-moi, maman...

Elle me prend dans ses bras, et cette étreinte brise mes dernières résistances.

Nous pleurons ensemble.

Le lendemain matin, mon père est venu nous rendre visite.

Le voir après tout ce temps m'a fait du bien. Je suis heureuse d'être avec eux, mais quelque chose a changé. L'atmosphère est différente.

C'est normal, j'ai disparu pendant des mois.

Mes parents n'abordent pas le sujet de la grossesse. Aucune question.

Ma mère essaie d'être naturelle, mais je sens bien qu'elle veut autre chose. Comme si elle attendait que je parle, que j'explique.

Mais elle se tait.

Alors je fais pareil.

L'essentiel, c'est d'être avec eux.

J'ai passé la journée à discuter avec ma famille, à retrouver certains visages que j'avais presque oubliés. Un moment suspendu dans le temps, loin de tout ce qui m'attendait.

En fin d'après-midi, je suis remontée dans ma chambre pour me préparer. Ce soir, nous sommes invités chez les Adams.

Je n'ai pas fait d'effort vestimentaire, enfilant la première tenue qui me tombait sous la main.

Mon téléphone s'est mis à sonner.

Je l'ai attrapé machinalement.

Le nom affiché m'a fait sourire.

Ma cousine.

Elle m'a tellement manqué.

....

Nous arrivons chez les Adama, accueillis par une servante qui nous conduit à la terrasse. L'endroit est vaste, baigné par la lueur chaude des lanternes suspendues aux poutres en bois sculpté. L'air est imprégné d'un subtil parfum de fleurs et d'épices, mêlant jasmin et cardamome, flottant doucement dans la brise du soir.

Mélange mixte Où les histoires vivent. Découvrez maintenant