Comme d'habitude, Betty est en face de moi. On s'ignorait, et j'avais plusieurs fois tenté de lui expliquer par message ce qui se passait. Mais je me limitais à de simples salutations. Depuis quelques jours, elle m'avait bloqué.
Je la vois me tendre un papier. Je le prends et le lis : "On passe la pause ensemble chez moi et tu vas m'expliquer ce qui ne va pas."
Je lui répondis : "D'accord, mais il ne faudrait pas qu'on nous voie."
Je lui ai dit de me retrouver à l'arrêt de bus. Peu après, une voiture s'est garée devant moi. J'ai reconnu la voiture de Thomas. La vitre se baisse et c'est Betty qui sort la tête.
"Monte, Thomas va nous déposer," dit-elle.
"Pourquoi ?" ai-je demandé.
"Je n'ai pas ma voiture," a-t-elle répondu.
"Non !" ai-je répliqué avant de retourner à l'école en attendant les répétitions. C'est tout ce qui me restait, mais je n'arrivais pas à me concentrer, terrifiée par ce qui m'attendait.
À la fin des répétitions, Seb m'a demandé de rester pour ranger avec lui.
"Ça va ?" m'a-t-il demandé.
"Oui, merci !" ai-je répondu.
"Tu t'es mise dans une situation vraiment délicate."
"Euh ?"
"Maxime m'en a parlé. Ne t'inquiète pas, il me fait confiance, je suis comme un grand frère pour lui. Il ne m'a pas dit que c'était toi, mais j'ai facilement deviné."
"Comment ça ?" ai-je demandé, surprise.
"Je vous ai vus à deux reprises dans les toilettes. Pas en train de faire... autre chose, mais j'avais compris. Ton air naïf et docile m'a rapidement fait deviner que c'était toi."
"Je..."
"Tu es en danger de mort. Ce mec est violent. Dis-le à tes parents, peu importe si ça se retrouve sur internet ou si tes parents perdent leur travail. Ils préféreront ça plutôt que de te voir en danger."
"Je..."
La porte s'est ouverte brusquement et ma mère est entrée.
"Tu te fous de moi, jeune fille ? On m'appelle pour me dire que tu fais de la musique, depuis quand ?" a-t-elle crié.
"Maman..."
Elle m'a fait signe de me taire et m'a montré la sortie du doigt. J'ai regardé une dernière fois Seb et suis partie.
Je suis partie, le cœur brisé. Maxime m'avait trahie. Dans la voiture, je n'écoutais pas ce que disait ma mère. Mes pensées étaient fixées sur ce que je venais d'entendre.
[...]
Ma mère m'a puni pendant une semaine. Après l'école, c'était directement à la maison, sans possibilité de faire autre chose. Mary m'a dit que ma mère avait reçu un appel d'un étudiant qui voulait intégrer mon groupe de travail avec Thomas, et c'est ce dernier qui a tout raconté.
Deux semaines plus tard. Contrairement à ma mère, mon père n'a pas mal réagi, mais que pouvait-il faire d'autre ? C'est ma mère qui prend toutes les décisions. Mais bon, c'était enfin passé. Et cela m'attristait de ne plus pouvoir faire ce que je voulais.
Le vendredi soir, ma mère me dépose aux groupes de travail.
Thomas vient me récupérer et m'emmène chez lui, au même appartement.
Thomas - Alors, plus de cours de musique ?
- Comment tu... sais ça ?
Thomas - Il fallait bien te punir, c'était facile.
- Comment tu as eu le numéro ?
Thomas - Tu crois vraiment que je vais te confier des secrets ?
- TU N'ES QU'UNE POURRITURE, UN MALADE MENTAL. TU AS VRAIMENT UN PROBLÈME DANS TA TÊTE, NON ? UN VÉRITABLE DÉMON ! QUI A PU TE CRÉER ? TA VIE T'ENNUIE TELLEMENT QUE TU VEUX L'AMÉLIORER EN DÉTRUISANT CELLE DES AUTRES. QU'EST-CE QUE ÇA TE FAIT ?
