les opposés s'attirent LIVRE ÉDITÉ

chapitre 19

Je lui souris timidement.

- Je suis contente que tu aies au moins ta mère pour t'aider.

- Ouais, je lui suis vachement reconnaissant.

Ça fait bizarre d'avoir parlé à cœur ouvert avec Jayden. Ce mec est plutôt un comic. Mais au fond, ça se sent que c'est quelqu'un de bien, et pas un criminel.

Une fois rentrée à la maison de correction, je décide d'aller m'installer dehors au soleil. Il fait vachement beau aujourd'hui. Il n'y a pas beaucoup de monde, ce qui m'étonne d'ailleurs. On doit être cinq ou six tout au plus. Je m'assois sur le banc et contemple le ciel. J'ai toujours été passionnée par l'astronomie. Savoir ce qu'il y a au fin fond de l'univers m'intrigue fortement. D'ailleurs, je pense que je serais aller dans une université pour l'étudier. Si je n'avais pas été dans cette foutue maison de correction. Je pourrai très bien reprendre mes études en sortant, mais je sais très bien que personne ne voudra de moi. Et je ne veux pas terminer dans une université de bas étage. Alors tant pis. En sortant au moins je serais libre. Et la liberté n'a pas de prix. Ça craint, je parle comme une philosophe. Je regarde le groupe de gars qui vient d'arriver et remarque Lorenzo. Je l'appel.

- Oh salut, dit-il.

- Salut. Dis-moi, pour quelle raison t'es là toi ? T'as pas l'air bien méchant.

Il me regarde et hésite.

- C'est si terrible que ça ? je demande.

- J'ai abusé plusieurs fois de mon ex et je l'ai violé. Je m'en veux énormément de ce que j'ai fait. Cette maison m'a rendu bon, et j'aimerais bien la revoir pour m'excuser de tout le mal que je lui ai fait.

- Oh... je ne m'attendais pas à ça...

- Ouais. Et toi ?

- Cleptomane ! Pour être plus précise, je volais des bijoux de luxe.

- Ah oui c'est pas exactement pareil.

- Ouais. Tu sais, j'ai connu un gars comme toi... j'ai vécu un peu la même histoire que tu as fait subir à ton ex...

- Je mérite ma place ici.

- Au moins tu t'es rendu compte de ton erreur. C'est déjà un début.

- Son visage me hante toutes les nuits, tu ne peux même pas savoir.

Et si c'était pareil pour Jordan ? Ça se trouve, il était venu pour s'excuser. Mouais, j'y crois pas trop.

- Si, je vis la même chose que toi.

Il hoche la tête et nous observons le ciel sans parler. Quand l'air commence à se rafraîchir, je décide de rentrer. Je salue Lorenzo et rejoins la chambre. Il doit être dix-neuf heures, et le fait d'avoir passé une journée entière avec des animaux m'a rendu sale. Je vais prendre une douche express avant le repas.

- Je prends la salle de bain ! je lance en m'y précipitant, sans laisser le temps à Éden de répondre.

Malheureusement, j'ai le malheur de verrouiller la porte et... Éden s'en rend compte. Il commence à tambouriner à la porte, mais moi je suis sous la douche, je vais pas lui ouvrir quand même !

- Putain ouvre !

- Je suis sous la douche ! Après je l'ouvre !

- M'en fou bouge ton cul bordel !!

Il hurle. J'essaye de rester calme mais il me fait peur. Je ne l'ai jamais senti autant énervé.

- Arrête de gueuler ! je tente.

Il frappe plus fort. Je sors de la douche et enroule une serviette autour de mon corps. Je n'ouvrirais pas la porte tant qu'il sera dans cet état.

- Calme-toi et j'ouvre, je dis le plus calment possible.

- Non putain OUVRE !

Soudain il donne un coup de pied dans la porte et elle cède. Un énorme trou apparaît à l'endroit que son pied vient de toucher. Il met un coup de poing et cette fois-ci le trou est assez grand pour qu'il entre. Je me colle au fond de la salle de bain. Il s'approche de moi.

- Tu comprends pas quand je te parle espèce de salope ? Quand je te dis que tu laisses cette putain de porte ouverte ça veut dire que tu la laisses ouverte !

- Hé oh tu te calme espèce d'abruti c'est pas de ma faute si t'es un psychopathe des portes d'accord ?!

Je sors de la pièce en le bousculant au passage. Il enroule une main autour de mon poignet et me ramène devant lui.

- Tu ne verrouilles plus jamais cette porte, dit-il.

- De toute façon ça va être difficile maintenant que tu l'as explosé.

Je me dégage de sa prise et vais m'habiller dans la chambre, à l'abris de ses regards indiscrets puis sors en direction du réfectoire. Je suis en avance et j'ai les cheveux trempés mais je m'en fou. Je n'ai pas envi d'être dans la même pièce que lui. Il est fou. C'est sans doute à cause de ça qu'il est ici. Ouais, sûrement. C'est dans un hôpital psychiatrique qu'il devrait être enfermé. Avec les fous.