Mélange mixte

21

— Je ne veux pas le laisser, Seb... Je peux pas...

Ma voix se brisait à mesure que les mots sortaient.

Seb me tenait contre lui, fort. Je pleurais dans ses bras, incapable de retenir cette vague qui me noyait depuis des jours.

— Ma chérie, tu as déjà signé... Tu ne peux plus faire marche arrière. Tu pourras le voir, bien sûr, mais ce seront des visites. Ce ne sera plus comme maintenant...

— Mais je veux tout vivre avec lui ! Je veux être là pour chaque sourire, chaque pas, chaque fièvre, chaque cauchemar ! Je veux pas de leur argent... Je veux juste lui. Mon fils.

Je sentais son cœur battre contre moi, il ne disait plus rien, me laissait pleurer en silence. Ce soir, une réunion était prévue avec la famille Adams. Sujet principal : l'avenir d'Ethan. Rien que d'y penser, j'avais le souffle court.

Seb passa la matinée avec moi, à tenter de me distraire, de m'apaiser. On s'était promenés longuement dans le quartier, j'avais besoin de sortir, d'air, d'échapper à cette pression sourde qui me rongeait de l'intérieur.

Puis une voiture freina près de moi, recula doucement. La vitre se baissa.

Et là... mon cœur rata un battement.

Maxime.

Il n'avait pas changé. Pas d'un poil. Toujours ce regard clair et profond, ces traits fins et sûrs, cette allure...

— Mon Dieu... Sierra ? C'est toi ? Putain...

Je n'ai même pas hésité. J'ai ouvert la portière et je suis montée. C'était irréfléchi. Mais j'en avais besoin.

Il me regardait comme s'il venait de retrouver un trésor enfoui.

— Je suis contente de te voir, soufflai-je. Tu vas bien ?

— Attends, tu plaisantes ? On t'a cherchée partout. Et toi, tu disparais comme ça, sans un mot...

Une voiture klaxonna bruyamment derrière nous. Il bougea la sienne et se gara un peu plus loin, dans une rue calme.

— J'étais enceinte, Maxime... Et je te laisse imaginer le reste.

Il se figea. Son regard se remplit de mille questions.

— Tu as un enfant ?... De... lui ? Pardon, excuse-moi... de t'avoir laissée.

— Ce n'est pas ta faute. Tu ne faisais pas le poids face à lui. Personne ne le faisait, même pas moi.

— Non, non... Je m'en veux tellement, Sierra.

Il me prit les mains doucement et y déposa un baiser.

Un frisson me traversa l'échine. J'avais oublié cette chaleur dans son regard, cette tendresse désarmante.

Je retirai mes mains lentement, gênée.

— Ce n'est pas ta faute. C'est le passé. Maintenant, je dois rentrer.

Il me fixait, plus intense que jamais.

— Je te veux à mes côtés, souffla-t-il, presque dans un murmure.

Ses yeux bleus semblaient sonder mon âme. Et pour une fraction de seconde, quelque chose me dérangea. Comme si... quelque chose avait changé. Il n'était plus exactement le même. Trop calme. Trop sûr. Son visage était impassible, comme s'il dissimulait un orage.

— Et l'école ? demandai-je, cherchant une échappatoire.

— Ce n'est pas le plus important. J'ai eu ma licence. Maintenant, je suis dans mes propres affaires. Je me débrouille bien. Et toi ?