Je lui hurle des mots avec rage.Il sourit, mais je pouvais distinguer une lueur de colère dans ses yeux qu'il tentait de dissimuler.
La rage montait en moi, et j'en avais assez de cette situation. J'aurais préféré qu'il en finisse une bonne fois pour toutes.
Effectivement, je reçus la première gifle. J'ai ri en réponse, comme pour défier sa violence.
Mais il ne s'est pas arrêté là. Il s'est déchaîné sur moi, et pour la première fois, j'ai versé des larmes, mais je n'ai pas crié.
Il monta sur moi, arrachant mon jean puis ma culotte. Je savais que ça finirait ainsi.• Tu as osé me tenir tête, bravo! On va donc passer à autre chose.
D'un coup sec, j'ai ressenti une douleur atroce; il venait de me prendre la seule chose qui me restait.
J'ai crié, je l'ai griffé, et en retour, j'ai reçu une pluie de coups.Cela a semblé durer une éternité. Ma vie n'avait plus de sens. Je n'étais pas faite pour vivre dans ce monde.
Mon teléphone sonnait dans mon sac, mais je n'avais ni la force ni la volonté de répondre.
Il se retira enfin et m'embrassa, ajoutant l'insulte à la blessure.
...- Je t'ai encore fait du mal, j'ai encore fait du mal, lance-t-il au bout de sa vie.
Je l'écoutais, c'était la seule chose que je pouvais faire.
Il se relève péniblement et va dans sa douche. Je me redresse, la tête lourde, pour répondre au téléphone. Mes larmes ne coulaient plus, j'étais épuisé par la douleur. Je voulais juste rassurer ma mère une dernière fois avant que tout ne s'effondre.
....Je voulais lui dire que je l'aimais et que j'avais fait tout cela pour elle. Je compose son numéro, mon cœur battant la chamade, mais une voix répond à l'autre bout : "Mais.... Sierra, il est 23h, où es-tu ?", lance ma mère d'une voix inquiète.
"Maman, je vous aime... Pour toujours, je vous aime", parviens-je à articuler, les larmes brouillant ma voix, avant de raccrocher, le poids de la tristesse écrasant mon cœur.
J'aurais souhaité mourir à chaque fois qu'il me pénétrait ou me frappait, mais je le ferai moi-même avant qu'il ne le fasse. Je me lève, me débattant avec une douleur insoutenable pour sortir de son appartement. Je n'avais que ma chemise sur moi, flottant autour de mon corps meurtri, chaque fibre imprégnée de ma peine. Chaque pas était une épreuve, mais je refusais de rester là et de subir plus de cruauté.
Je me retrouve égarée, perdue, dans ce sinistre parking. C'est dans ce même endroit qu'il a stationné sa voiture, et à peine avais-je fait deux pas que je me suis effondrée sur le sol. Mon Dieu, est-ce là la fin, le moment ultime où tout bascule ?
Les vertiges m'assaillent, mon cœur tambourine dans ma poitrine. La mort approche, et dans ma détresse, je trouve une étrange paix. Était-ce inévitable ? Ai-je mérité ces tourments, ces humiliations incessantes, ces coups dévastateurs ? Je me suis laissée piétiner, trop faible pour résister, une femme insignifiante, dénuée de toute intelligence.
Je ferme les yeux, appelant la mort à m'embrasser. Et soudain, une voix perce ma torpeur : "Putain, Sierra ?!"

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Mélange mixte
Ficção Geral"Aujourd'hui, si je partageais cette histoire avec les gens, je suis certaine que 80 % d'entre eux jugeraient ma décision sévèrement, sans comprendre les circonstances dans lesquelles elle a été prise. Il m'a dédaignée, m'a charmée, puis finalement...